Bien que les récentes déclarations sur la fin des ventes de véhicules thermiques neufs en Europe pour 2035 ne concernent pas les deux-roues motorisés, et bien que la commission européenne « fera une proposition visant à immatriculer après 2035 les véhicules fonctionnant exclusivement avec des carburants neutres en CO2 conformément au droit de l’UE », le couperet pourrait tomber tôt ou tard. Le marché de la moto peut-il s’adapter à un tel changement à une date butoir si proche ? La FEMA résume les problématiques techniques, infrastructurelles et tarifaires.


Des motos électriques chères, peu nombreuses sur le marché, avec une autonomie toujours limitée

Hormis les motos et scooters de petites cylindrées (parfois victimes d’une qualité de fabrication aléatoire), les motos électriques sont rares sur le marché du deux-roues. L’EICMA 2021 nous a aussi montré que les constructeurs ne sont pas encore enclins à développer un tel segment. La FEMA souligne que les LiveWire, Zero et Energica Experia existent. Mais ces motos sont onéreuses avec un ratio tarif/prestation qui ne répond pas ou peu aux besoins de la majorité des motards. L’autonomie proposée (entre 150 et 200 km, au mieux) rivalise difficilement avec celle des thermiques, surtout lorsque faire le plein dure plus d’une heure.


Des difficultés techniques

Techniquement, la plupart des constructeurs ne sont pas encore prêts. Kawasaki tarde toujours à dévoiler ses motos électriques et hybrides, Triumph n’en est à qu’à son premier prototype, et Ducati oriente son développement électrique uniquement pour la compétition. Selon la FEMA, de telles motos - équivalentes aux moyennes ou grosses cylindrées - sont chères à développer et produire pour le grand public, bien plus que les thermiques car conçues à petite échelle pour un marché de niche. Une batterie nécessite de l’espace et du poids, plus difficile à trouver sur une moto que sur une voiture. Bref, on est encore loin d’une production de motos électriques "moyen et gros cube" de grande envergure accessibles à toutes les bourses...


Des infrastructures insuffisantes

Le réseau de stations de charge peine déjà à satisfaire l’automobile, alors quid des deux-roues ? La FEMA explique que la plupart des infrastructures sont inadaptées aux motos et scooters. Celui qui ne dispose pas de quoi charger chez lui ou sur son lieu de travail devra faire face à des emplacements encombrés ou inadéquats. Quant aux réseaux électriques, ils pourraient devenir inadaptés pour satisfaire une demande grandissante.


Des matériaux rares pour la production de batteries

Fabriquer et acquérir des batteries a un coût et un impact, que ce soit pour les entreprises, les consommateurs et l’environnement. La FEMA alerte sur le tarif grandissant des matières premières : face à la demande croissante, celui-ci explose avec des répercussions logiques sur les prix des véhicules.


L’effet "Havana"

La FEMA soutient que les motos ont une durée de vie plus longue que les voitures. Cela s’explique par un kilométrage annuel plus faible. De fait, à l’interdiction des deux-roues thermiques neufs, les motards seront tentés de prolonger leur utilisation sans vouloir les troquer contre une électrique. Il s’agit de l’effet "Havana" avec un parc de véhicules thermiques usagés qui resterait longtemps majoritaire en Europe.

Pour conclure, l’équation est loin d’être évidente. On espère que des alternatives (le carburant synthétique ? l’hybride ?) permettront à la moto thermique neuve de perdurer dans les années à venir.

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