L’on croyait avoir tout vu, tout entendu en matière “d’anti-moto”, mais là, un cap est franchi. Et cette fois, il ne s’agit pas d’une idée de la mairie de Paris (qui vient d’entériner, après une votation des Parisiens très peu suivie, le triplement du prix du stationnement pour les SUV de plus de 1,6 tonne), mais de l’opposition municipale.
Un projet d’expérimentation (pendant un an) de l’interdiction de la circulation des deux-roues thermiques, à Paris, entre 22 heures et 7 heures du matin, a en effet été très sérieusement envisagé. En parallèle, était également souhaitée la généralisation des radars sonores dans les rues de la capitale.
Ce projet — qui est en fait un “vœu” (terme officiel) d’un conseiller de Paris appartenant au groupe Indépendants et Progressistes — a été débattu au Conseil de Paris lors d’une session qui a débuté le 6 février. Il a finalement été rejeté. Heureusement !
Le bruit dans le collimateur
Dans le collimateur de Pierre-Yves Bournazel, ledit conseiller : le bruit. « Le bruit est un fléau majeur, a-t-il déclaré à nos confrères de BFM Paris. Plus de 80 % des Parisiennes et des Parisiens se plaignent du bruit chaque jour, Et c’est vrai qu’un scooter thermique peut réveiller à lui seul la nuit plusieurs milliers de Parisiens ».
Et l’élu de poursuivre : « Nous ne voulons pas les mettre de côté ou les montrer du doigt (sic !). Celles et ceux qui utilisent les 2-roues motorisés thermiques, on leur dit : on va vous aider financièrement à acheter un 2-roues électrique ou un vélo (re-sic !) ou un vélo-cargo (re-re-sic !) ».
Lors des débats au Conseil de Paris, la représentante de la préfecture de police a expliqué qu’il « ne lui appartient pas de se prononcer sur cette expérimentation. Par ailleurs, la PP souhaite attirer l’attention sur un point : certains deux-roues respectent les normes en matière d’émissions sonores et font souvent moins de bruit que certains véhicules légers. S’agissant du déploiement des radars sonores dans Paris, ces équipements sont en phase d’expérimentation mais n’ont pas encore été homologués par le laboratoire nationale d’essai. Leur déploiement sur le terrain n’est pour l’instant pas d’actualité ». Dont acte.
Tout le monde dans le même sac ? Trop facile !
Même si ce (délirant) projet d’expérimentation d’interdiction a été rejeté, une réflexion s’impose. Le bruit excessif n’est le fait que d’une minorité d’utilisateurs — et il s’agit d’un véritable fléau, à combattre, comme l’explique depuis longtemps la Fédération française des motards en colère. Mais pourquoi vouloir interdire l’ensemble des motos et scooters thermiques, dont l’immense majorité sont conformes aux normes officielles ? Si l’on veut lutter contre le bruit excessif, il suffit de faire respecter la loi, ni plus ni moins !
Quant à proposer des aides pour l’achat d’un vélo ou d’un vélo-cargos pour remplacer une moto, soyons sérieux…
En tout cas, le projet n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Notamment celle du collectif Ras le Scoot, aux positions anti-moto affirmées. Interrogé le 6 février par BMFTV, Franck-Olivier Torro, son porte-parole, a déclaré : « Nous attendons simplement que les 2-roues motorisés thermiques soient complètement interdits à la circulation. […] Pourquoi ne les interdire que la nuit ? […] Nous, on préférerait l’interdiction des 2-roues thermiques nuit et jour […] ».
Des internautes ont aussitôt rappelé que Franck-Olivier Torro est également le responsable pour l’Ouest de la France des ventes chez un fabricant allemand de vélos électriques…