Avec le recul, cela devient une évidence : la stratégie indienne de Harley-Davidson peut difficilement être qualifiée de succès. Le géant américain comptait sur ses Street 500 et Street 750 pour percer sur dans ce pays au potentiel motocycliste évident : en effet, l’Inde est tout simplement le premier marché mondial de la moto : en 2020, il s’en sera écoulé un peu plus de 15 millions d’exemplaires, un chiffre en forte baisse par rapport aux 21,2 millions de 2019, et qui s’explique par la pandémie mondiale.
Il n’empêche : si le marché est constitué principalement par des petites machines, d’une cylindrée inférieure à 200 cm3, la perspective d’y prendre une petite part du gâteau est alléchante pour tous les constructeurs mondiaux.
Where the streets have no name
Or, en développant une machine spécifiquement pour l’Inde - et en tentant ensuite de la refourguer aussi ailleurs -, Harley-Davidson s’est un peu pris les pieds dans la béquille latérale avec la Street qui a eu du mal à séduire partout où elle s’est présentée. La marque américaine n’aurait d’ailleurs vendu que 25000 machines en une dizaine d’années de présence en Inde, et aurait d’ailleurs décidé de recentrer ses activités en se retirant officiellement du marché (comme près d’une quarantaine d’autres, dont le Maroc).
Si la présence directe ne figure plus à l’ordre du jour, Harley ne rechigne cependant pas aux partenariats, afin de mutualiser les coûts et notamment de profiter d’un réseau mieux implanté en local. Ainsi, en Chine, la firme de Milwaukee est associée au géant Qianjiang (propriétaire de Benelli et de Keeway) pour développer une petite 338 cm3 à moteur bicylindre en ligne).
Un deal héroïque...
En Inde, l’accord avec Hero MotoCorp laisse présager à la fois de belles économies d’échelle et d’un vrai potentiel de développement. En effet, Hero MotoCorp est le leader (avec selon les années, entre 30 et 40 % de parts de marché - elle est à 37 % sur les dernières données 2020) sur le créneau des moins de 150 cm3. Pour l’instant, leur plus grosse machine au catalogue est une 200 cm3 (allez jeter un coup d’oeil aux modèles Glamour ou Super Splendor, ça envoie du gros rêve !). De fait, cela laisse de la place pour un complément de gamme au blason premium, étant entendu que localement, une 350 fait figure de "grosse" moto pour la plupart des bikers.
Quant à Harley-Davidson, ils disposeront alors d’un réseau de distribution sans égale, Hero comptant sur plus de 6000 points de vente en Inde. Autre cerise sur le gâteau : Hero MotoCorp doit aussi changer de modèle, puisque l’Inde à imposé qu’en 2025, toutes les motos "équivalent 150" doivent abandonner le moteur thermique pour passer à l’électrique. Hero a donc développé des partenariats pour faire face à cette transition énergétique imposée, notamment avec la firme Ather Energy : voilà qui, en retour, pourrait bénéficier aussi à Harley-Davidson, dont on connait les envies de diversification dans le domaine électrique.
Harley-Davidson & Hero : un mariage pour le meilleur ?