L’idée initiale venait de Manuel Vals. C’était en 2005 et ça découlait du Comité interministériel de sécurité routière dont la 2e mesure entendait "augmenter dans les meilleurs délais, l’utilisation des radars embarqués dans des véhicules banalisés, en confiant leur mise en oeuvre à des prestataires agréés, sous étroit contrôle de l’Etat". L’idée maitresse était d’augmenter le temps de présence des voitures radars sur nos routes et de décharger les forces de l’ordre de la tâche ingrate de leur conduite pour la confier à des salariés du secteur privé.

Faible rentabilité
La mise en oeuvre aura finalement pris plus de temps que prévu et les premières voitures radars privatisées n’arrivaient qu’en avril 2018 en Normandie alors qu’elles étaient présentées à la presse en mars 2017 (voir notre reportage vidéo). Pour Emmanuel Barbe, délégué interministériel à la sécurité routière, ce retard à l’allumage s’explique car il fallait "vérifier le bon fonctionnement du système de lecture automatique des panneaux de limitation de vitesse et de la cartographie du réseau, pour s’assurer que toute personne verbalisée a bien eu connaissance d’une limitation de vitesse décidée par le gestionnaire de réseau". Entre octobre 2018 et mars 2019, elles n’auraient relevées que 1760 infractions, soit une dizaine de flashs par jour. Si l’on considère que la majorité des infractions constatées se sont soldées par une amende à 135 € (excès de vitesse >20km/h), on arrive à un résultat net de 237 600 €, soit 39 600 €/mois.
Pas de quoi claironner quand on sait que le marché public prévoit, selon le site radars-auto.com, de rémunérer le prestataire 120 000 € par voiture et par an, soit 600 000 € annuel pour surveiller le seul département de la Manche si l’on considère que 5 voitures y tournaient sur les 26 dédiées au contrôle de toute la Normandie. Sans compter les 100 000 € d’équipement par véhicule. Joli manque à gagner.

Désormais en Bretagne, en Centre Val de Loire et dans les Pays de la Loire
Pour Emmanuel Barbe, pas question de remettre en cause la pertinence de ce système malgré ce faible rendement. L’homme au contraire se réjouit de la capacité du dispositif à lutter contre les grands excès de vitesse : "En Normandie la part des infractions de plus de 20 km/h relevée par ces véhicules banalisés est 30 % supérieure à celle des radars fixes signalés par un panneaux". Quelle surprise !
Fort convaincu du bien fondé du dispositif, le délégué interministériel n’entend pas changer son fusil d’épaule. Par un communiqué du 10 mai, la Sécurité routière a annoncé que les voitures radars privatisées seront déployées en Bretagne (18 véhicules), Pays de la Loire (19 véhicules) et Val de Loire (20 véhicules). L’appel d’offre est déjà lancé, depuis le 14 mai, sur le site dédié, BOAMP et nous apprend que les entreprises ont jusqu’au 28 juin 2019 pour candidater.
Un seul conseil, redoublez de vigilance.

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