Dans un contexte de tensions grandissantes entre motards et riverains aux abords de la fameuse route des 17 tournants dans les Yvelines, le débat sur le bruit des véhicules, et tout particulièrement des 2-roues, n’a pas fini de déchaîner les passions. Et ce n’est pas l’installation à Dampierre-en-Yvelines (78) de la première « Méduse » qui apaisera les tensions. Forte de ses 4 micros disposés en étoile au sommet d’un mât - auxquels elle doit son nom -, la « Méduse » enregistre, 10 fois par seconde, les bruits environnants et peut tout à fait en déterminer la provenance. Si la vidéoverbalisation n’est pas pour l’heure à l’ordre du jour, faute de lecteur automatique de plaque d’immatriculation, la perspective d’automatiser cette tâche n’est évidemment pas à exclure. La société Pafirex qui fournit déjà le ministère de l’Intérieur en cabines Vigie-01, premier radar discriminant de France, est déjà sur le coup.

Enregistrement automatique des nuisances sonores
Si le test, débuté le 15 juillet 2019, doit durer trente jours, l’installation perdurera au moins dix-huit mois dans les Yvelines. Deux autres « Méduses » devraient également être installées, la première à Paris, la seconde à Villeneuve-le-Roi (Val-de-Marne). Les autorités espèrent ainsi apporter une réponse aux plaintes grandissantes des riverains qui ne supportent plus de voir leur quiétude dominicale troublée. Certains se verraient contraints de quitter la vallée a indiqué le maire de Saint-Forget (78), Jean-Luc Jannin, à nos confrères du Parisien .

Un système controversé
Fidèle à ses valeurs, la FFMC (Fédération française des motards en colère) préconise des actions de prévention et d’information au détriment de la sempiternelle politique de répression. L’antenne des Yvelines, aux avant-postes sur cette question, n’a pas attendu que les « Méduses » envahissent les cieux du département pour se saisir du problème. L’opération « Calmos vallée de Chevreuse », menée en collaboration avec les élus locaux, les secours et les forces de l’ordre, allait déjà l’année dernière dans le sens d’une responsabilisation des motards et scootéristes. Luc Lepelletier, coordinateur de la FFMC 78, rappelle que « chacun est individuellement responsable de ses actes quant au respect ou non du niveau de bruit à l’échappement ».

Une solution inadéquate reflétant un manque de gestion tangible
Luc Lepelletier va ainsi dans le sens de la Fema (Federation of European Motorcyclists associations). Selon l’enquête menée l’automne dernier sur le bruit des 2-roues, 60 % des motard(e)s intérrogé(e)s considèrent que le respect des règles existantes reste le meilleur moyen de lutte contre les nuisances sonores, quitte à davantage sanctionner les contrevenants.

Le débat autour de la pollution sonore remet sur la table la question de l’homologation des pots d’échappement ; pour Wim Taal, chargé de la communication à la Fema, ces nuisances sont dues à l’utilisation, par une minorité, de systèmes d’échappement non homologués ou privés de leurs chicanes. L’homme redoute un durcissement des normes en vigueur qui, selon lui, ne permettrait pas de régler les problèmes de comportement de cette minorité, mais serait un véritable casse-tête pour les constructeurs, déjà contraints par des normes très strictes. L’homme en a profité pour tordre le cou à un slogan répandu dans le monde moto. « Plutôt que de croire que les échappements bruyants sauvent des vies (« loud pipes save lives »), on devrait plutôt se demander si ce n’est pas au contraire le bruit qui tue la moto quand on voit se multiplier des interdictions de circuler sur certaines routes, notamment en Allemagne et aux Pays-Bas ». Voilà qui mérite en effet réflexion.

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