En greffant un énorme bicylindre longue course dérivé d’un custom sous un minimaliste châssis de roadster, Yamaha ne s’est pas contenté de créer une spectaculaire sculpture mécanique. La MT-01 est d’abord une fantastique usine à sensations (ah, ce son !) qui fait monter le taux d’adrénaline en flèche. Mais si ce gros calibre regorge de canassons, il s’agit plutôt de percherons que de purs-sangs. Et mieux vaut les utiliser à bon escient que de tenter de les brusquer. Car l’engin n’a rien d’une sportive et son embonpoint génère une certaine inertie. Pour adeptes de « cruising » qui aiment quand ça pousse au c…
A surveiller :
S’assurer tout d’abord que l’engin convoité est maintenu en configuration d’origine. Entre les kits distribués par le constructeur (trois « stages », de 96 à 110 ch, non homologués) et les multiples pièces adaptables censées vitaminer le gros bicylindre, il y a de quoi pulvériser des records de consommation et/ou laisser le vilebrequin par terre… Des dysfonctionnements moteur (à-coups, ralenti instable, calages…) sont engendrés par un TPS (Throttle Position Sensor) défaillant. S’assurer que ce capteur d’ouverture des gaz a été remplacé. Le rappel en SAV a été effectué fin 2006. Une autre campagne de rappel concerne le remplacement d’une biellette de suspension qui peut se fragiliser sous l’effet de la corrosion (concerne les modèles 2005 à 2007).
La pompe à essence peut aussi rendre l’âme prématurément (démarrage aléatoire) et fait l’objet de prises en charge au cas par cas. La lubrification par carter sec impose un contrôle et un appoint éventuel d’huile moteur chaud (risque de surpression). Traquez les fuites d’huile possibles aux plans de joints. Lors de l’essai routier, s’assurer que l’embrayage ne patine pas à la remise des gaz, notamment sur le dernier rapport. Celui-ci peut présenter des signes de fatigue dès 30 000 km.
Très médiocre et peu endurant, le combiné amortisseur arrière doit généralement être remplacé au-delà de 30 000 km mais nombre de propriétaires l’ont changé avant cette échéance par un adaptable de qualité. Une modification à privilégier le cas échéant. Les vibrations engendrent leur lot de désagréments sous forme de visserie clairsemée, de pièces d’habillage ou de pattes de fixations fendues, de cosses de batteries desserrées, de miroirs de rétroviseurs dessertis… Un tour d’horizon méticuleux s’impose. Nombre de machines ont été affectées par des roulements de direction peu endurants (moins de 10 000 km). S’assurer de l’absence de grondements et de point dur.
Points faibles :
Avec près de 270 kg sur la balance, l’engin n’est pas vraiment à son avantage lors des manœuvres à basse vitesse. La hauteur de selle (825 mm) pénalise les conducteurs de moins d’un mètre soixante-dix. D’aucun regrettent d’ailleurs l’étroitesse de celle-ci, obligeant à serrer inconfortablement la moto avec les cuisses contre le cadre. Un élément qui rend encore plus pénible la rudesse de l’amortisseur sur les petits cahots. Si la tenue de route s’avère globalement saine, l’engin ne supporte pas d’être brusqué et le manifeste par moult réactions parasites dès que le rythme s’accélère et/ou que le revêtement se dégrade (coup de raquette, pompages, louvoiements…).
Le frein arrière déclenche un véritable tollé, jugé comme un simple ralentisseur difficile à doser et sujet aux blocages. Beaucoup de propriétaires soulignent que les vibrations causent quelques tracas (voir Pts faibles) et rendent les rétroviseurs totalement illisibles. La piètre qualité de l’éclairage, dont le faisceau est trop étroit et peu puissant, fait pester les noctambules. Inutile d’épiloguer sur la question du duo car en l’absence de poignée, juché sur un strapontin minuscule avec les repose-pieds exagérément hauts, seul le (la) passager(e) de gabarit « jockey » résiste plus de 50 km…
Points forts :
Les bras étirés à chaque coup de gaz, le vrombissement de bombardier, la gueule « pas tibulaire mais presque » : la MT-01 respire le brutal jusqu’au dernier boulon. Cette forte personnalité fait chavirer les cœurs au premier tour de roue. La position de conduite, atypique avec un guidon haut placé, convient au plus grand nombre et la vivacité du châssis fait presque oublier l’embonpoint. Le moteur arrache le bitume dès 1 500 tr/min et sa plage de régime idéale s’étend jusqu’à 4 500 tr/min (zone rouge à 5 500 tours), ce qui permet aisément d’enrouler sur le dernier rapport. Ce caractère en acier trempé est un régal sur le sinueux où cet « énorme élastique tendu dans le moteur » fait merveille, comme le dépeint un amateur conquis. Bien entendu, cette cavalerie est à libérer avec circonspection sur chaussée humide…
Le freinage recueille tous les suffrages (sauf arrière, voir Pts faibles), tant en termes de puissance que d’endurance. Enfin l’instrumentation, bien que minimaliste, fait l’unanimité côté visibilité et design.
Au baromètre de l’occasion :
Bien que peu diffusée, l’atypique Yamaha ne déchaîne pas les foules, que cela soit dans les échoppes spécialisées ou dans les petites annonces. En conséquence, la décote est sensible et les transactions s’opèrent généralement 10 à 15 % sous le tarif de référence. Seuls les modèles équipés (bagagerie de réservoir, selle confort…) et peu kilométrés (12 000 km maxi) s’échangent au niveau du marché.
Délai de revente : jusqu’à 3 mois
Premier prix en occasion : 5 800 €
Exemplaires immatriculés : 2 820
A dévorer :
- Le numéro de Motomag spécialement consacré à Yamaha, agitateur de concept