Le TMax divise, et c’est peu de le dire. Véritable carton sur nos routes – en témoignent les chiffres de vente – il est souvent blâmé par la communauté motarde. Une mauvaise réputation entretenue par certains de ses pilotes, s’imaginant rejouer des scènes de Mad Max 2 : Road Warrior à son guidon…
Le TMax, c’est aussi un festival de graves sonorités de tondeuses à rendre jaloux Hans Zimmer. Et lorsqu’ils sont amplifiés par des pots Akrapowish, le chaos sonore généré rend son acceptation difficile au quotidien. Dans ces conditions, il est ardu de ne pas rejoindre ses détracteurs…
Si les critiques à son égard sont légions, d’autres retours vont à contre-courant : les possesseurs en sont satisfaits, tandis que bon nombre de personnes passent le permis A2 uniquement pour rouler sur cette machine. Thierry, le gérant de Moto Magazine, m’explique que c’est un excellent deux-roues pour « commuter » de ville en ville et qu’il en garde un bon souvenir. Un témoignage on ne peut plus surprenant de la part d’un motard pur et dur !
De fait, la machine attire ma curiosité, bien qu’elle soit aux antipodes de mon goût pour la moto. N’ayant jamais roulé de maxi-scooter, c’est aussi l’occasion pour moi de découvrir un véhicule phare chez les permis A2.
Yamaha TMax Tech Max 560 A2 2021 : le confort au détriment des sensations
Lorsqu’on est habitué à « chevaucher » une moto, « s’asseoir » sur un TMax est une transition radicale. À l’arrêt, je suis sur la pointe des pieds. Du haut de mes 1m77, c’est une première ! La selle est basse (785mm) mais sa largeur écarte mes jambes de part et d’autre de l’assise. Aussi, les 220 kg du TMax sont perceptibles à chaque mouvement, déstabilisant ma prise en main du bestiau. En revanche, je suis confortablement installé, dos droit, et mes mains s’adaptent à la souplesse des commandes.
- Les commodos sont accessibles et qualitatifs. Le levier de frein à main sur la droite est fort utile pour stationner le scooter
Les finitions sont exemplaires et j’apprécie le menu intuitif du petit écran TFT situé entre les deux compteurs à aiguilles. En parcourant le tableau de bord, je découvre que le TMax Tech Max est full équipé : bulle réglable, poignées chauffantes, siège chauffant, régulateur de vitesse… Serais-je sur une machine de luxe ? En sus, deux modes de conduite s’offrent à moi : « Sport » et « Touring ». Au regard du look et de la fiche technique, le terme « Sport » me fait sourire… Mais soyons fous, je l’active avant de partir.
Au premier coup de gaz, le scooter file en douceur sur le bitume. La poignée offre un large panel de contrôle du couple. Feutré, le son de l’échappement Euro 5 m’éloigne du cauchemar des pots adaptables proliférant sur ces machines. Au fil des intersections, je suis stupéfait par sa grande stabilité, bien aidée par un freinage d’exception aux deux mains, à l’arrière comme à l’avant. Le grand empattement me donne la sensation de voguer au ras du sol à bord d’un jet-ski anti-gravité.
En m’engageant dans un rond-point, je déchante. Habitué à faire corps avec le réservoir d’une moto, je peine à pencher les 220 kgs du scooter. Face aux véhicules déboitant sans prévenir, j’appuie de tout mon poids pour incliner promptement la machine. Plus tard, je change de méthode et braque le scooter d’un coup de guidon… et c’est déjà beaucoup mieux ! Désarçonné par ce type de conduite, j’imagine qu’elle s’apprécie avec l’habitude.
Sur voies rapides, le TMax se révèle. Les 55 Nm de couple servent parfaitement les 47,5 ch du bicylindre à variateur. L’allonge délivrée offre des accélérations progressives, constantes, naturellement dosables. Suffisamment coupleux, le moteur n’a aucun mal à me propulser à la vitesse voulue.
Concentré sur le trafic, je regrette le placement et la petitesse des rétroviseurs : trop avancés, ils me donnent du fil à retordre pour prendre les informations. La protection du TMax aidant, je privilégie parfois l’observation directe en inclinant la tête.
En dépit de l’absence de sensations (je ne cesse de me dire que je ne suis pas sur une moto !), le caractère « GT » de la machine excelle en tout point. La bulle électrique relevée fait office de bouton « mute » sur les perturbations venteuses. De fait, la protection offerte par le TMax est fabuleuse : à 130 km/h, pas de rafales, pas de secousses, pas de vibrations. J’ai la sensation de piloter un aéroglisseur inébranlable. L’assise ne transmet aucun choc, et je me sens comme sur une chaise-longue à étendre mes jambes sur les grips métalliques. Le dossier massant est-il au catalogue Yamaha ?
Mais ces agréments ont leurs revers : sans crier gare, les sensations lisses du TMax m’emmènent régulièrement au-delà des limites légales. Stress aidant, chaque reprise vigoureuse focalise mon attention sur le compteur… Un dommage collatéral du mode « Sport », conjugué aux commodités du scooter ? À l’instar de certaines automobiles modernes, le TMax 560 me fait perdre la notion de la vitesse. Néanmoins, le mode « Touring » limite grandement cet effet à double tranchant... Ouf !
Les choses se gâtent sur les autoroutes embouteillées. Si le TMax assure en interfiles grâce à sa souplesse moteur et son freinage sécurisant, changer de voie au pas s’avère délicat. Son poids, son gabarit et sa large selle restreignent mes mouvements. Je n’ai pas autant de marge de manœuvre qu’à moto, et ne peux virevolter et poser mes pieds à plat si la situation l’exige...
Yamaha TMax Tech Max 560 A2 2021 : le Grand Tourisme en duo
- La selle, chauffante qui plus est, est d’un grand confort. Notez aussi les longues poignées étudiées pour le passager
Le constat est sans équivoque après une centaine de kilomètres sur le réseau secondaire : s’il offre peu de sensations, le TMax 560 se rattrape par ses qualités de Cruiser GT. La souplesse et la polyvalence du moteur s’adaptent à n’importe quelle allure et la performance du freinage sécurise toutes les situations. Traverser les villages au gré des routes en régulant sa vitesse n’a jamais été aussi facile. Sa grande stabilité sécurise mes trajectoires et contrebalance le manque d’agilité perçu dans les virages.
En duo, le TMax est exemplaire. Grâce à sa bulle et ses carénages étudiés, moi et ma passagère sommes efficacement protégés. Les balades à deux prennent alors tout leur sens : aligner les parcours en voguant d’une visite l’autre n’épuise jamais. Ma coéquipière, confortablement installée, profite des larges poignées. De mon coté, je n’ai pas d’effet « sac de sable » et pilote le scooter comme en solo. Cette expérience, combinée à une consommation raisonnable (entre 5 et 6L aux 100 en mixte), révèle une machine suffisamment confortable et polyvalente pour s’imaginer voyager avec (oui !).
En considérant les équipements conforts évoqués, le TMax 560 collectionne les options utiles. Sous la selle, le coffre éclairé permet d’y loger un casque intégral ou deux jet. Pour ma part, ranger mon antivol volumineux dans cet espace sans me coltiner un support dédié est une délivrance. Notez aussi le vide-poche sur la partie droite du tableau de bord, idéal pour empiler ses tickets de péages, sa monnaie, ou tout autre effet.
Yamaha TMax Tech Max 560 A2 2021 : pas toujours simple en ville
Comme sur voies rapides, la polyvalence moteur couplée à l’efficacité du freinage permet de surmonter chaque situation périlleuse. Les suspensions encaissent les ralentisseurs, les chaussées esquintées, tout en préservant stabilité et confort. Lors des ralentissements, le poids du scooter est suffisamment équilibré et m’évite de mettre un pied au sol. À l’arrêt, l’indispensable frein à main au guidon immobilise le scooter en cas de besoin.
Néanmoins, je déplore toujours ces rétroviseurs trop petits. C’est d’autant plus frappant en ville, où j’apprécie moins bien les distances. La problématique empire de nuit, quand je comble à nouveau le manque de visibilité en prenant directement l’information du regard.
Aussi, lorsque le trafic s’englue en heure de pointe, j’expérimente les mêmes déboires que sur voies rapide. À allure très lente, sur la pointe des pieds par intermittence, la large selle rend le TMax pataud à manœuvrer. Se faufiler avec un maxi-scooter exige une dextérité qu’il m’est difficile à cerner en quelques jours. Selon la configuration et l’intensité du trafic environnant, le frustration gagne régulièrement le jeune motard que je suis. Lourd, large et long, le TMax 560 ne me parait pas toujours adapté aux cycles urbains. Dans ces moments là, je regrette l’insuffisante longueur de mes jambes !
Yamaha TMax Tech Max 560 A2 2021 : le verdict
En prenant en main ce TMax, je m’attendais à une machine essentiellement urbaine. Au final, je me suis retrouvé au guidon d’un cruiser GT polyvalent et luxueux en termes d’équipements. Efficace sur toutes les routes, merveilleux en duo et doté d’un confort d’exception, ce maxi-scooter est une "machine à tout faire" qui mérite son succès.
Le TMax est en revanche loin d’être ce que j’apprécie dans la pratique du deux-roues : le manque de sensation et la pénibilité de conduite lors des forts afflux urbains ont eu raison de moi. Une question d’habitude, très certainement... surtout lorsque j’observe ses usagers le piloter au doigt et à l’œil !
Yamaha TMax Tech Max 560 A2 2021 : l’avis de Philippe Guillaume
L’avis du vieux, c’est de dire que le Tmax fut une révolution : avant lui, il y avait peu de "gros" scooters et à l’époque, avec un Burgman 400, son châssis en saucisse et son frein avant mou (mais suffisant pour se vautrer tellement le truc était mal équilibré), on se faisait vite peur. Je me souviens avoir essayé le premier Tmax et avoir fait frotter le bas de carénage en virage tellement on pouvait entrer vite en courbe sans se faire peur.
L’engin était, évidemment, redoutablement efficace au quotidien, pratique, puissant, sécurisant. Puis les problèmes sont arrivés : victime de son succès, image délicate, vols... L’autre source d’étonnement est de voir qu’aucun autre constructeur n’a réussi à faire aussi bien. Certains ont essayé (BMW, Kymco, SYM), mais personne n’a fait mieux. Du coup, Honda a fait différent avec le X-ADV, sans réussir à le déloger de la tête de la catégorie...
Le Tmax est un phénomène. Je l’adore, mais je n’en voudrais pas, merci.