Malgré la hauteur de selle de 845 mm, les pilotes de moins de 1,70 m peuvent avoir les deux pieds par terre. Cette selle est taillée de telle façon que le pilote y trouve sa place tout de suite. Positionné vers l’avant de la moto, il a accès au large guidon et à toute l’instrumentation.
Les 250 kg se font totalement oublier, dès les premiers tours de roues, tant la Varadero s’avère facile et bien équilibrée. Son grand guidon et son bon rayon de braquage lui permettent de se fondre aisément dans le trafic urbain. Civilisé, le gros V-twin, dérivé de la 1000 VTR, accepte de repartir sur un filet de gaz dès 2000 tours sans le moindre à-coup. Plus linéaire que celui de la sportive, les sensations propres aux gros twins sont un peu moins marquées.
Sur les petites routes du Béarn et du Gers, propices à la balade, la Varadero enchaîne avec souplesse courbes et virages. Bien que la boîte 5 rapports soit douce à manipuler, le besoin de l’utiliser ne se fait pas sentir. Le moteur, coupleux à souhait entre 3000 et 6000 tr/mn permet d’enrouler vigoureusement sans aller chatouiller les hauts régimes. Attention toutefois sous la pluie, ce gros couple (10,1 m.kg) met souvent les Michelin de 110/80 et 150/70 à rude épreuve et il n’est pas rare de sentir l’arrière glisser à la remise des gaz.
A rythme soutenu, la Honda s’exprime pleinement. En tournant un peu plus la poignée droite, l’aiguille du compte-tours bondit en zone rouge, située à 8800 tours. Mais il est inutile de tirer fort, la puissance maxi de 95 chevaux étant délivrée à 8000 tours. Heureusement entre deux épingles son pilote peut compter sur son freinage et le système "Dual CBS" qui retarde les blocages et maintient l’assiette de la moto. Sur parcours sinueux, la Varadero est très rassurante. Vive, facile à inscrire en entrée de virage, elle garde la trajectoire initialement fixée par son pilote.
Le duo est envisageable. Très haute, la selle a une ergonomie étudiée spécifiquement pour le confort de son invité. Hélas, les mousses ne sont pas à la hauteur. Le mal au fesses - conducteur et passager - conjugué à quelques vibrations retransmises par les repose-pieds, invitent à une pause nécessaire après 150 Km de route.
Un défaut d’autant plus dommageable que l’autonomie va de 250 à 350 km. La fourchette de consommation est comprise entre 7 et 10 l/100 km. Point fort : la protection de la place arrière a été bien étudiée.
Aucune perturbation ni remous ne se font sentir, même à très haute vitesse. Le pilote, quant à lui est un peu plus exposé au niveau des épaules, la bulle manquant sensiblement de largeur.
Par temps de pluie, les pieds sont exposés aux intempéries, malgré la présence de deux déflecteurs sur le sabot moteur.
En solo, la tenue de cap, même avec un vent latéral prononcé, est exemplaire. En duo sur autoroute, un léger dandinement apparaît mais seulement à très haute vitesse.
Ce phénomène, sans danger mais désagréable, persiste malgré les différents réglages de la suspension. Il faut quand même relativiser ce défaut qui n’empêche pas de croiser à des vitesses complètement prohibées.
Cette machine atypique touche la cible des gros rouleurs qui seront bluffés par ses qualité routières (hormis la selle dure).
Son côté joueur attirera également la clientèle des gros trails qui ont abandonné l’idée de faire du chemin.