En décrétant l’extension du permis A2 (décret n° 2016-723 publié au Journal officiel du 2/06/2016) à tous les âges, limitant de facto l’accès pour les novices à des motos de moins de 47,5 chevaux pendant deux ans, « le gouvernement confirme sa politique anti-moto », dénonce la Fédération française des motards en colère (FFMC) par un communiqué publié le 3 juin.
Boucs émissaires
La FFMC regrette « cette surenchère sécuritaire qui décrédibilise encore davantage les instances de concertation mises en place par ce même gouvernement. La seule preuve de constance du Premier ministre et de ses services, c’est de toujours se servir des motocyclistes comme leurs éternels boucs émissaires de la sécurité routière ».
Nouveau bridage
Annoncé depuis octobre 2015, le permis A2 devient donc la règle pour tous les conducteurs reçus à l’examen du permis de conduire moto de +125 cm3. Concrètement, cela signifie que tout nouveau motocycliste devra attendre deux ans pour accéder à des véhicules sans limitation de puissance.
Durant 24 mois, il sera contraint, s’il acquiert une moto, à un véhicule limité à la puissance maximale de 35 kw (47,5 ch). Jusqu’à présent, seuls les novices âgés de 18 à 24 ans y étaient astreints durant deux ans après la date d’obtention du permis moto toutes cylindrées.
Une autre progressivité est possible
« Sans tenir compte des avis exprimés par la commission Jeunes et éducation routière du Conseil national de sécurité routière (CNSR), qui proposait un autre dispositif de progressivité dans l’acquisition d’expérience de conduite, le gouvernement a préféré accéder aux demandes des anti-moto et des garants d’une politique répressive de sécurité routière », déplore la FFMC.
S’il est exact que davantage de victimes d’accidents de moto sont âgés, c’est juste parce que la moyenne d’âge des motocyclistes a considérablement augmenté ces dernières années, et dépasse maintenant 45 ans.
« La progressivité est une demande historique de la FFMC, mais limiter l’accès au permis A à des personnes ayant l’expérience de la route n’a pas de sens, déplore France Wolf, coordinatrice des Motards en Colère. C’est une mesure qui ne tient compte ni de la typologie du parc moto et du public visé, ni des avis pourtant reconnus des spécialistes de la formation deux-roues ».
Sauf à vouloir encore augmenter les contraintes pour accéder à la moto, ce nouveau dispositif n’a pas de justification en termes de sécurité routière, si l’on se réfère au dernier bilan annuel des accidents de la route : en 2015, la catégorie « motocyclistes » est en baisse de -1,8 % (par rapport à 2014). Le nombre de tués à moto sur les routes de France a chuté de -12,8 % depuis 2010.
« En revanche, un novice automobiliste peut toujours conduire la voiture de son choix, sans limitation de puissance », constate, amère, la FFMC.
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