Zero, à Moto Magazine, on connaît pour suivre la marque depuis longtemps. Nous avons visité deux fois l’usine californienne et avons essayé tous ses modèles y compris le proto Zero X en 2008. Et depuis la firme de Santa Cruz a progressé à pas de géant. Sa SR/F fait rentrer de plain-pied le Californien dans le monde du roadster moderne et performant ! Plutôt que de reprendre la base de modèles existants, l’équipe d’ingénieurs est partie d’une feuille blanche pour créer sa nouvelle moto en seulement 30 mois ! Et rien n’a été trop beau pour ce « Street Fighter » à électrons : cadre treillis tubulaire, batterie et moteur dernière génération, suspensions haut de gamme dignes d’un roadster sport, feux DRL full leds, freinage radial…
Moto à part entière
La SR/F est une « vraie » moto, conçue et construite avec un souci extrême du détail comme en attestent le montage et les ajustements. Comparé aux anciennes Zero, telle la S ZF 13.0, la SR/F n’a plus rien à voir ! En selle, la position est plus adaptée aux petits et moyens gabarits. La distance assise/repose-pieds est un peu juste pour les grands, obligeant à bien plier les genoux. La forme de la selle rajoute à l’effet « petite moto » avec une arcade réduite sur l’avant et une hauteur mesurée de 780 mm. Pour le reste, le faux réservoir n’est pas trop ventru et le guidon offre un cintre parfait.
Le silence est d’or
Alors, en route ! Contact, le tableau de bord TFT affiche le mode « Street », idéal pour
découvrir la moto. Pour « fouiller » dans les menus, il faut avoir la béquille dépliée,
et pour changer de mode cartographique, il faut que celle-ci soit repliée… Un peu
déroutant au début, mais on s’y fait vite.
Les premiers mètres sont toujours aussi surprenants, la moto filant dans un « pschiiiii… » électrique aussi silencieux que décalé ! Surtout qu’à peine sorti de la
cour du journal, un Yamaha TMax déboule avec un échappement sport « full bordel » !
C’est sûr qu’avec ce genre de branquignol, je commence à l’apprécier cette Zero…
Comme nos voisins d’ailleurs ! Quel plaisir de filer sans bruit, d’avoir une moto aphone à l’arrêt, de sentir que l’on ne dérange pas les autres avec un échappement, souvent jugé bruyant ! Bref, en ville, la moto électrique est un véritable remède au stress… Et une fois essayée, il est difficile de lui trouver des défauts, sauf peut-être celui d’être justement inaudible, et donc trop discrète pour les autres usagers ? Le débat est ouvert…
Une pile électrique
En ville, la SR/F est un plaisir. Elle braque bien et se montre parfaitement équilibrée. Grâce à la position basse de sa batterie, les 220 kg (249 pour une LiveWire) se font vite oublier, et l’on roule comme avec n’importe quelle machine de ce gabarit. À chaque arrêt, la même question revient de la part des « collègues » motards : « Alors, ça pousse ? » J’ouvre en grand et au feu suivant, ils concluent d’eux-mêmes : « Ah oui, ça pousse ! »
C’est ensuite sur les petites routes que nous avons taquiné cette grosse pile à deux roues, histoire de jauger les capacités dynamiques. Là aussi, la SR/F donne le change. En mode « Sport », les accélérations sont franchement impressionnantes ! Avec un énorme couple - près de 20 m.kg - disponible dès l’ouverture des « gaz », la moto déchire l’espace et vous colle contre le dosseret de selle ! L’accélération des moteurs électriques reste unique dans le paysage motocycliste, et cette SR/F fait office de référence.
0 à 100 en 2,5 secondes
Zero annonce 2,5 secondes pour passer de l’état statique à 100 km/h et peut atteindre 200 km/h en pointe. En mode « Sport », la régénération (sorte de frein moteur qui agit pour régénérer la charge) est plus importante. Le mode « Street » freine parfois trop la moto à la coupure des « gaz », et accentue sa propension à serrer sur la corde… Une seule solution, passer en mode « Custom » pour paramétrer la machine à sa guise après avoir obligatoirement installé l’application sur son smartphone… Il eût été plus simple de pouvoir le faire au guidon !
À noter qu’en mode « Street », et en roulant comme avec ma Triumph Speed Triple en urbain et périurbain, j’ai obtenu 170 km d’autonomie, avec un restant de jus de 2 %.
Équilibré comme un roadster thermique
Côté partie-cycle, c’est encore du tout bon. L’équilibre neutre de la moto associé au poids correctement réparti permet de rouler vite et bien. Comme un roadster thermique, en fait… Il a juste fallu raffermir l’amortisseur (plus de précontrainte et de freinage hydraulique) pour parfaire l’équilibre avant/arrière et qu’elle se montre franchement performante. Et même mieux que la Harley LiveWire dans le sinueux. Il est vrai qu’elle est plus légère de 30 kg, et que son empattement est moins important.
Finissons par le freinage, puissant, performant et doté d’un ABS en courbe que je n’ai
pas eu le « plaisir » d’essayer. Pour l’avant, il est honorable, pour l’arrière, il est juste passable. Il exprime peu de puissance, et un feeling assez mou sous la semelle. Dommage, car en ville, un frein arrière performant et dosable est bien agréable.
Zero Motorcycles SR/F : le verdict
À ce jour, la Zero SR/F est la plus performante et la plus aboutie des motos électriques. Onze ans de recherche ont fini par payer, et nous voilà devant une alternative crédible aux roadsters thermiques, comme la Kawasaki Z 1000 ou la Suzuki Katana, si l’on retire de l’équation toute notion d’autonomie ou de temps de recharge… La Zero SR/F (et la moto électrique en général) est plutôt destinée au motard hédoniste qu’au voyageur, mais les premiers ne sont-ils pas de plus en plus nombreux ? Reste le tarif, encore un obstacle de taille pour beaucoup de candidats tentés par la fée électricité…