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La mode est à l’évasion promis à son usage pur, au fantasme de l’aventurier qui part de chez lui pour de longs mois sans jamais se retourner. Ce doux rêve, les précurseurs en matière d’électrique que sont les ingénieurs de la marque américaine Zero Motorcycles ont tenté de l’atteindre en adaptant une de leurs machines. Un pari pour le moins osé quand on connaît les aléas liés à l’autonomie et le temps de charge de ces machines voltaïques.
La base était cependant toute trouvée, puisque Zero propose depuis 2013 un trail urbain chaussé d’une jante avant de 19 pouces : la DS. La Black Forest pourvue du moteur le plus puissant, développant 15 m.kg de couple et 67 ch, se voit aussi dotée de deux énormes pare-jambes supportant deux feux longue portée, d’une bulle haute fixée au guidon et de trois belles cantines Givi en aluminium. Une robe « camouflage » vient compléter agréablement le look. Mais tout cela suffit-il à en faire un véritable trail capable de vous balader des jours entiers dans la nature, sans eau ni... électricité ? Traversons la frontière direction Fribourg (Allemagne) et la Forêt-Noire où la présentation de cette machine a eu lieu.

Confort auditif
Premier constat, après quelques kilomètres en ville : la Zero est une machine fine, vive et facile à diriger. Seul le rayon de braquage est pénalisant lors des demi-tours. Avec ses 210 kilos, la Black Forest sait se faire légère malgré ses grosses batteries et ses deux chargeurs embarqués. Elle compte d’ailleurs parmi les trails les plus light du marché. C’est aussi, bien sûr, le plus silencieux, et, avec sa courroie crantée, on n’entend guère que le sifflement discret de son moteur électrique et le frottement des pneus sur le bitume. Surprenante sur les premiers kilomètres – surtout au démarrage –, cette absence de bruit mécanique procure un réel confort sur long trajet. Sortie de la ville, la Zero continue de se montrer homogène et bienveillante. La position de conduite, buste droit et jambes détendues, est naturelle. La selle se révèle confortable et la grande bulle abrite correctement du flux d’air. Sur l’autoroute allemande, la rapidité avec laquelle la vitesse maximale est atteinte (170 km/h) ne manque pas de surprendre... jusqu’à la prochaine bretelle d’autoroute où les motard(e)s habitué(e)s aux boîtes de vitesses chercheront évidemment l’embrayage et le sélecteur un instant, en vain ! Sur le réseau secondaire, la DSR continue d’étonner, même si son freinage se révèle un peu juste compte tenu de l’absence de frein moteur. Dans les virages, la bulle fixée sur le guidon alourdit la direction et ralentit les mises sur l’angle. Les suspensions, entièrement réglables, demandent, elles aussi, à être raffermies en hydraulique à l’avant. Malgré cela, globalement, la tenue de route s’avère saine et satisfaisante.
Dans les chemins, la Black Forest s’en sort également bien. Ses pneus mixtes offrent un grip suffisant sur terrain sec, mais un contrôle de traction serait le bienvenu eu égard au couple disponible. On choisira donc le mode « Custom » afin de paramétrer au mieux sa machine (couple, vitesse, autonomie) et éviter ainsi une déperdition d’énergie par d’inutiles pertes d’adhérence. La solution pour rejoindre la civilisation...

Charge rapide
Mais une fois en pleine nature, cette américaine est-elle réellement capable de vous ramener jusqu’à la prochaine prise ? En naviguant sur ses trois modes moteurs – Sport, Eco et Custom –, nous sommes parvenus à effectuer 180 km. En « éco-conduisant », Zero annonce pouvoir vous faire dépasser les 300 km. Des chiffres réalistes, mais qui ne résolvent pas un autre problème : le temps de charge. La Black Forest étrenne un chargeur rapide optionnel, capable de faire le plein en moins de 2 h 45. Une prouesse qui requiert cependant l’usage d’une borne de 50 kW aux standards « Chademo ». Notons qu’il n’en existe que 300 en France, majoritairement implantées dans les grandes villes. Sans cet équipement, il vous faudra huit heures pour recharger complètement votre moto. Un temps que les voyageurs n’ont généralement pas. Aussi l’usage de la Zero se cantonne finalement aux petites virées dominicales. À quoi bon, alors, la doter de si grosses valises ? Seul programme réaliste : prévoir des étapes journalières de 180 km et recharger uniquement la nuit dans un hôtel avec garage ou un camping.

Le verdict
Abouties, les motos Zero ont de quoi satisfaire les besoins d’une majorité de motards pour peu qu’ils soient ouverts d’esprit... et financièrement à l’aise. À près de 25 000 €,
cette « Black Forest » devra parcourir des milliers de kilomètres pour que l’économie en essence, huile et entretien mécanique devienne intéressante. Reste que le destin de la moto électrique est aujourd’hui suspendu au développement des infrastructures de recharge. Dans les grands espaces auxquels la Black Forest se destine, force est de constater qu’on n’en trouve pas encore assez pour y évoluer rapidement en toute sérénité !

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Fiche technique

Moteur
- Puissance maxi : 69 ch (52 kW)
- Couple maxi : 146 Nm
- Alimentation : électrique
- Boîte de vitesses : transmission directe sans embrayage
- Transmission finale : par courroie
Partie-cycle
- Frein Av (étrier à x pist.) : 1 disques Ø 320 mm (2 juxt.)
- Frein Ar (étrier à x pist.) : 1 disque Ø 240 mm (1 )
- Pneus Av-Ar : 100/00 -19 - 130/80 -17
- Autonomie / temps de charge : 170 km en usage mixte / 2h45 avec le chargeur rapide, 10h sans
- Poids à sec : 210 kg
- Hauteur de selle : 843 mm
Pratique
- Coloris : noir
- Garantie  : 5 ans pièces et M.O.
- Prix : 24 875 €

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