Non content d’avoir présenté huit nouveaux modèles l’été dernier, le géant américain Harley-Davidson poursuit l’élargissement de sa gamme en y ajoutant un neuvième Softail, et des plus polyvalents. À mi-chemin entre le bagger et le custom classique, la Sport Glide dispose d’un saute-vent en forme de « mini-batwing » (aile de chauve-sou- ris) et de grandes valises amovibles, mais ce n’est pas tout. On y retrouve le fameux twin Milwaukee 8 qui équipe tous les Softail. Ici, on a droit au modèle « 107 cubic inches » (soit 1745 cm3). Un véritable cœur de rocker à double balancier d’équilibrage, qui dispose de 15 m.kg de couple sous les 3 500 tr/min. Il est monté rigide dans le cadre et le son mythique qu’il produit s’échappe cette fois via un unique échappement côté droit. Le nouveau cadre Softail reçoit une fourche inversée de gros diamètre (43 millimètres) utilisant des cartouches. L’amortisseur arrière, quant à lui, dispose d’une bonbonne de gaz et d’une molette de précharge manuelle accessible sans démonter la selle. Les jantes sont à bâtons et leur dessin inspiré de la gamme CVO. Une jante de 18 pouces a été choisie à l’avant pour des raisons d’agilité, tandis qu’à l’arrière on retrouve un pneu relativement large (180) monté sur une jante de 16.
Mais rouler en Harley, c’est aussi être sensible à l’esthétique, et, planté sur le plateau de Leda sur l’île de Tenerife, sorte de « Death Valley » européenne, un simple coup d’œil sur cette Sport Glide vous transporte dans le futur version USA : le petit saute-vent avant réinterprète les codes du fameux nez de cochon en le miniaturisant et les valises rallongent joliment la ligne assez basse de l’engin. Dommage qu’elles soient en plastique noir plutôt que peintes dans l’une des trois teintes sobres proposées.
Confort appréciable
Une fois confortablement installé au guidon, cette moto destinée au tourisme ne déçoit pas. Le saute-vent de taille moyenne protège efficacement le buste et le bas du casque (mais pas les mains), la selle basse s’avère d’un excellent confort et le triangle guidon-selle- repose-pieds n’impose aucune contrainte sur les membres pour un conducteur de 1,75 m. Le guidon est dans l’axe des bras et pas trop loin du buste tandis que les re- pose-pieds restent mesurément avancés. Seul regret, l’inéluctable usure des bottes dû au contact avec la route et l’étroitesse de la selle passager.
Partie-cycle efficace
Une fois ses 320 kg en mouvement, la Sport Glide se révèle plutôt maniable à vitesse modérée, centre de gravité bas oblige. Lancée sur le réseau secondaire tortueux de l’île des Canaries (Espagne), elle nous a emballés par son côté dynamique : plus rigide, permettant enfin des prises d’angle correctes, le châssis Softail est ici bien servi par des suspensions fermes à l’avant. Les mises sur l’angle sont progressives et plus limitées que sur un Softail Heritage, pneu large oblige, mais le guidage est plus précis, jante avant à pneu étroit aidant. Sur un revêtement lisse, balancer la Sport Glide d’un virage à l’autre au son rugueux du V-twin s’avère des plus plaisants. Quand la chaussée se fripe en revanche, cette rigidité devient pénalisante, notamment en phase de freinage, car cela perturbe aussi l’ABS (rudimentaire) qui se déclenche intempestivement.
Plus douce et précise, la boîte du V-twin frôle en revanche la perfection. Et si l’on a déjà pris goût à la puissance accrue du Milwaukee Eight de 114 cubic inches, le bloc 107 ne manque pas d’agrément lors des relances à bas régime. Son « glougloutement » caractéristique et les vibrations maîtrisées qu’il diffuse le rendent particulièrement agréable à solliciter, et ce moteur sied assez bien à l’esprit de cette Sport Glide : un bagger 2.0 en quelque sorte, mais allégé, dynamique et terriblement stylé. C’est sans doute la moto la plus adaptée aux voyageurs européens du catalogue 2018 américain.
Le verdict
Vendue 18 260 €, la Sport Glide se positionne intelligemment derrière un Softail Heritage 107 plus typé rétro à 23 000 € ou un vrai bagger comme la Street Glide 107 à 27 000 €. Si elle n’apporte pas autant de protection ou de capacité d’emport que ses consœurs, sa partie- cycle plus dynamique et son dessin moderne et soigné en font selon nous la plus attractive et la plus adaptée des Harley actuellement au réseau routier français.