9 heures du matin, je m’adonne à ma séance de sport quotidienne : l’interfile sur le boulevard périphérique parisien. Comme à l’accoutumée, nous avançons cul à cul. Façon de tuer le temps, je m’interroge sur la moto qui me précède. Sans être catégorique, j’ai bien une idée. Nous sortons à la même porte, moment idéal pour vérifier mon hypothèse. J’arrive à sa hauteur. Je le savais, c’est une Kawa ER6N. Mince ! « Benelli BN302 » est écrit sur le réservoir !
Un tarif serré
La marque italienne, riche d’une histoire plus que centenaire, serait-elle devenue une pâle copiste en tombant dans le giron du groupe chinois Qianjiang ? Ce serait réducteur d’affirmer cela même s’il existe bel et bien un troublant air de famille entre la sino-italienne et la japonaise. Les constructeurs ont néanmoins tout intérêt à se distinguer de la concurrence pour tirer leur épingle du jeu dans une offre de motos 300 cm3 de plus en plus fournie, permis A2 pour tous oblige. Voyons comment procède l’italienne pour y parvenir.
Le premier argument en sa faveur tient à son tarif. À 4 700 € elle est 390 € moins chère qu’une BMW G310 et permet d’économiser 600 € par rapport à une Yamaha MT03. Quant à la nouvelle Kawasaki Z400, elle réclame 900 € de plus ! Voilà un bon début pour Benelli.
Poids lourd
Voyons maintenant ce qu’elle a dans le ventre.
Les manœuvres, moteur arrêté, montrent une certaine inertie et pour cause : elle pèse 185 kg (à vide), soit 20 kg de plus, au bas mot, que ses concurrentes directes. Par bonheur cet embonpoint sait se faire oublier dès les premiers mètres parcourus à son guidon. Très facile à prendre en main, aidée par une hauteur de selle contenue et un bon équilibre, la petite Benelli se faufile sans peine dans les embouteillages.
Seconde surprise : sa position de conduite pour le moins déroutante qui impose de replier les jambes à l’excès et de maintenir les pieds très (trop) en arrière. Le sélecteur et la pédale de frein posent problème. Ils sont placés beaucoup trop haut. La possibilité de réglage sur quelques millimètres ne changera rien à notre constat : le bureau d’étude ne s’est pas attardé sur l’ergonomie. Étonnamment le guidon, assez large, impose de redresser le buste pour adopter une position de conduite bien droite. À l’usage, on finira par s’en accommoder… ou pas.
De la frime
À voir son équipement, la BN302 est une incontestable frimeuse. Du genre de celles qui voudraient bien avoir l’air : fourche massive de 41 mm, double disque pétale de 260 mm à l’avant, étrier 4 pistons. Un équipement qui malheureusement déçoit à l’usage. Les suspensions sont sèches sur les imperfections de la route et molles sur les grosses compressions. Quant aux freins, ils manquent cruellement de mordant. Deux griefs gênants en conduite sportive.
Un moteur maison aussi pétillant qu’attachant
La déception est d’autant plus grande que le vertical twin de 300 cm3 - une vraie création maison et le point fort de cette moto - est particulièrement à l’aise en mode « arsouille ». Outre sa modernité - refroidissement liquide, 2ACT, quatre soupapes - ce bloc s’illustre par son calage à 360° : les deux pistons montent et descendent en même temps, avec une explosion à chaque tour moteur. À l’usage, cela donne un caractère pétillant à notre bicylindre qui monte dans les tours avec enthousiasme sans nous le faire payer de la moindre vibration ni anémie à bas régime. Vers 8500 tr/min, il est au meilleur de sa forme et atteint alors une vitesse autoroutière. Il reste alors encore 1500 tr/min de marge pour les dépassements.
Après une semaine à son guidon, sur tous types de trajets, la consommation s’est établit à 3,7 l/100, soit une autonomie de plus de 400 km. À vous, les grands espaces.
Verdict
Contrairement à une Leoncino, la BN 302 ne se distingue pas par sa forte personnalité mais par son excellent rapport qualité prix. Voilà qui pourra peser en sa faveur lors de l’acte d’achat d’une machine que l’on choisit avant tout par pragmatisme. Sachez que Benelli s’apprête à sortir une BN 302 S au printemps. Cette évolution, très légère, du 300 cm3 du constructeur – relookage du phare – pourrait bien l’amener à revoir légèrement à la baisse le tarif de la BN 302 qui deviendrait alors une excellente affaire.