Essai

La marque Headbanger est avant tout l’histoire d’un type qui, ancien « fils des fleurs » à l’approche de la soixantaine, a voulu réaliser son rêve : construire des motos dans la plus pure tradition old school américaine. Pour ce faire, Giorgio Sandi (The Soul, pour les intimes) s’est attaché les services de Luciano Andreoli, un des plus grands préparateurs transalpins en matière de customs. Ensemble, et en moins de deux ans, ils donnent vie et homologuent toute une gamme de motos avec différents moteurs V-Twin alimentés par carburateurs.

Des motos « à la carte »

« On voulait des motos avec un fort caractère, mais aussi offrir au client la possibilité de composer sa moto comme bon lui semble », nous confie Luciano. Les six modèles déjà en production peuvent en effet recevoir deux types de cadre softail (court ou long), différentes fourches ou guidons, plusieurs moteurs homologués Euro3 allant du 88 au 120 cubic inches (1435 à 1800 cm3, moteurs Rev Tech ou S&S), des jantes à rayons classiques ou à gros rayons…

Bref, on peut se faire son « Bobber » ou son « Custom » sur mesure, avec peinture perso, tout en restant dans la légalité car toutes les motos ont été homologuées en différentes versions. Voici les noms des six Headbanger de base : Hollister, High Flyin’, Foxy Lady, Gypsy Soul, et les deux nouveautés 2012, Summertime et Woodstock Boogie.

De la première qui rappelle le film « The Wild One » avec Marlon Brando à la troisième qui évoque le morceau de Jimi Hendrix, tous ces noms nous transportent inévitablement vers l’Ouest américain et la musique rock d’il y a 40 ans…

Impeccablement finie

La Hollister, le modèle de base parmi les bases, est très basse avec ses jantes de 16 pouces et peut-être la plus utilisable au quotidien. Épurée dans ses lignes, minimaliste dans son équipement, elle est surtout très belle et impeccablement finie. On a beau chercher des plastiques ou le détail qui cloche : tout est métal, du garde-boue au bocal de frein, et l’ensemble est impeccablement fini ! La transmission primaire Ultima, avec sa large courroie de 8 cm est à elle seule une pièce que l’on ne se lasse pas d’admirer, tout comme la petite selle en cuir montée sur ressorts ou les tés de fourche en Ergal.

Un puzzle international

C’est aussi la plus petite du lot, mais son V Twin, un Rev Tech 88 fabriqué en Corée du Sud, affiche déjà 1 450 cm3 et l’on peut monter jusqu’à 1800 cm3 avec un S&S 110 américain. Le cadre est fabriqué en Autriche par Penz, les garde-boue et le réservoir d’huile en acier viennent de Slovénie, quant aux échappements en inox, les carburateurs Dell’Orto et le réservoir d’essence, ils sont fabriqués en Italie. La boîte de vitesses est une Rev Tech et les freins sont fournis par Performance Machine, mais bientôt toutes les Headbanger seront équipées avec des boîtes américaines Baker et de freins français Beringer. Et ce sera certainement mieux (voir la suite…).

Very Good Vibrations…

En selle, pour qui n’a pas l’habitude de ce type de moto, la position de conduite est extrême. Le dos est courbé, les jambes et les bras vont vers l’avant… Pas très catholique tout ça, car en plus, les 235 kg de la moto sont bien présents dans les manœuvres à basse vitesse. Une fois le levier d’embrayage lâché pourtant, tout s’affiche dans une dimension inconnue et délectable.

Il y a la bestialité du moteur, ses vibrations qui remontent jusqu’aux oreilles, une poignée d’accélérateur on/off, une boîte qu’il faut doucement « accompagner », une garde au sol (surtout côté béquille) et des freins symboliques… Mais quel plaisir de rouler avec un engin pareil : on est dans le Nord de l’Italie, au milieu des vignes de Franciacorta, mais on se croirait au milieu de nulle part ailleurs.

Entre deux virages, qu’il faut toujours négocier avec discernement, tourner la poignée d’accélérateur devient un jeu dont on ne se lasse pas. La force de ce moteur est justement son couple disponible dès les plus bas régimes et, comme on n’est pas bien assis, il faut s’accrocher au guidon ! Lorsque la route est droite en revanche, on apprécie de rouler aux vitesses légales sur un simple filet de gaz.

Le plaisir d’avoir un « tracteur » entre les jambes compense aisément celui de la vitesse. Les suspensions (notre Hollister était équipée d’une fourche Paioli) remplissent parfaitement leur rôle et offrent même un bon confort, tout comme les rétroviseurs placés en bas du guidon et les commandes. Le freinage en revanche, s’il est adapté à une conduite tranquille, s’avère un peu juste en cas d’urgence.

Verdict.Vendue en France environ 21.000 euros, la Hollister de base n’est pas une moto accessible à tous. De plus, si l’on veut monter un moteur plus gros, une fourche Springer ou faire une peinture perso, la facture monte assez vite. Néanmoins, comme toutes les Headbanger, c’est une moto unique. Si l’on compare le prix d’une réalisation personnelle, c’est-à-dire que l’on achète toutes les pièces (du cadre au moteur), plus la tracasserie d’une homologation, la Hollister est presque une affaire !

Certes, ce n’est pas une moto de tous les jours ni une moto conçue pour les longues distances, mais tous les kilomètres parcourus à ses commandes vous donneront du vrai plaisir. En plus d’être belle, cette moto est un produit artisanal dont la valeur n’est pas comparable avec une moto de série.

Photos O. Trugglio et M. Campelli

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