Courir pour des clous. « Lors des premiers tours, on n’était pas très fiers  ! », se rappelle Georges Pinto, avec seulement deux courses à son actif sur sa KTM. Lui et ses potes enduristes Francis et Didier sont venus pour se tirer la bourre en toute décontraction. Mais une fois les premières gamelles prises et l’appréhension levée, ils se sont carrément pris au jeu de la glisse : « Le clou, c’est psychologique. Au début tu te dis p…, mais ça va pas tenir ! Mais une fois le maniement de la gâchette assimilé, tu commences à accrocher et le plaisir arrive très vite. »

Comme sur la pluie. Un plaisir sous contrôle toutefois, car les gros travers et les gerbes de neige montant au ciel nécessitent un pilotage plus fin qu’il n’y paraît. Les premiers tours de roue se font avec circonspection.
Chacun y va comme sur des œufs. « Il faut tester la piste, la glace n’est jamais la même… Il faut savoir exactement où placer la moto pour conserver un maximum de motricité, explique Thierry, le plus sage de la bande. Mais une fois les repérages faits, il faut envoyer si l’on veut être devant ! », précise le gendarme de métier.

Pneus à clous. Pour aider les pilotes à rester sur leurs roues, des vis à tête boulonnée de 6 mm, appelées communément « des clous », sont fixées sur chaque tétine du pneu. On en trouve 306 à l’avant et 222 à l’arrière. « Ces petites pointes nous servent évidemment, mais le vrai truc, c’est la répartition du poids sur la machine : cul sur la selle ou bien droit sur les repose-pieds. Sur certains circuits vallonnés, on peut atteindre les 100 km/h… Mieux vaux maîtriser son freinage pour ne pas finir en bonhomme de neige ! », explique Didier Ugolini, 42 ans, vainqueur de la seconde épreuve. Sa technique, sur son gros mono suédois, un Husaberg 450 : accélérer et toujours freiner bien droit pour éviter la gamelle. Le style n’est pas des plus coulés, mais l’efficacité est là !

Pierre-François Bardotti, le vainqueur de l’édition 2008 sur sa Sherco 5,1 I, a pour lui l’expérience du Trophée Andros. Selon ses dires, les pointes en tungstène du « Trophée compote » accrochent évidemment bien plus, mais les simples têtes de 6 n’empêchent ni le plaisir, ni le style… Pour un rapport prestation/prix incomparable. Mais ce qui enchante vraiment ce privilégié, c’est finalement l’ambiance bon enfant de cette série d’événements. « Ici, les pilotes ne se prennent pas la tête. On rigole, ça se gamelle, l’enjeu est quasi nul et le plaisir de conduite prime ! Surtout comme ici à Orcières où le tracé est très différent des pistes auto du Trophée Andros. Plus vallonné, plus étroit, il est plus technique : un excellent entraînement pour le Pilote Bike ! »

Clou du spectacle. Rares sont les pilotes aussi avertis. Sur la ligne de départ, la plupart viennent du monde de l’enduro, du cross régional ou du supermotard, et tous courent sur leurs machines habituelles sans trop oser modifier les réglages propres à leurs disciplines respectives. La marge de progression est donc énorme, chaque course offrant son lot de révélations au pilote comme au public. Tel le jeune Armand Bellini, crossman en ligue régionale, qui finit les deux séances de qualif d’Orcières en tête. « Pour moi, la glace, c’est comme la terre. Je mets gaz et je contrôle la glisse. Ça paie ! » Mais il sera disqualifié lors de la course pour pneu non conforme…

Seuls trois types de gommes étaient en effet autorisés cette année. Et l’année prochaine, c’est le sponsor de l’organisateur qui aura l’exclusivité. « Comme c’est déjà le cas avec les quads, les pneus sont encore quasi neufs en fin de saison. Ils perdent à peine deux clous par course et les frais ne sont finalement pas élevés », explique Alexandre Clerc, qui c’est quand même fendu d’une paire de jantes supplémentaires pour équiper sa Yamaha 450 de supermot’. En bon dernier, il s’avoue un peu largué : « Bizarrement, je n’arrive pas à prendre les mêmes angles ! », rigole-t-il. Pas très grave, de toute façon, les rares spectateurs présents savent se montrer indulgents.

Sortez les raquettes ! Côté spectateurs, l’accès au tracé a en effet de quoi rebuter. Il faut une bonne paire de raquettes pour se rendre aux petits endroits sympas du circuit taillé dans la neige. Et rejoindre le paddock, installé dans un champ de poudreuse, est à lui seul une petite aventure. Caravanes enneigées, séances de re-cloutages et apéro familial, les scènes offertes par ce petit monde valent pourtant bien plus qu’une journée en terrasse dans une station de ski !

Quant au spectacle sur la piste, il n’est peut-être pas encore au niveau des épreuves renommées, mais voir cette bande de yetis lutter pour éviter les chutes, se disputer une place en s’arrosant de belles gerbes glacées (pour parfois finir dans un mur de neige) et s’embrasser à l’arrivée vaut vraiment le coup d’œil. Sans compter les nombreuses courses de quads, n’en déplaise aux inconditionnels du deux-roues, maîtres incontestés de la glisse sur cet élément !

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