Essai

Les changements les plus importants concernent bien sûr la géométrie du cadre et surtout le train avant. L’angle de la colonne de direction, celui de chasse et la chasse elle-même ont été considérablement réduits avec au passage l’adoption d’une fourche inversée Showa et d’un système de freinage Brembo. Du coup, l’empattement passe à 1 700 mm : encore fort long par rapport à la concurrence, mais bien en dessous des valeurs traditionnelles Harley. L’autre nouveauté concerne la position de conduite. Avec une selle plus haute de dix centimètres, un guidon plat et moins large et des repose-pieds reculés, le conducteur trouve une posture plus dynamique et... plus cohérente. Exit l’assise custom, on passe à celle d’un roadster. Les nouveaux pots sont plus relevés, les jantes de 19 et 18 pouces sont désormais à bâtons et le réservoir sous la selle voit sa contenance passer de 14 à 18,9 litres.

Le moteur de la Street Rod fait preuve d’une bonne souplesse (à partir de 2 000 tr/min). La boîte est douce à manier, mais le levier d’embrayage, lui, s’avère trop dur. Le V-twin possède une patate remarquable au-delà des 4 000 tr/min. Au jeu des accélérations, elle en impose. La selle de la Street est ferme, mais heureusement le confort des deux amortisseurs arrière Showa frise l’excellence... Le freinage aussi, même si l’arrière affiche une tendance presque immédiate au blocage.

Quand les virages s’enchaînent avec douceur et régularité, la Street étonne par sa stabilité et sa maniabilité. Certes, on n’est pas aux commandes d’un supermotard et cette dernière notion mérite d’être relativisée, mais avec une conduite appliquée et après une petite période d’adaptation, la Street Rod s’avère une moto capable de suivre bien des soi-disant roadsters sportifs et de vous offrir un vrai plaisir de conduite. Pas la peine de forcer, ni de brutaliser le moteur, la boîte ou les trajectoires : il suffit d’enrouler en profitant au moment opportun des qualités du moteur et de la partie-cycle ! Énorme frein moteur, gros couple, puissance, étagement idéal de la boîte, précision et stabilité du train avant... c’est la première fois, Buell mise à part, que l’on peut rouler à un rythme « bien de chez nous » avec une Harley.

Le bon travail des suspensions, la rigidité du châssis et une répartition judicieuse des masses sont certainement à la base du comportement sain de cette lourde moto. La mécanique marque une petite baisse d’intensité à mi-régime et une certaine inertie à la remise des gaz, mais se montre assez agréable à exploiter et devient vraiment démonstrative au-delà de 4 500 tr/min... Ce que l’on regrette en revanche sur cette moto, ce sont certaines concessions pratiques et fonctionnelles au profit de l’esthétique. La place réservée au passager, avec une selle qui penche vers l’arrière, et l’emplacement du tableau de bord identique à la Harley Davidson 1130 V-Rod malgré la position de conduite modifiée, en sont les exemples les plus marquants. Heureusement, la transmission se fait toujours par courroie.

La Street Rod est un roadster haut de gamme, tant par sa qualité de fabrication que par son prix d’achat. L’abondance l’emporte sur la légèreté. Mais cette machine révolutionne l’image de la marque. Elle initie une rupture importante avec les gros customs ou les Sportster. Il y a bien longtemps en effet qu’une Harley-Davidson n’avait affiché un caractère aussi enthousiaste pour aborder les routes qui tournent et tournent encore au gré du relief. Personne ne se plaindra de cette évolution !

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