Ces monolithes de grès atteignent des hauteurs de 300 m et nos deux guides vont nous conduire vers un amphi théâtre creusé par les éléments où l’acoustique est exceptionnelle. Assis ou allongés sur ces gradins de roche nous écoutons un chant indien accompagné par une flûte et un tambourin . Un son d’une pureté impressionnante résonne sous cette voûte de roche. Nous avons repris notre route avec un petit quelque chose de plus.

Cette route, nous conduisant vers le canyon de Chelly, ne se fait pas sans souci. Après Kayenta, une tempête de sable rouge nous a accompagné pendant de long miles. C’est avec « une dune dans chaque œil » que nous sommes arrivés au motel mais toujours désireux de découvrir le canyon ou plutôt les deux qui se retrouvent là : le canyon de Chelly et celui de la Muerte. De tristes et tragiques histoires existent sur ces canyons. Autrefois habités par différentes tributs indiennes, les Navajos en sont les derniers habitants. En 1863, lors d’une campagne contre les indiens, les troupes de Kit Carson acculèrent les indiens à l’entrée du canyon et les massacrèrent, les survivants furent capturés.

La bataille fut impitoyable et on raconte que certains rochers du canyon de la Muerte sont plus rouges que d’autres : les femmes navajos, plutôt que de succomber sous les coups des soldats blancs, préférèrent se jeter dans le vide en s’accrochant à leurs ennemis !

Les vaincus furent déportés lors de « la longue marche », une marche forcée de plus de 400 km pour être parqués à Fort Sumner. Beaucoup moururent avant d’atteindre le fort. Le projet des « blancs » échoua et les survivants purent faire la route dans le sens inverse et regagner leurs terres en 1868.

Peu fiers de faire partie des descendants de ces européens colonisateurs, notre route nous conduit ensuite vers l’extrémité nord de l’Arizona. Le seul endroit aux States où quatre Etats se touchent : Four corners. Un point où le territoire Navajo touche le territoire des Utes au sud du Colorado, bordé par l’Utah et le Nouveau Mexique.

Fort Summer : cimetière de nombreux Navajos et de Billy the Kid

Après un changement de décor au Colorado, la route nous ramène à nouveau vers les indiens et la pose d’une journée à Santa Fé nous permet de monter jusqu’au village pueblo de Taos. La ville de Taos, comble d’ironie abrite l’ancienne demeure et musée dédié à Kit Carson alors que quelques miles plus loin se trouve le pueblo de Taos. Quelques 200 indiens vivent encore dans ce village d’argile sans eau courante ni électricité. Une autre partie de ce peuple habite plus loin dans des maisons plus modernes mais viennent y tenir boutique. Après un énième massacre de l’armée américaine, ces terres furent rendues aux indiens en 1971. Le Rio Grande nous raccompagne vers Santa Fé.

Notre périple se poursuit ensuite vers Santa Rosa. La ville de Santa Rosa située sur l’inter state 40 est également traversée par la « Mother road », la route 66. Après un repas sur une partie de la route mythique, nos roues se dirigent vers ce qui sera la fin de notre aventure indienne, la fin de nombreux Navajos également : Fort Sumner.

Rien de particulier sur les lieux hormis quelques murets délimitant ce qui fut un « fort » où de nombreux indiens perdirent la vie. Point de commémoration sur le massacre perpétré par Kit Carson alors on ne s’attarde pas. Pourtant une pierre dans un champ proche des lieux du parcage des indiens attire « ici est mort William Bonney alias Billy the Kid, tué par le shérif Pat Garrett le 14 juillet 1881 ». Quelques mètres plus loin se trouve le musée du pistolero ainsi que sa tombe. Fortement bardée de fer et grillagée, la pierre tombale ne va pas s’envoler. Elle se trouve ainsi protégée puisqu’elle a déjà été volée deux fois.
La route nous attend pour rejoindre Clovis où nous passerons la nuit à quelques miles du Texas. Le Texas, même les panneaux le disent : « tout est plus grand », vivement les steak house !

Fredéric Douay

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