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Référence du segment néo-rétro depuis 2014, la R 1200 NineT et ses 105 ch n’était destinée qu’aux permis A. Mais avec cette récente déclinaison Pure bridable à 47,5 ch, BMW a pensé aux débutants souhaitant rouler autre chose que des 750/850 GS, F900R et G310 R/GS, toutes motorisées par des monos ou bicylindres en ligne.

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Car oui, sur cette NineT A2, il s’agit bel et bien du légendaire flat-twin de 1200 cm3 bridé à 47,5 ch. Une prouesse ! De fait, la NineT Pure offre de quoi s’offrir - si les finances suivent - le légendaire « boxer » bavarois dès l’obtention de son permis moto.

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Portant une appétence pour le look néo-rétro et n’ayant jamais testé ce type de motorisation, il me tarde de voir ce qu’il en retourne à son guidon.


BMW R 1200 NineT Pure A2 : l’esthétisme sans compte-tours

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Avec les Royal Enfield Interceptor et Continental GT, la NineT Pure est, à mon sens, le plus beau roadster néo-rétro qu’un permis A2 puisse rouler. Ses lignes industrielles de café racer musclé subliment des finitions prestigieuses : réservoir, guidon, compteur, repose-pieds, jantes, tout est soigné jusqu’à la fameuse prise d’air latérale.

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L’aluminium et l’acier s’entremêlent et les plastiques restent discret. Quant au bicylindre-cathédrale et ses deux gros carters horizontaux, il signe la moto d’un cachet m’évoquant l’âge d’or de l’aéronautisme du début du 20ème siècle... Face à cette réussite esthétique, mon cœur chavire.

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Les commandes dénotent elles aussi leurs qualités et leurs solidités au toucher. Toutefois, l’unique compteur chromé à aiguille m’interpelle : où est passé le compte-tours ? D’autant plus qu’il offre le minimum, sans témoin de rapport engagé, ni jauge à essence… Un témoin de réserve avec décompte kilométrique se profile comme seule consolation. Des manques de taille propre à cette déclinaison « épurée » de la NineT, car la version « classique » arbore bien deux compteurs exhaustifs.

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Le petit écran LCD de piètre qualité – seule pièce de cet acabit sur la machine – économise l’information directe : il faut permuter chaque indication une à une (heure, consommation, kilomètres etc) pour les visualiser. Les débutants tels que moi, habitués à avoir un rapport engagé, un niveau d’essence et des tours/minute sous les yeux seront déstabilisés par leur absence.

Mais soit, j’imagine que c’est la philosophie d’une machine brute, épurée, et surtout moins chère à l’achat... dans sa version de base du moins ! Car la finition « Classic Pro » agrémentant la moto essayée gonfle son prix de 1100 euros en ajoutant une foule d’équipements : poignées chauffantes, régulateur de vitesse, phare adaptatif, alarme et un mode moteur supplémentaire - hélas peu utile en configuration A2 -, le « Dynamic Pro ».


BMW R 1200 NineT Pure A2 : une prise en main exigeante mais gratifiante

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À son bord, la moto n’est pas des plus accueillantes. Penché vers l’avant, jambes écartées autour du réservoir, mes mains épousent un guidon assez large. Première manœuvre à l’arrêt et l’angle de braquage montre ses limites. La moto est lourde à allure lente, l’assise est inconfortable, les commandes sont rigides. Néanmoins, j’ai le sourire aux lèvres lors de sa mise en route : sous un magnifique vrombissement rauque d’avion biplan, les pistons du flat-twin secouent légèrement la moto de droite à gauche. Ce bel effet mécanique m’annonce le caractère prononcé de la moto.

Quelques tours de roues plus tard, je me fais un remake bavarois de mon essai de la Ducati Monster 950 A2 : la NineT Pure s’avère rugueuse et sauvage à apprivoiser. Difficile à mettre sur l’angle avec le poids du flat-twin et sa position de conduite exigeante, la moto nécessite un temps d’adaptation. Le moteur est souple, mais je dois jouer de l’embrayage pour reprendre l’allure en douceur. Transmission par cardan oblige, les premiers rapports sont plus rêches que ce que j’ai l’habitude d’avoir au pied, sans être rédhibitoires.

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À chaque virage, la NineT se distingue des « roadsters japonais » dont j’ai l’habitude : elle me fait savoir qu’elle n’est pas là pour m’aider, mais plutôt pour m’apprendre. C’est une moto au caractère particulier qu’il faut comprendre (poids sur l’avant, position de conduite, commandes, gabarit) et entendre (régime moteur pour passer les rapports).

Ainsi, je m’acclimate à la NineT Pure et assimile son comportement au fil des jours. Le poids du moteur par exemple, pénible au premier abord, devient un allié dans toutes les configurations routières. De fait, si la moto n’est pas des plus faciles à appréhender, elle révèle rapidement sa prodigiosité lorsqu’on saisit comment l’exploiter à sa juste valeur.


BMW R 1200 NineT Pure A2 : position sportive et aptitudes routières

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Sur voies rapides, la NineT Pure est impériale. Incliné vers l’avant, poings écartées, je me sens tel un aigle de la route. Stable à vive allure, la moto révèle des qualités sportives et pourfend l’air hivernal sans vibrations revêches. Le flat-twin, très coupleux à bas et mi-régime (112 Nm à 5750 tr/min !), vrombit virilement à chaque reprise. Souple, il reprend la cadence d’un coup de gaz sans sourciller, même en 6ème. Le régulateur de vitesse quant à lui, soulage la contraction de la position basculée et me permet de cruiser sur les longs parcours.

Bridage A2 faisant, la NineT Pure est une moto qui se pilote à bas et mi-régime, et qui s’essouffle au-delà. Mais rien de dramatique pour qui pilote à vitesse légale. Vigoureux, le moteur a suffisamment de coffre jusqu’à 7500 tr/min pour tirer pleinement parti de ses 47,5 ch.

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Arpenter les petites routes du réseau secondaire au guidon de cette bavaroise est régal. Une fois mise sur l’angle en toute confiance, le flat-twin équilibre les masses, cale la moto sur un rail, et me permet de vaincre les virages les plus tortueux. D’un filet de gaz, la moto triomphe des sorties de courbes et reprend son rythme de croisière avec ferveur. Au fil de mes itinéraires, le comportement routier de la NineT Pure se distingue par des réactions saines et sécurisantes.

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La nuit tombée sur les petites routes de campagne, je suis perdu dans la brume sous 4 degrés. Les conditions de conduites sont extrêmes : froid, humidité et obscurité dressent un décor ponctué par les phares dansant des usagers dans l’opacité du brouillard. Mais la BMW NineT rassure : sa stabilité imperturbable, sa tenue de route, sa monte de pneus (Michelin Road 5), l’efficacité de ses poignées chauffantes et son éclairage LED adaptatif en font une moto d’exception pour surmonter la pénombre hivernale.

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BMW R 1200 NineT Pure A2 : une moto qui sait être urbaine

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Plus tard, la brume cède place à un autre bourbier : l’interfiles périurbain de nuit. J’empoigne le puissant freinage, la moto reste stable et m’aligne à 50 km/h. La largeur du flat-twin ne dépassant pas la largeur du guidon, je ne m’inquiète pas de toucher les véhicules aux abords. Dans cette situation où les changements de rapports sont fréquents, la boite de vitesse reste un peu rêche mais fait preuve de précision. En revanche, si le frein arrière assoit la moto, son manque de mordant nécessite plus d’acuité sur le frein avant.

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En ville, la NineT Pure dévoile des qualités insoupçonnées. Toujours très souple, le gros flat-twin se fait discret et conserve son inébranlable stabilité. Ainsi, voguer en agglomération est agréable à son guidon : la moto m’emmène dans les petites rues et les grands boulevards sous un vrombissement bienveillant. Le grand empattement fait que les pieds à terre sont rares tandis que le poids, lourd à l’arrêt, disparait à chaque démarrage. La moto se transforme alors en cruiser urbain attirant le sourire et la sympathie des badauds de tout âge. À l’heure d’une politique stigmatisant le deux-roues thermique, le constat est plaisant !

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Dans les bouchons parisiens, la stabilité de la moto brille de nouveau. Comme en interfiles, son gabarit me permet de me faufiler en douceur dans les pires intersections de la capitale. Jouer avec le point de patinage me maintient en équilibre à allure lente, et contrebalance le confort perfectible octroyé par la position de conduite.

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Le moteur, souple et démonstratif en cycle urbain, me communique ses régimes et m’apprend à me passer de témoin de rapport engagé. À bord de cette moto, il faut apprendre à écouter et reconnaitre chaque note rauque émanant du gros twin... Au final, était-ce une option si importante sur une telle machine ?

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Nonobstant sa grosse cylindrée, le boxer BMW consomme raisonnablement. En cycle mixte, je relève une moyenne de 5L aux 100, soit une autonomie d’un peu plus de 300 km. Pas de stress de tomber en rade malgré l’absence de jauge, donc ! Le témoin de réserve peut suffire en prêtant attention aux indicateurs kilométriques journaliers, remis à zéro à chaque plein.

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Enfin, j’ai eu l’occasion de tester le duo. Aussi surprenant que cela puisse paraitre au vu du petit coussin greffé, une virée à deux s’avère tout à fait plausible sur cette moto. Le confort n’est pas des plus gratifiants, mais l’assise passager offre un bon maintient, tandis que les repose-pieds replient modérément les genoux.


BMW R 1200 NineT Pure A2 : le verdict

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En dépit d’une prise en main complexe, d’un confort spartiate et de l’absence de compte-tours, la BMW NineT Pure A2 est si formidable une fois apprivoisée que je n’ose imaginer son éminence en version full !

Vivante, attachante et riche en sensations de pilotage, elle témoigne d’une polyvalence soulignant des qualités à la fois sportives, routières et urbaines. Bonne à tout faire, la moto s’adapte au pilote et oscille entre douceur et vigueur selon l’humeur. Quant à sa partie cycle de haute volée, elle est magnifiée par de splendides finitions qui en font une moto A2 de premier choix.

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Reste le tarif très (trop ?) élevé, où la tentation de négocier avec son banquier s’installe, tant il est douloureux de s’en séparer...


BMW R 1200 NineT Pure A2 : l’avis de Philippe Guillaume

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L’avis du vieux, c’est de dire que si vous avez les moyens de vous payer cette merveille, et bien bravo à vous ! Certes, commencer sur une 1200, est-ce bien raisonnable, on peut se poser la question... Néanmoins, cette R nineT, qui demande un peu d’acclimatation (le feeling des commandes, les effets de cardan, le couple de renversement, on n’est pas sur une CB 500, là), se révèle ensuite assez facile à conduire. Et le bridage est, disons-le, excellent : le couple du flat n’a pas été rogné, et l’on se retrouve avec cette machine généreuse dès les plus bas régimes, qui tracte fort dans un grondement sourd ! Ensuite, évidemment, la puissance stagne, mais en roulant à peu près normalement, c’est finalement assez peu sensible. Et puis, on a aussi cette précision des commandes, ces freins impeccables, ce châssis "BMW" très sûr. Un régal... qui se paie cher.

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Fiche technique

BMW R 1200 NineT Pure A2 2021 - Fiche technique

(données constructeur)

Moteur
- Type : Bicylindre à plat (boxer), refroidissement air/huile, 4T, 2 ACT, 4 soupapes par cylindre
- Cylindrée (al. x cse) : 1170 cc (101 mm x 73 mm)
- Puissance maxi : 47,5 ch (A2) / 95 ch à 7000 tr/min (full) /
- Couple maxi : 112 Nm à 5750 tr/min (A2) / 116 Nm à 6000 tr/min (full)
- Alim. / dépollution : injection / Euro 5

Transmission
- Boîte de vitesses à 6 rapports
- Transmission par cardan

Partie-cycle
- Frein Av (étrier à x pist.) : 2 disques Ø 320mm, étriers fixes 4 pistons
- Frein Ar (étrier à x pist.) : 1 disque Ø 265 mm, étrier flottant 2 pistons
- Pneu Av - pneu Ar : 120/70-17 - 180/55-17
- Réservoir (réserve) : 17 litres (dont 3,5L de réserve)
- Poids annoncé : 219 kg (tous pleins faits)
- Hauteur de selle : 805 mm

Pratique
- Coloris : gris, aluminium, bleu, noir/rouge, bleu/blanc
- Garantie : 3 ans
- Prix : 13500 €