Le vote du parlement européen acte une première étape vers l’interdiction de la vente de véhicules thermiques neufs (voitures et utilitaires légers) dès 2035 sur le vieux continent. Ce qui signifie que seuls les véhicules n’émettant aucune émission de CO2 à l’échappement - électriques et à hydrogène - seraient admis dans les showrooms des constructeurs en Europe. Le deux-roues motorisé n’est pas encore visé, mais cela ne saurait tarder...


339 députés pour, 249 contre

La mesure européenne a été votée par 588 eurodéputés. Au total, 339 ont voté pour, 249 ont voté contre, tandis que 24 se sont abstenus et 93 ont dénoté par leur absence. La balance aurait-elle pu être renversée si les 705 députés du parlement s’étaient prononcés ? Rien n’est moins sûr.

Toutefois, rien n’est encore figé : une négociation aura lieu entre le Parlement et le Conseil Européen, afin de préciser les positions de chacun des 27 Etats membres. Quant aux mesures intermédiaires du plan climat de l’Union Européenne, elles conservent un objectif de -15% de réduction de CO2 en 2025 et de -55% en 2030. En somme, tous les secteurs devraient être impactés. Pour rappel, la consommation d’énergies fossiles par les transports en Europe est de 29% sur un total de 71%, tous secteurs confondus.


Aucune alternative possible ?

La texte n’aborde ni l’hybride, ni les carburants synthétiques et les agrocarburants (éthanol). En cela, la radicalité du projet risque d’être dramatique sur plusieurs plans : l’exclusion sociale - déjà amorcée par les ZFE (Zones à Faibles Emissions) - des particuliers pour lesquels l’acquisition et / ou l’usage d’un véhicule électrique ne pourra satisfaire tous les besoins, mais aussi la mise en danger des constructeurs, condamnés à bannir tout véhicule "impropre" de sa production pour l’Europe. Aussi, la santé économique des entreprises liées de près ou de loin à l’industrie automobile serait touchée. Et que dire du potentiel effet "Havana", pour reprendre l’exemple cubain, qui créerait un parc majoritairement composé de véhicules thermiques usagés ?

Luc Chatel, président de la Plateforme française automobile explique que « c’est un grand saut dans le vide et un sabordage industriel » tandis que Hildegard Müller, présidente de la VDA (fédération des constructeurs allemands) indique que «  la voie pour des solutions technologiquement diversifiées devrait toujours être ouverte. En outre, pour atteindre les objectifs climatiques, les e-fuels sont également nécessaires ».

Dans l’état actuel des choses, un tel virage à 180° vers l’électrique est-elle une solution pérenne ? Elle aura plusieurs conséquences : des investissements colossaux dans les infrastructures de recharge (actuellement insuffisantes), une pollution importante si l’électricité est tirée de centrales à charbon (comme en Allemagne) et bien entendu, l’extraction intensifiée des matériaux premières (lithium, cobalt, terres rares, ...) et ses répercussions sur l’environnement.

De fait, parier uniquement sur le véhicule électrique d’ici 13 ans est un risque qui invite à la réflexion. Comme le précisait la FFMC (Fédération des Motards en Colère) lors des assises organisées au Cap d’Agde les 4 et 5 juin 2022, une co-existence entre les différents types de sources énergétiques offrirait une alternative plus pertinente, équilibrée et viable pour tout un chacun.

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