Drame
Le 23 août, à l’appel de la Fédération française des motards en colère d’Yonne (FFMC 89), une vingtaine de motards s’est rassemblée devant le tribunal de grande instance d’Auxerre pour assister au procès faisant suite au décès d’un motard survenu en juillet dernier.
Ce jour-là comparaissait en correctionnelle un automobiliste ayant provoqué la mort d’un motard néerlandais de 62 ans, le 9 juillet 2017 à Savigny-en-Terre-Plaine, aux portes du Morvan, sur la D954. Pourquoi un tel émoi au sein de la communauté motarde icaunaise pour ce qui pourrait n’être qu’un accident parmi d’autres ?

Mort étouffé
Après enquête, il a été établi que le jeune homme se trouvait en état d’ivresse lorsqu’il a percuté le motard qui arrivait en sens inverse. L’autopsie a révélé que ce dernier est mort étouffé sous le poids de sa moto, celle-ci lui ayant cassé plusieurs côtes. « Le choc en lui-même ne fut pas forcément très violent, mais suffisant pour provoquer la chute du motard dans le fossé » explique la FFMC 89. « Malheureusement, suite à cette collision, le motard s’est retrouvé coincé sous sa Goldwing au niveau du thorax. Ce qui nous révolte c’est que le chauffard a repris la route comme si de rien n’était. »
L’automobiliste de 27 ans a été interpellé - quatre jours après l’accident - à son domicile à Dijon. Il est passé en comparution immédiate le 17 juillet. L’audience aura finalement lieu le 23 août, l’homme ayant demandé un délai pour préparer sa défense.

Pas vu la moto
Lors de l’audience, l’automobiliste, policier de profession, a reconnu avoir pris la route sous l’emprise de l’alcool, malgré les injonctions de ses amis l’invitant à rester sur place. Il affirme s’être endormi au volant et avoir été réveillé par le choc. Il se serait arrêté un peu plus loin puis serait remonté à pied d’une dizaine de mètres en amont sans voir la moto dans le fossé. L’argument a convaincu le tribunal qui n’a pas retenu le délit de fuite et a condamné le conducteur à 2 ans de prison avec sursis, à l’annulation de son permis de conduire et à une obligation de suivi de soins psychologiques et addictologiques. La substitute du procureur avait requis 1 an de prison ferme avec mandat de dépôt.

Incompréhension
Cette clémence, liée à la non reconnaissance du délit de fuite, a particulièrement ému les motards de la FFMC 89 ayant suivi l’affaire. « Il est très étonnant de ne pas voir une moto si imposante, avec ses feux de détresse en fonctionnement, alors même qu’elle était visible par les habitants du village à plusieurs centaines de mètres de là » souligne la FFMC. La fédération s’étonne aussi de « la précipitation de l’automobiliste à effacer toute trace de l’accident sur son véhicule, alors que celui-ci était parfaitement en état de rouler ».

Le parquet fait appel
Trouvant ces éléments particulièrement incohérents, et estimant la peine prononcée particulièrement clémente, la FFMC 89 a écrit à la procureure pour lui faire part de ses observations et de son incompréhension. Celle-ci a décidé de faire appel. L’auteur devrait comparaître à nouveau, devant la cour d’appel de Paris, dans quelques mois.

Publicité