L’abaissement de la vitesse de 90 à 80 km/h sur le réseau secondaire dépourvu de séparateur central devrait permettre d’éviter 350 à 400 morts sur nos routes chaque année. Voilà pour le discours officiel qui s’appuie sur les travaux de Göran Nilsson menés il y a 35 ans et selon lesquels « un abaissement de la vitesse de 1% induit une variation du nombre d’accidents de 2% et une variation du nombre d’accidents mortels de 4% ». Une expérimentation a bien été mise en place sur des tronçons français, histoire sans doute de valider le bien fondé de cette équation. Etrangement les conclusions de l’étude n’ont pas été rendues publiques, ce qui n’empêchent par les autorités de chanter les louanges de la mesure. On sait par contre que le radar installé sur la RN151 dans l’Yonne flashe 6 fois plus depuis que la vitesse est passée de 90 à 80.

En éloignement et en rapprochement
Qu’en sera-t-il sur les 400 000 kilomètres de routes secondaires qui devraient voir leur vitesse maximale ramenée de 90 à 80 km/h ? Logiquement, le nombre d’infractions pour excès de vitesse devrait également connaître une croissance fulgurante du fait notamment du déploiement des radars embarqués Gatso Milla dans des voitures banalisées. L’Etat promet d’en déployer 440 cette année et d’en confier la conduite à des sociétés privées. Pour mémoire, ces voitures radars peuvent « flasher » à l’arrêt mais également et surtout dans les deux sens de circulation. Ainsi, vous pourrez être épinglés en arrivant face à une voiture de ce type ou en la doublant.

Le piège se referme
Il est temps de prendre votre règle à calcul pour suivre la démonstration de nos collègues du Point et du site spécialisé RMNG (Radars Mobiles Nouvelles Générations). « Pour pouvoir effectuer un contrôle, la différence de vitesse minimum entre le véhicule porteur (radar) et le véhicule cible doit être de 20 km/h. » indique RMNG. Rappelons par ailleurs qu’une tolérance de 10 km/h est appliquée pour les radars en mouvement. Donc, sur une route limitée à 80 km/h (anciennement 90), le PV sera envoyé à partir d’une vitesse effective de 91 km/h. Et comme il doit y avoir un différentiel de 20 km/h entre le véhicule porteur et le véhicule cible, le premier devra donc circuler à 71 km/h - et pas au-delà - pour pouvoir flasher dès le premier km/h d’infraction. Il est donc très probable qu’en voyant ce véhicule se déplaçant à cette faible allure, de nombreux usagers, motards ou automobilistes, soient tentés de mettre un coup de gaz pour le dépasser et de se mettre, par la même, en infraction, ne serait-ce que le temps du dépassement. La vigilance est donc plus que jamais de rigueur si vous voyez un véhicule rouler à une vitesse « anormalement » faible. Quant aux dépassements, il faudra les faire sur un filet de gaz, ce qui les rendra d’autant plus longs et dangereux, puisqu’ils s’effectueront à contre sens. Cherchez l’erreur !

3,5 fois plus de flashs sur le périphérique parisien
De la même façon, nos confrères d’Auto Plus révélaient qu’entre 2013 et 2014, les infractions relevées sur le périphérique parisien avaient fait un bond de 138 138 à 461 596 ! Entre ces deux dates l’anneau parisien voyait sa vitesse maximale autorisée (VMA) passer de 80 à 70 km/h.
Banco !

Pétition
Contre le caractère arbitraire de cette décision et tous les doutes qui persistent quant à sa réelle efficacité en termes de sécurité routière, la FFMC a lancé une pétition qui a déjà réuni plus de 20 000 signatures.

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