Du charme
Au premier regard, elle m’a franchement tapé dans l’œil… ou fait de l’œil. La 500 Crossfire dévoile une silhouette racée soulignée par une selle café racer, des jantes à rayons, un réservoir aux formes recherchées, une peinture sobre et un style minimaliste. Cette demoiselle est bien la dernière-née des néorétros, mais d’un style plus futuriste que classique. Elle ne laisse que peu de doute sur les inspirations de ses concepteurs viennois : la signature de l’optique avant a des airs de Moto Guzzi et ses lignes évoquent la Husqvarna 701 Svartpilen. Un contact plus rapproché permet de déceler un réel sens du détail : pontet de fourche, carters moteur, repose-pieds antidérapants, poignées en caoutchouc et cache-radiateur arborent fièrement les signes de la marque. À noter également, cet élégant réservoir aux flancs façonnés en forme de X. Bref, Brixton nous en met plein la vue ! On regrette tout de même l’absence de vernis sur les autocollants et les quelques fils grossièrement ficelés au niveau des tés de fourche.
Inspirée des motos classiques, la 500 Crossfire n’embarque que l’essentiel : un écran LCD élémentaire et deux trousses sous la selle : une d’outils et une de premiers soins...
Une diva qui a du coffre
Trêve de flatterie, voyons ce que la « petite » diva a dans le twin ! Contact mis et démarreur sollicité, le charme opère en l’espace d’un éclair. Le bicylindre en ligne 4-temps de 486 cm3 libère un doux ronronnement, à la sonorité étrangement familière. Et pour cause, une nouvelle génération de moteurs chinois (celui-ci est produit par Gaokin) s’inspire du très réputé Honda CB 500 (lire ici l’essai de la CB 500 X) reconnaissable à son architecture, et délivre une puissance compatible A2 (47,5 ch à 8 500 tr/min) sans recourir au bridage.
Alors, ça donne quoi un twin chinois ?
Si certains sont pointés du doigt pour leur tempérament trop aseptisé, celui de la Brixton s’avère plutôt généreux et joueur. Délivrant 4,38 m.kg à 6 750 tr/min, il permet de rouler sur le couple et à mi-régime où l’on apprécie sa réponse énergique et constante. Mais c’est en haut du compte-tours, à notre grand étonnement, qu’il s’affirme et libère ses watts, soit entre 6 000 et 8 500 tours. Pour accompagner cette ascension, le simple échappement fuselé en acier inoxydable s’exprime d’une voix rauque, mélodieuse et assurée, pour, une fois les gaz coupés, pétarader joyeusement. Voilà de quoi réjouir ! Attention toutefois à rouler sur le bon rapport. En sous-régime, le twin cogne.
Belles prestations d’ensemble
La 500 Crossfire atteste d’une réelle facilité de prise en main. En condition urbaine, ses 190 kilos tous pleins faits, son guidon large (757 mm) et sa selle basse (795 mm) lui confèrent la maniabilité attendue. Veillez toutefois à vous installer au fond de la selle pour pallier sa largeur conséquente au niveau de l’entrejambe.
À son guidon, la position est détendue, le buste droit et les jambes pliées juste ce qu’il faut pour une conductrice de 1,70 mètre. Les commandes souples rehaussent son confort malgré quelques craquements de la boîte de vitesses lors du passage des deux premiers rapports. À noter quelques à-coups d’injection à l’ouverture des gaz à bas régime.
À la hauteur
La Brixton n’a finalement rien à envier aux roadsters traditionnels. La moto s’avère stable en courbe et offre un bon équilibre de suspensions, sous réserve de régler la fourche et l’amortisseur arrière, trop souple d’origine. Notons enfin que les jantes à rayons non tubeless sont chaussées de Pirelli Angel ST qui, essayés seulement sur le sec, donnent satisfaction et que les simples disques J.Juan à l’avant et à l’arrière sont très efficaces même si l’ABS se déclenche assez rapidement.
Le verdict
Brixton, marque de KSR Group, mise tout sur le design. Disponible à partir de 5 999 €, la 500 Crossfire est une machine plutôt aboutie, malgré une autonomie plus réduite que ses concurrentes, les Benelli Leoncino (5 999 €), Voge 500 R (5 495 €) et Honda CB 500 F (6 399 €). Mais le plus bel atout de la Crossfire est son look bien à elle qui n’essaye pas de singer la concurrence, une carte maîtresse dans un créneau où le style prime. Reste que la moto est homologuée Euro 4, et ne pourra sans doute plus être vendue telle quelle à partir du 1er janvier 2021.