J’en vois déjà qui grimacent...« Ah, une 400 cm3, encore une machine pour le marché asiatique et sud-américain que l’importateur essaye de nous fourguer parce qu’il l’a au catalogue... » Bon, on ne dira pas le contraire, tant il est vrai que ce genre de petite cylindrée n’est pas destiné en priorité à nos pays riches friands d’engins toujours plus puissants, plus gros, plus chers. Pourtant, à y regarder de près, cette Ninja 400 pourrait bien être la machine idéale dans un environnement routier de plus en plus anxiogène ! Limitations, réglementations, pollution, répression...Et si la solution venait d’une moto légère, suffisamment puissante pour vous emmener partout et techniquement simple ?
Moto pour tous
Plutôt bien construite, la Ninja 400 est peut-être la moto que beaucoup attendent, qu’ils soient jeunes permis ou expérimentés, puisque cette moto s’adresse à tous. Enfin, à tous... Avec une nette préférence pour les petits et moyens gabarits ! Car il faut le dire, c’est une moto aux mensurations contenues. Et même si Kawasaki a fait en sorte qu’elle soit visuellement valorisante, elle reste une 400 cm3. Côté ergonomie, on est sur une position typée sport-GT avec des demi-bracelets au-dessus des tés de fourche et des repose-pieds placés bien en arrière. La selle est galbée, de quoi se « caler » contre l’avant de l’assise passager. Une fois bien installé, on se dit que l’on peut aborder sereinement ville, route, et autoroute.
Moteur sportif mais souple
Au démarrage, le twin parallèle calé à 180° émet un son régulier, lequel est magnifié par l’échappement optionnel Akrapovic de notre modèle d’essai (660 €, gloups !). Les premiers tours de roues se font dans la douceur. La moto est légère et le bicylindre souple au pas, ce qui rend les évolutions lentes faciles. En ville, la Ninja 400 sera donc à son aise.
Juste le temps de prendre nos marques et nous voilà sur les routes des spéciales du rallye de Corse, avec comme ouvreur Bruno Langlois, pilote Kawa dont la spécialité est la course américaine de Pike’s Peak ! Avec lui, il n’y a qu’une chose à faire au guidon d’une moto : mettre du gaz... Hop, je rentre deux rapports, ce qui place immédiatement l’aiguille du compte-tours vers les 7 500 tours, puis je soude l’accélérateur à m’en casser le poignet. Le moteur rentre ainsi dans sa phase de puissance, occasionnant une poussée franche. C’est clair, les 45 chevaux sont bien là, et comme la moto tire très court, on est très loin du comportement d’un utilitaire du Sud-Est asiatique, qu’on se le dise ! De plus, la boîte de vitesses est rapide et son étagement parfait pour rester dans les tours. Question couple en revanche, le twin ne peut pas faire de miracles, même s’il se montre souple et capable d’enrouler sur le dernier rapport à un régime assez bas. S’il faut mettre un coup de collier, rentrer deux rapports s’impose.
Rigoureuse et ludique
S’agissant de la tenue de route, la Ninja a tout bon. Elle se montre équilibrée et stable, même avec des suspensions peu sophistiquées ( juste une précontrainte sur l’amortisseur arrière). Mais pour obtenir un résultat convenable, il faut raffermir l’arrière, trop « mou » d’origine. Et comme la Kawa joue dans la catégorie poids plume et qu’elle est chaussée de pneus étroits, la balancer d’un pif à un paf se fait sans effort. En conclusion, la tenue de route de la Ninja est plus que sa- tisfaisante (voir notre vidéo) et permet de s’amuser dans le sinueux.
Mais tout n’est pas rose pour la... verte : son freinage avant exige une poigne de bûcheron pour un effet juste correct. Compte tenu des performances de la moto, un étrier plus efficace (à 4 pistons opposés, par exemple) serait le bienvenu, tout comme un maître-cylindre plus haut de gamme. Heureusement, le frein arrière se montre à la hauteur pour seconder son camarade en première ligne...
Le verdict
À la fois amusante et sérieuse, la Ninja 400 offre sur le réseau secondaire des performances presque aussi intéressantes que celles d’une machine de plus grosse cylindrée. Il n’est donc plus d’actualité de rester frileux à l’endroit des « petites bécanes ». Attention, ces motos ont quand même leurs limites (confort sur long parcours, duo, capacité d’emport, etc.), mais pour qui roule en solo et le plus souvent sur départementales et nationales, la Kawa donne satisfaction. Reste le tarif, 5 999 € en noir : c’est cher, mais eu égard au coût réduit au kilomètre (consommation, usure, assurance), on peut vite rentrer dans ses frais !