Au premier regard, c’est tout juste si l’on remarque cette nouvelle évo- lution de la R 1200 R. La firme à l’hélice a en effet été timide sur le coup de crayon. Sur cette version Classic, on note tout de même d’emblée les jantes rayonnées et la peinture bicolore, mais pour le reste, il faut avoir l’œil. Cette variante vintage se pare donc de rétroviseurs et d’un échappement chromés ainsi que d’un moteur et d’un cadre tubulaire d’un traitement gris mat. Pour le reste, elle reprend l’équipement du roadster de base dont les changements majeurs sont donc le moteur à arbre à came en tête et des bras de fourche de plus grosse section. De visu, la Classic ne déçoit donc pas, mais on aurait aimé plus d’audace, notamment sur les formes, encore trop anguleuses.
En confort
Pour se consoler, on apprécie l’équipement généreux de ce roadster. Avec une selle large, épaisse et moelleuse, il reçoit pilote et passager dans un excellent confort. Et pour stationner convenablement, on peut compter sur une béquille centrale stable et facile à mettre. Enfin, notre version d’essai recevait les options ordinateur de bord, suspensions pilotées ESA, antipatinage et poi- gnées chauffantes. Le top.
C’est à l’occasion des Coupes Moto Légende, sur le circuit de Dijon-Presnois, que nous avons pris en main cette nouveauté, la route y menant rassemblant tous les profils souhaités : lignes droites au milieu des champs, longues courbes au parfait revêtement et relief bourguignon tourmenté. Connue pour distiller des sensations filtrées sur le premier tiers du compte-tours, cette nouvelle mécanique à double arbre (et 4 soupapes) confirme ce statut de twin civilisé. Mais passé 6 000 tr/min, elle sort de sa réserve et marque sa différence avec panache. Les versions européennes profitent d’une puissance non négligeable de 110 ch. C’est donc à ces régimes élevés (6 000 à 8 000 tr/min) que les différences avec la précédente génération sont les plus palpables.
Pour le reste, on retrouve les (bonnes) sensations précédemment constatées, mais on regrette que la sélection n’ait pas gagné en précision. Les faux points morts ne sont pas rares si l’on ne se montre pas ferme sur le sélec- teur. Autre atout de cette motorisation : sa sobriété. Sur départementale, la conso contenue entre 5 et 5,6 litres aux cent autorise 380 à 400 km d’autonomie ; une vraie prouesse pour cette cylindrée.
Côté partie-cycle, pas de changement. Les prestations du roadster reposent toujours sur le sérieux couple Telelever (avant) et Paralever (arrière), notre modèle ayant reçu l’option ESA. Face à la fougue du moteur, on regrette cependant que les suspensions ne soient pas plus fermes une fois réglées sur le mode « Sport ». Sollicitée généreusement, la R 1200 R ne se montre pas d’une rigueur exemplaire, les suspensions pompant exagérément sur les bosses. En mode « tourisme », elle se montre en revanche parfaite, son aisance à prendre de l’angle et sa capacité à filtrer les cahots de la route faisant d’elle une alliée de choix quel que soit le trajet. Au chapitre freinage enfin, on ne sera pas déçu par la puissance du système, malgré un levier un peu spongieux. Notre machine était également équipée d’un ABS sans reproche.
Verdict
Difficile de bouder son plaisir une fois à bord de cette nouvelle R 1200 R Classic, les performances générales étant de très haut niveau. Mais les 800 € supplémentaires exigés pour cette version portent la facture à 13 075 € (sans les options de notre machine d’essai), ce qui n’est franchement pas donné ! À ce prix, on regrette aussi que le look rétro ne soit pas davantage travaillé pour que cette Classic sorte un peu plus de l’ordinaire.