-« Alors que vous vous étiez inscrit au Bol d’or 2019, vous venez d’annuler votre participation. Que s’est-il passé ? »
- « Participer au Bol d’Or, une épreuve de rang mondial, représentait pour nous un rêve de gosse que seule l’endurance autorise. Cette discipline a ceci de magique qu’elle permet à des amateurs de côtoyer des professionnels. Notre participation représentait l’aboutissement de toutes ces années de travail et de recherche de partenaires, sans lesquels rien ne serait possible. Cette participation devait aussi beaucoup à notre extraordinaire équipe de bénévoles et à son état d’esprit hors du commun. Ce Bol c’était une histoire d’hommes et de femmes, tous passionnés et unis pour la réalisation d’un objectif commun : vivre une expérience inoubliable et tenter d’aller au bout de l’aventure. Malheureusement, nous ne prendrons le départ du Bol cette année à cause d’une modification de règlement de dernière minute qui a imposé, à tous les teams, une essence unique à un tarif élevé. »

-« Pouvez-vous nous en dire plus ? »
- « Nous avons appris, la veille des pré Bol - où nous étions présents avec nos pilotes Frédéric Albas, Thomas Souques, Michael Brilliaut et Sébastien Dupond - que nous devions utiliser une essence unique avec un indice d’octane de 102 et un tarif initialement annoncé à 3,85 € le litre.
Très vite, plus d’une vingtaine de team managers se sont positionnés contre ce nouveau règlement. Des discussions avec le promoteur ont permis de faire baisser légèrement le prix du litre qui restait malgré tout cher. Je peux comprendre que le promoteur impose une essence unique pour des questions de sécurité dans les paddocks, mais cette annonce aurait dû être faite plus tôt. En si peu de temps, nous n’avions pas la possibilité de passer notre moto au banc et de préparer une cartographie adaptée à cette essence. Cette décision aurait aussi pu être reportée à la course suivante, histoire de laisser aux teams le temps de s’organiser.
L’utilisation de ce carburant nous imposait également, au minimum, d’acheter deux radiateurs de gros volume (3000 € pièce) pour éviter tout risque de surchauffe. Cela représentait une somme importante pour notre équipe et notre partenaire n’a pas voulu suivre.
Comme il était hors de question que je laisse place au hasard pour les réglages et la préparation de la moto pour cette première épreuve en mondial d’endurance, j’ai préféré déclarer forfait. »

-« Une décision dans doute très difficile à prendre. Pourtant le promoteur a décidé finalement de fournir de l’essence sans plomb 98. Pourquoi avoir maintenu votre retrait ? »
- « L’annonce officielle a été faite tardivement ; j’avais déjà déclaré forfait. Le litre de 98 nous était proposé à 2 € ce qui restait bien que plus cher qu’en station.
Effectivement, cette décision a sans doute été l’une des plus dures à prendre depuis que je dirige le team. Mais, risquer de ne pas aller au bout de l’épreuve faute de disposer du temps et du budget nécessaires pour une préparation parfaite - tout ça à cause d’une modification de règlement de dernière minute - aurait été encore plus décevant. »

-« Quel est votre programme pour 2020 ? »
- « Nous nous réunissons ce week-end avec l’équipe pour en parler. Avant cette annonce, notre objectif était de préparer un mondial complet. Aujourd’hui cela semble plus compliqué sans disposer de budgets conséquents. Avec toutes ces modifications de règlements et le pourcentage de qualification qui se réduit année après année, nous allons peut-être continuer à travailler pour aller chercher une victoire aux 24 heures de Barcelone. Nous allons aussi faire rouler nos pilotes dans d’autres catégories, en vitesse et en supermotard. Notre objectif premier est de continuer à prendre du plaisir et à passer de bons moments avec l’équipe.
Nous avons également d’autres projets dont nous vous parlerons dans les semaines à venir. Et qui sait, si nous ne reviendrons pas encore plus forts ! J’en profite d’ailleurs pour remercier mon équipe qui m’apporte un soutien sans faille et tous nos partenaires pour leur confiance de tous les instants. »

- « Jérôme, pouvez-vous nous détailler votre parcours et nous expliquer pourquoi avoir fait le choix de la compétition ? »
- Jérôme Pentolini : « Passionné de moto de très longue date, je me suis d’abord engagé dans la défense des motards grâce a Léopold Talou qui, en 2007, m’a permis de découvrir le mouvement FFMC et ses différentes structures. J’ai tout de suite adhéré au projet qui consistait à défendre notre passion et nos intérêts auprès des pouvoirs publics.
En parallèle, le milieu de la compétition me faisant rêver depuis toujours - comme beaucoup d’entre nous - j’ai créer une association en 2012 qui donnerait naissance à mon team. L’aventure Challenge 2R pouvait commencer. Nous avons d’abord fait rouler des pilotes en vitesse puis en 2014, nous nous sommes engagés sur notre première course de 24h, à Barcelone. Nous avons participé six fois à cette épreuve, avec une 6e place au classement général comme meilleur résultat. »

Texte : Jean Libertario

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