Essai

Lancée sur le marché français en 1993, la première génération de Sprint était résolument tournée vers le voyage. Mais au fil des évolutions, la belle d’Hinkley a vu ses prestations se radicaliser vers un usage sportif. Cette nouvelle venue renoue donc avec le concept initial, les remaniements apportés le confirment. La tête de fourche reçoit un bloc optique plus large, la bulle gagne quelques centimètres en hauteur mais surtout, toute la partie arrière est pensée pour cet usage tourisme plus affirmé : le bâti arrière a été considérablement modifié pour recevoir deux valises latérales de 31 litres chacune et les échappements hauts ont migré sur le côté droit pour laisser place à la structure d’accueil des bagages.

Cerise sur le gâteau, un bel emplacement est désormais disponible sous la selle pour loger un antivol. L’empattement, la chasse et la traînée ont été par ailleurs été augmentés pour une plus grande stabilité. Mais c’est surtout sur l’équipement que la firme a fait de gros efforts. On retrouve ainsi, en plus des deux valises, des poignées passager, une béquille centrale, un vide-poches, un amortisseur réglable par molette et surtout un ABS dorénavant de série. Sur le papier, la Sprint GT devient donc une sérieuse protagoniste dans la catégorie grand-tourisme.

Et sur route, qu’est ce que ça donne ?

Le premier contact met immédiatement en évidence l’augmentation du poids. Avec 18 kg de plus que l’ancienne ST, cette évolution demande des bras pour être maniée à faible vitesse. Certes, la position de conduite a été relevée et aide à la manoeuvre mais une fois chargée, cette machine pèse son poids.

Souplesse au programme

Avec un couple légèrement accru (le reste de la mécanique est inchangé), le trois-cylindres de 1050 cm3 conserve sa fougue légendaire et enchante par ses vocalises. Souple, il s’accorde à merveille à un usage tourisme, acceptant, s’il le faut, de tracter l’équipage à 1500 tr/min sur le dernier rapport. Pour les étapes autoroutières, la 6e tire désormais un peu plus long, utile pour la longévité de la mécanique tout comme la consommation.
À la conduite, la Sprint a gagné en stabilité ce qu’elle a perdu en vivacité. L’évolution est flagrante dans les petits enchaînements où elle doit être guidée avec fermeté pour s’inscrire en courbe.
Cette inertie nouvelle tranche avec l’agilité de sa devancière, un défaut que seul l’expérience de conduite permet de compenser, l’utilisation des freins, par ailleurs puissants, endurants et dosables, ayant tendance à verrouiller la direction.

Côté suspensions, on n’hésitera pas à rajouter de la précharge pour relever légèrement l’arrière et encaisser avec plus de finesse les déformations du bitume, le confort étant lui au rendez-vous, un bon point pour une moto destinée à rouler longtemps.

Verdict. Certes, le prix de ce modèle a grimpé de 450 euros (13.440 euros), mais son aptitude nouvelle au tourisme le place avantageusement sur un créneau où la concurrence est beaucoup plus chère et pas toujours bien équipée (une FJR 1300 coûte 16.999 euros). Et si l’ajout de la bagagerie et le renforcement du bâti arrière ont sévèrement augmenté son poids, ses prestations dynamiques de qualité et sa forte capacité d’emport parviennent à faire oublier ce gros défaut.
Pour une reconversion délicate, la Sprint 1050 GT met finalement dans le mille.

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