Douglas, la capitale, est une immense fête foraine et les villages situés tout au long du parcours offrent une multitude de manifestations. Le chiffre d’affaire des commerçants pendant le TT doit être certainement le plus important de l’année et trouver un restaurant à Douglas ou Ramsey est pratiquement mission impossible le soir.

Dans les paddocks en revanche, la vie est un long fleuve tranquille. Contrairement à ceux des MotoGP ou même des épreuves de 24H, ici rien n’est fermé. On peut regarder les mécaniciens travailler, admirer les motos, rencontrer les pilotes… Tout est conçu pour réduire la distance entre les pilotes (certains sont des vraies stars ici) et le public. C’est un autre monde auquel on est malheureusement plus habitués !

Des courses spectaculaires

Toutes les courses, de la Superbike aux motos électriques, en passant par les Supersports ou les Side-cars, se déroulent sur un parcours de 60 km, seul le nombre de tours change. La première moitié de la course traverse l’Île d’Est en Ouest et remonte jusqu’à Ramsey. C’est rapide et parfois spectaculaire, surtout lors de la traversée des villages. La deuxième partie descend jusqu’à Douglas par la montagne. Ici c’est carrément hyper rapide, avec des pointes à plus de 300 km/h.

Massé tout au long du tracé, le public bénéficie d’un spectacle unique. Voir les pilotes passer à des vitesses incroyables au milieu des trottoirs, des murets ou encore sur un revêtement parfois très bosselé, force l’admiration. Ici tout le monde est conscient que le moindre erreur n’est pas permise. L’issue serait souvent fatale…

Mais alors, que penser de ces pilotes qui effectuent un tour à plus de 200 km/h de moyenne ? Ce sont des super hommes ou tout simplement des inconscients ? « Ni l’un ni l’autre », répond John McGuiness, le plus titré parmi les pilotes présents. « C’est une question de mental, mais surtout beaucoup de travail pour arriver à faire corps avec la machine. La mise au point des suspensions, par exemple, demande beaucoup de temps, mais c’est surtout le pilotage qu’il faut adapter aux conditions de la route. Un pilotage en douceur, sans gros freinages ni transferts de masse intempestifs sont la règle. »

À défaut de course Senior pour cause de mauvais temps, John gagnera deux courses cette année (Superbike et Superstock). Son compteur affiche désormais 19 victoires et seul le regretté Joey Dunlop le précède, avec 26 victoires. Les autres vainqueurs seront cette année Michael Dunlop en Supersport, Ryan Farquhar en Lightweight (bicylindres 650), Dave Molyneux/Patrick Farrance en Side-car et le vétéran Michael Rutter en TT Zero (motos électriques).

Ce dernier a par ailleurs fait tomber, tout comme McGuiness arrivé second, la barre des 100 miles de moyenne et encaisse un chèque de 10.000 livres sterlings (environ 12.500 euros). Même si l’on est encore loin des performances des motos à « combustion interne », les piles qui équipent la MotoCzysz de Rutter et la Mugen de McGuiness ne cessent de progresser. On devrait en reparler dans quelques années…

Un pèlerinage à faire

Malgré le lourd tribut que les pilotes ont payé en 105 ans d’existence (plus de 230 pilotes sont décédés depuis 1907), le Tourist Trophy de l’Île de Man est à vivre au moins une fois dans une vie de motard. Il n’y aura pas d’absolution, comme dans certaines destinations religieuses, ni de chants de sirènes pour vous ensorceler. Venir à l’Île de Man ce n’est pas un jeu de cirque ! C’est juste un voyage pour vivre et partager sa passion pour la course.

Même si la publicité a envahi les carénages des motos et que la vie sur l’Île y est plus chère pendant les courses du Tourist Trophy, on est loin des paillettes d’un MotoGP. Ici tout reste accessible, y compris le tracé que l’on peut emprunter le jour après la dernière course. La police locale ferme les yeux, mais cela ne veut pas dire que les gens ne sont pas responsables.

Venir ici enfin, c’est aussi rendre hommage à tous les pilotes qui ont écrit l’histoire de cette course immortelle. Tout au long des 264 virages du circuit de Snaefell Mountain, les noms de grands comme Mike Hailwood, Giacomo Agostini, Phil Read ou Joey Dunlop résonnent encore…

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