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En ce mois de juillet 2010, le moto-club La Bressaude fêtait la 20e édition de sa Montée impossible. Ainsi, son président, Damien Antoine, et les nombreux membres du club basé dans la petite station des Vosges avaient vu les choses en grand.
Au programme, une manche du championnat de France et du championnat d’Europe avec, en prime, des montées en nocturne. Nous profitons de cet événement pour vous emmener dans les coulisses de cette discipline hors normes.

Un parcours très technique

La piste du Moutier des Fées se situe dans un cadre extraordinaire avec, en face, la ligne des crêtes du massif vosgien.
Longue de 177 mètres, elle comporte une première pente inclinée à environ 45°, une partie centrale presque plate puis qui descend (après une bosse) vers une cuvette et, enfin, une montée qui dépasse les 60° sur une longueur de 90 mètres.
Mais cette dernière n’est pas du tout régulière. On trouve en effet des petits murs très techniques et surtout une rampe finale qui approche les 80°.

Pour Julien Saporiti, pilote local et en tête du championnat de France avant cette épreuve, « La Bresse c’est une montée très technique. Ce n’est pas la plus difficile du circuit, mais elle comporte des passages qui cassent le rythme de la montée et de plus, elle a tendance à se dégrader énormément au fil des passages, car sous la terre, il y a de la roche ».
Vue d’en bas, elle est en tout cas impressionnante, et l’on a vraiment du mal à imaginer que le mur final puisse être escaladé par une moto.

Des motos hors norme

Côté moto justement, on voit de tout. Il y a des 4-cylindres, des 4-cylindres auxquels on a enlevé un cylindre, des bicylindres compressés, des doubles moteurs… Les bras oscillants sont tous rallongés (voir article technique), et les roues arrière sont soit celles d’un dragster, soit de dimensions standard avec des godets.
Pratiquement tous les pilotes utilisent des clous, voire des chaînes. Certaines motos sont vraiment de belles réalisations, et on dirait même que les pilotes s’amusent autant dans leur atelier qu’à monter la montagne !

Côté règlement, tout est permis ou presque. Au contrôle technique, les commissaires surveillent surtout la longueur du garde-boue arrière, qui doit être perpendiculaire à la limite du pneu arrière, la protection du pignon de sortie de boîte et le coupe-circuit, qui doit être relié à la poignée du pilote. Bruit, puissance, suspensions, type de moteur... Tout le reste est libre.

Des cordes et des crochets

En haut de la piste, dans la seconde moitié du parcours où se produisent souvent les chutes, des commissaires récupérateurs sont placés avec cordes et crochets pour éviter que le pilote ou sa moto ne dévalent la pente qui vient d’être gravie. C’est un travail fou, épuisant et qui demande une sacrée dose d’équilibre et de culot. On comprend en tout cas la nécessité d’avoir un garde-boue enveloppant.

Pour mesurer la distance parcourue, l’un d’eux court jusqu’à l’axe de la roue avant au moment où la moto tombe et plante une mire de géomètre. Un appareil de visée placé en bas de la piste permet d’efffectuer un relevé précis. Si le but est bien sûr d’arriver en haut et le plus rapidement possible, il faut savoir qu’il y a environ 95 motos sur 100 qui n’arrivent pas au sommet ! C’est donc le parcours effectué qui permet d’établir un classement.

Hargne, gamelles et free styles

Le départ d’une Montée impossible est vraiment palpitant. Alors que la musique est à fond, que le speaker se déchaîne en encouragements, que les échappements de la moto au départ crient toute leur rage, le pilote, lui, ne voit qu’une chose : le sommet de la côte ! Le départ est comme une délivrance, pour lui, sa moto et les spectateurs.

Cela ne dure qu’une vingtaine de secondes, souvent moins. Sur la totalité du week-end, ceux qui parviendront au sommet se comptent sur les doigts d’une main. Certains planteront leur moto à 2 mètres de la ligne d’arrivée, d’autres ne réussiront jamais à passer la moitié de la deuxième côte.

Les gamelles sont spectaculaires, surtout quand la moto se cabre ou se retourne, mais ces chutes sont presque toujours sans gravité. Le style de pilotage est finalement assez peu homogène. Il y a d’un côté ceux qui conduisent comme des trialistes, tout en finesse, debout et en s’aidant de l’embrayage. Il y a ceux qui ne s’embarrassent pas trop du style et qui foncent vers le sommet poignée de gaz grande ouverte.

Le spectacle en tout cas est permanent et le public, venu en masse et souvent local, n’en perd pas une miette. Il n’est pas rare de voir des familles entières, du grand-père à la petite fille, se délecter du show. Contrairement à d’autres disciplines moto, la Montée impossible se déroule dans un cadre naturel et non pas dans un circuit fermé, d’où son succès.

Sur le podium

Pour la petite histoire, seulement quatre pilotes réussiront à atteindre le sommet de la Montée de La Bresse. Xavier Boutiton (voir vidéo), champion d’Europe en titre, gagnera en championnat de France, tandis que l’Estonien Pöldma Urmas s’imposera en championnat d’Europe avec le meilleur temps du week-end.

Si vous avez l’occasion d’assister à une Montée impossible, n’hésitez pas un seul instant. C’est un spectacle qui vaut vraiment le coup tant d’un point de vue compétition que d’un point de vue technique. Espérons seulement que la liberté qui est laissée aux pilotes dans la réalisation de leur machine puisse continuer à rester de mise, et que les éventuels règlements restrictifs ne viennent pas perturber cette belle discipline.

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