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L’autosatisfaction de Brice Hortefeux (page 2) L’autosatisfaction de Brice Hortefeux (page 1)

On est content…
Nous ne manquerons pas, à Moto Magazine, de nous satisfaire d’un nombre d’accidents de moto en baisse. Nous défendons en effet, aux côtés de la FFMC et de la Mutuelle des Motards, une pratique de la moto propice au plaisir et non au drame. Nous publions des messages de prudence et des conseils de conduite. Alors… Bravo et merci ? Eh bien non ! L’autosatisfaction du ministre de l’Intérieur nous interpelle, pour plusieurs raisons.

…mais on a des doutes
La première, c’est qu’il est toujours gênant d’entendre parler de « seuils », de « barre symbolique », quand on traite de la mort de conducteurs (lire le commentaire du journal Le Monde à ce sujet).
Par ailleurs, la Sécurité routière n’est passée à l’Intérieur qu’au cours de l’année 2010. Il est donc un peu fort de voir le ministre des forces de l’ordre s’attribuer les bons résultats. La SR, ce n’est pas que du contrôle routier. Monsieur Hortefeux oublie un peu vite le travail de terrain, des militants dans les associations, dont ceux de la FFMC.

Salade interne… à l’Intérieur
Et puis, ces données officielles sont-elles contrôlées par un organisme extérieur ? Non ! Les statistiques sur lesquelles se base monsieur Hortefeux sont issues de bulletins (connus sous le nom de « Fiches Baac ») remplis par les gendarmes et policiers à la suite d’un accident mortel. Des fonctionnaires qui dépendent du... ministère de l’Intérieur.
Elles sont ensuite analysées par l’Observatoire national de sécurité routière (ONISR), qui est lui aussi, désormais, placé sous l’autorité du ministre de l’Intérieur. Enfin, elles sont rendues publiques et diffusées par... le ministère de l’Intérieur lui-même. Cette omnipotence ne choque personne ? Nous, si !

Campagne électorale ?
Rappelons que le président de la République, Nicolas Sarkozy dont Brice Hortefeux est un proche, a fait de la politique de sécurité routière l’un de ses chevaux de bataille en vue de l’élection de 2012. Il a prédit « moins de 3.000 morts sur les routes », dans cette perspective.

Qui pourra contredire les chiffres, qui ne manqueront pas de tomber au début de l’année prochaine (2012, tiens tiens…) ? Personne !
« Le ministère de l’Intérieur a la mainmise sur la production et la diffusion du bilan des accidents de la route », s’émeut Marc Bertrand, délégué Sécurité routière de la FFMC, bien seule à douter de leur véracité dans le concert médiatique qui suit l’annonce de ce bilan.

Et la neige dans tout ça ?
Quand bien même le nombre de tués à moto aurait réellement baissé de 20 % entre 2009 et 2010, l’action des forces de l’ordre ne pourrait en être, seule, à l’origine. Les spécialistes de la FFMC avancent plusieurs causes, très différentes : « La sinistralité est en diminution constante depuis 1972, on est donc dans une suite logique, ce n’est pas nouveau », préviennent-ils.

« Ce sont des chiffres provisoires, qui ne tiennent pas compte des décès à 30 jours. Il faudra attendre, au minimum, février 2011 pour avoir le bilan définitif. Par ailleurs, un contexte spécifique a contribué à réduire la circulation des 2RM en 2010 : deux mois de froid et de précipitations neigeuses (en janvier et en décembre) mais aussi le mouvement social d’octobre, avec un approvisionnement aléatoire des stations-services. » Ajoutons qu’un été au climat humide a freiné les ardeurs des adeptes du deux-roues en mode ludique.

Les motards sont les meilleurs !
Enfin, allons-y nous aussi de notre couplet d’auto-satisfecit : et si les conducteurs étaient de plus en plus vigilants quant à leur sécurité ? « L’amélioration de la sécurité routière est en partie due au travail de prévention des associations depuis 30 ans, notamment avec la FFMC, principale représentante des usagers du deux-roues motorisés », précisent les Motards en Colère. Comment ça, au ministère de l’Intérieur personne ne croirait à ce dernier argument ?

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