Pour les plus cinéphiles d’entre nous, le remplacement d’une motorisation thermique vers l’électrique évoque le classique « Retour vers le futur 2 », où les anciens véhicules sont reconditionnés en voitures volantes : on pense à l’iconique DeLorean, mais aussi à la BMW 633 CSI du turbulent Griff Tannen.
Par ailleurs, nous sommes nombreux à avoir fantasmé les véhicules volants à l’aube du 21e siècle. Mais avec le « rétrofit » des moteurs - projet figurant dans la loi d’orientation des mobilités (LOM) -, c’est tout autre chose qui nous attend cette année.

Le « swap » électrique des anciens véhicules
Concrètement, il s’agit de remplacer le moteur thermique « polluant » d’un véhicule par son homologue électrique. Une idée qui peut paraître saugrenue, mais qui pourrait éviter - logiquement - d’envoyer bon nombre de machines à la casse. Pourquoi ne pas donner une seconde vie à un vieux CB 500, condamné à la destruction ?
Un concept de reconditionnement pertinent, et plus écologique que de construire un véhicule neuf.

Niveau homologation, ça coince, mais pas trop
Chaque transformation majeure d’un véhicule doit être soumise à l’autorisation du constructeur. Pas une mince affaire au vu des nombreux détails techniques et administratifs à constituer. Mais le ministère de la transition écologique a plus d’un tour dans son sac « plastic free » : sans plus de détails, l’homologation devrait être facilitée grâce à une alliance de la Direction générale de l’énergie et du climat (DGEC) et du Centre national de réception des véhicules (CNRV). En plus d’un réseau d’installateurs agréés, l’entreprise Retrofuture, experte dans la conversion électrique des véhicules, se trouve dans les starting-blocks.

Toujours un problème de prix et d’autonomie
Si le concept donne à réfléchir, le « rétrofit » a encore du chemin à faire pour se démocratiser. Les prix restent très élevés : il faut compter entre 10 et 30 000 €, hors prime écologique, pour une voiture « rétrofitée » avec une autonomie de 100 à 150 km. Les batteries n’étant pour l’instant pas commandées en quantités industrielles, des réductions de coûts ne peuvent s’appliquer.
On constate donc qu’outre la question du prix exorbitant, l’autonomie pose une nouvelle fois problème lorsqu’on ne s’appelle pas Tesla. Et quid de la fiabilité ? Tout reste encore à prouver.
Pas de détails non plus concernant la conversion d’un 2-roues thermique vers l’électrique.

Un projet d’avenir ?
La Commission européenne n’ayant pas reçu de contribution défavorable au 14 février dernier, le projet devrait être autorisé ce mois-ci. Grenoble, dans le cadre de l’extension de sa ZFE (Zone à faibles émissions), s’associe à l’entreprise Phoenix Mobility et propose déjà une aide financière en amont pour le « retrofit » des petits et grands utilitaires. Les premières ventes de véhicules « rétrofitées » devraient se réaliser en juin, à une échelle plus industrielle.

Déjà opérationnel en Italie, en Allemagne et en Autriche, le « retrofit » demeure confidentiel dans ces contrées. Ce qui peut légitimement nous questionner sur les chances de succès de ce concept chez nous.

Reste à voir si, dans les années à venir, cette conversion concurrencera réellement les véhicules électriques neufs des grandes marques. Et si bien entendu, s’il s’étendra aux 2-roues.

Publicité