D’après Frédéric Jeorge, le ministère ne doit pas se contenter de faire vérifier l’affichage des prix dans chaque école de conduite, mais doit surtout analyser le contenu de la formation, qui n’a pas de prix. En matière de formation, l’étiquette compte autant que l’éthique…
Le ministre s’engage à clarifier l’affichage du tarif pratiqué par les écoles de conduites, ce qui semble plutôt positif. Pourquoi l’AFDM n’est pas entièrement satisfaite ?
Frédéric Jeorge L’étude de CLCV, comme la réaction du ministre, sont légitimes. Nous demandons aussi aux écoles membres du réseau AFDM une transparence tarifaire. Le problème est de restreindre la question de la formation à son prix, ainsi qu’au taux de réussite de chaque école, et d’en faire un gage de qualité. C’est le rapport qualité-prix qui compte. Une école qui affiche ses tarifs et met en avant des prix attrayants n’est pas forcément une école recommandable. Cet indice a parfois tendance à favoriser les écoles qui bachotent au détriment de la qualité d’ensemble de la prestation fournie. Ou bien, si on affiche ce taux, alors que ce soit par examinateur, et en harmonisant les jugements pour que l’épreuve soit vraiment notée partout de la même façon !
Quand on parle de qualité de la formation, de quoi parle-t-on exactement ? Peux-tu énoncer le cahier des charges que s’engage à remplir une école adhérant à l’AFDM ?
La priorité est l’état d’esprit : nos enseignants sont eux-mêmes motards. Leur objectif n’est pas uniquement de faire passer le permis, c’est avant tout d’enseigner à conduire en sécurité et avec responsabilité. Cela passe par un ensemble d’engagements, notamment un nombre réduit d’élèves (trois pour un instructeur en plateau, deux en circulation, chacun avec une moto) ; une large place accordée à la théorie en salle et à la compréhension de la route, plus qu’à une maîtrise technique parfois surévaluée ; des méthodes pédagogiques approfondies et basées sur la réalité de conduite ; un refus du bachotage contre-productif ou des formations accélérées pour les novices, etc.
Combien d’écoles de conduite sont-elles adhérentes de l’AFDM, et où peut-on les trouver en France ?
Nous avons actuellement une soixantaine d’écoles reconnues, réparties sur tout le territoire métropolitain. La liste avec les coordonnées complètes est disponible sur le site http://ecoles.afdm.org. Y figurent également des conseils pour choisir une école s’il n’y a pas encore d’adresse reconnue près de chez vous, en regardant justement un peu plus loin qu’une simple grille de tarifs ! Nous invitons d’ailleurs les responsables d’écoles qui se concentrent sur la qualité, et souhaitent le faire savoir, à nous contacter. Et comme le permis n’est qu’une étape dans l’apprentissage de la route, qui se fait tout au long de la vie, l’AFDM propose aussi des stages de perfectionnement post-permis, en s’appuyant sur un réseau associatif d’animateurs bénévoles et professionnels, et des interventions de prévention en entreprise.
Les tarifs que pratiquent les écoles AFDM sont obligatoirement plus élevés que ceux de leurs collègues (ou plutôt concurrents) qui font du low cost ?
Non, pas forcément. Il est important de bien analyser ce que comprend un tarif. Bien souvent, un tarif très bas cache quelque chose : heure supplémentaire exorbitante, frais de dossier ou d’examen non inclus, pas d’assurance complémentaire, cours de code uniquement sur DVD, moniteurs sous-payés malgré l’importance de leur travail… Pour la moto, les prix anormalement bas ne sont rendus possibles que par un trop grand nombre d’élèves par moniteur et des cours bâclés. En auto comme à moto, le forfait d’appel de 20h est rarement suffisant. Beaucoup d’élèves auront besoin de plus, et finiront par payer bien plus cher. Une école éthique, qui mènera une évaluation initiale objective et proposera un forfait approprié, pourra non seulement afficher une meilleure approche, mais aussi se retrouver moins chère tous comptes faits. On passe le permis pour la vie, cela justifie d’investir dans la qualité !
Finalement, l’AFDM est-elle plutôt en accord avec CLCV, ou bien résolument contre ce type d’enquête et la médiatisation qui s’ensuit ?
Dénoncer les pratiques des boîtes à permis et les graves méfaits du bachotage fait partie des objectifs du mouvement FFMC depuis ses premières Assises, en 1980. L’AFDM a été créée pour répondre à cette problématique, en proposant des formations de qualité au coût le plus juste, avec le soutien de son partenaire, la Mutuelle des motards. Nous ne pouvons que nous féliciter que cette thématique soit reprise et mieux connue du public, mais nous craignons les effets pervers lorsque le message est réduit à l’éternelle rengaine du « permis trop cher ». L’étude de CLCV va bien un peu plus loin, et mentionne quelques critères de qualité, mais ce n’est pas ce qui est mis en avant et repris dans les médias, alors que c’est le plus important.