Combat politique
Sa victoire, Christophe Najdovski l’a aussitôt saluée sur Twitter :
Vote unanime #conseildeparis voeu contre stationnement /trottoir pr 2 roues motorisées @n_km et @Anne_Hidalgo désavouées ! #placeauxpietons
— Christophe Najdovski (@C_Najdovski) 17 Décembre 2013
Le candidat écologiste fait ainsi de ce dossier un sujet politique. Il tente de mettre en porte-à-faux deux autres candidats à la mairie de Paris, Anne Hidalgo pour le PS et Nathalie Kosciusko-Morizet pour l’UMP.
Ambiguïtés
Pourtant, le vœu est ambigü :
« Au prochain Conseil de Paris, les écologistes déposeront un vœu pour créer de nouvelles places de stationnement dédiées aux véhicules deux roues motorisés sur chaussée et faciliter aussi leur stationnement en parking (« en ouvrage ») », est-il écrit. Jusqu’ici, tout va bien.
Mais c’est en justifiant ce choix que C. Najdovski se lâche :
« Anne Hidalgo et Nathalie Kosciusko-Morizet souhaitent toutes les deux réduire encore l’espace disponible pour les piétons parisiens en créant des places pour deux-roues motorisés sur les trottoirs ou en diminuant leur verbalisation. C’est un non-sens en termes d’écologie, de sécurité et de tranquillité publique », explique-t-il.
La tournure laisserait à penser que la volonté de ses adversaires, comme des utilisateurs de motos et scooters, serait de prendre la place des piétons sur les trottoirs. Un non-sens…
Stationnement gênant mais toléré
Les policiers parisiens n’ont pas besoin de l’avis du conseil de Paris pour poursuivre motos et scooters : le stationnement des 2-roues motorisés sur le trottoir y est, ainsi que dans toute ville de France, considéré comme « gênant ». C’est le code de la route qui le stipule. L’infraction augure d’une contravention de 1ère classe.
Sauf que, à Paris, une circulaire datant d’avril 2008, émise par le préfet de police, incite les agents verbalisateurs à la clémence. Tenant compte des carences en parkings 2-roues, le préfet demande de ne pas verbaliser motos et scooters sur trottoirs qui ne gêneraient pas la progression des piétons, fauteuils roulants et autres véhicules de secours.
Élections municipales
En rédigeant ce vœu, Christophe Najdovski souhaite surtout peser dans la campagne électorale, et répondre à Anne Hidalgo et Nathalie Kosciusko-Morizet, qui ont toutes deux récemment émis des propositions sur le stationnement 2RM.
Selon Le Parisien, la candidate PS Anne Hidalgo propose la création de 20.000 nouvelles places 2RM sur chaussée ainsi que la matérialisation d’emplacements sur les trottoirs larges, là où cela ne gêne en rien la progression des passants.
Contre-allées
La question n’est pas de soustraire le trottoir parisien aux piétons, mais de marquer des places de parking 2RM sur des espaces larges, entre les arbres ou sur les contre-allées par exemple, là où les passants ne déambulent pas. La ville de Barcelone, en Espagne, utilise cette solution depuis près de dix ans, en bonne entente entre promeneurs et conducteurs.
Cette idée n’est pas nouvelle : elle constituait un engagement de la ville, inscrit dans la charte 2-roues que le maire, Bertrand Delanoë, a signé en 2007 avec l’antenne parisienne de la Fédération Française des Motards en Colère (FFMC-PPC). Elle n’a jamais été appliquée.
Stationnement souterrain
Sa rivale, l’UMP Nathalie Kosciusko-Morizet, a proposé 50.000 places supplémentaires en ayant recours au stationnement souterrain payant. Et demande de la clémence dans la verbalisation du stationnement gênant sur les trottoirs.
En proposant ce vœu au conseil de Paris, Christophe Najdovski a réussi un coup politique, mais contribue à opposer conducteurs de deux-roues et piétons. L’enjeu du vote, pour les élus, n’était plus : où garer les 2-roues ? Il devenait : quelle place laisser aux piétons ? Imparable : aucun élu ne prendrait le risque de se mettre les piétons à dos…
Urgence
Pour autant, la question du stationnement des 2RM n’est pas réglée, alors qu’elle se pose d’urgence : à Paris, entrent quotidiennement 150.000 motos et scooters. Le parc de 2RM a été multiplié par deux en une décennie et représente désormais plus de 15 % des véhicules en circulation.
Il existe actuellement 26.000 places de stationnement dédiées, auxquelles il convient d’ajouter 15.000 emplacements mixtes moto-vélo. Largement insuffisant… Les 2-roues sont donc stationnés sur les trottoirs.
Mais la circulaire préfectorale de 2008 n’est plus respectée par les agents verbalisateurs : en 2011, 101.085 PV pour stationnement gênant concernaient des motos et scooters à Paris. 26 % de plus qu’en 2010.
Intérêts politiques
Les conducteurs de deux-roues motorisés se garant à Paris sont tout simplement pris en étau entre les intérêts politiques des uns et des autres. Une situation regrettable.
En attendant que cet enjeu se règle, il est conseillé aux conducteurs de stationner au minimum sur les trottoirs, et s’ils ne peuvent faire autrement, de laisser une place suffisamment large pour les piétons, fauteuils roulants, etc. En cas d’amende, il est conseillé de suivre la procédure de contestation préconisée par la FFMC-PPC sur son site (rubrique : stationnement non gênant).