Depuis ce matin, la capitale a adopté une nouvelle vitesse maximale : désormais, à Paris, c’est 30 km/h partout sauf en de rares endroits et, fort heureusement, sur les boulevards périphériques. Ce changement ravit bien évidemment les écologistes et nombre de Parisiens qui appellent de leurs vœux une baisse de la pollution. Un résultat qui risque toutefois de ne pas être à la hauteur des espérances, tant la mesure peut aussi sembler plus démagogique que pragmatique. Ce qui est sûr, c’est que la mesure fait débat.
Le 50 km/h devient l’exception
Où rouler à 50 km/h à partir de ce lundi 30 août dans la capitale ? Sur les boulevards des Maréchaux, dans les bois de Vincennes et de Boulogne, sur le Champs-Élysées et quelques rares autres portions (avenue Foch, de la Grande Armée, quelques portions des quais de Seine…). Enfin, ça, c’est théorique, car la vitesse moyenne de circulation dans Paris est de l’ordre de 15 km/h… de fait, quel est le sens de cette nouvelle limitation qui s’impose à tous les autres voies, désormais soumises à la règle du 30 km/h ?
Ce qui est sûr, c’est que les Parisiens sont pour : une consultation menée sur ce sujet, tenue du 27 octobre au 27 novembre 2020, montre que 70 % des Parisiens sont pour… et que 61 % des franciliens sont contre, à raison, puisque ce sont eux qui sont plus concernés par cette mesure, en réalité.
Le sens de l’histoire ?
Côté politique, les acteurs de cette mesure s’en réjouissent d’avance, bien évidemment. Ainsi, David Belliard, adjoint EELV à la Mairie de Paris, en charge des mobilités, de la voirie et de la transformation de l’espace public, parle dans les colonnes du JDD et sur le plateau de BFMTV, à la fois « d’avance considérable » tout en précisant que « cela peut paraître contre-intuitif, mais la diminution de la vitesse fluidifie le trafic en réduisant les effets d’accélération et de décélération ». Ce n’est pas très intuitif, en effet.
Motards et automobilistes, attention : la trentaine de radars fixes opérant dans la capitale sera recalibrée et les contrôles routiers seront plus fréquents.
Outre le gain en sécurité (un piéton heurté à 30 km/h souffre de blessures moins lourdes qu’à 50 km/h, une vitesse à laquelle le pronostic vital est souvent engagé), en bruit (une baisse de 4 dB serait attendue), la mesure vise surtout à faire baisser la pollution.
Un argument contredit par l’étude menée par le Cerema.
Rouler moins vite, mais polluer plus ?
En effet, une étude du Cerema, publiée le 17 août dernier, démontre que, paradoxalement, baisser la vitesse peut accentuer la pollution. Un argument souligné par Jean-Marc Belotti, coordinateur de la FFMC Paris PPC, qui explique qu’à 30 km/h, nombre de motos circulent sur le premier rapport, ce qui est une hérésie.
Réalisée à la demande de la Direction générale des infrastructures, des transports et de la mer (DGITM), l’étude du Cerema évalue les facteurs qui ont un impact sur les émissions polluantes et gaz à effet de serre (GES). Résultats ? On pollue nettement plus à 30 qu’à 50 km/h, comme le montre cette infographie.
Selon cette étude, les « meilleures vitesses » pour moins polluer se situent entre 50 et 90 km/h. Pire encore : les émissions à de faibles vitesses, soit 10 à 20 km/h, sont équivalentes à celles produites à grande vitesse (100 à 110 km/h).
Le débat n’a donc pas fini de diviser et nul doute que la lecture et l’interprétation des prochaines relevés de pollution donnera lieu à de nouvelles polémiques.