La charte est paraphée par les associations représentant les usagers à deux-roues. Reste maintenant à la faire connaître aux motards. Un guide va être édité et distribué au plus grand nombre. (texte complet en PDF en bas de page)

Le maire de Paris, Bertrand Delanoë, a paraphé lundi 19 mars la « Charte des 2-roues motorisés », fruit de trois ans de concertation avec les associations représentant motards et scootéristes. « Je ne suis pas anti-voitures ou anti-moto, je suis pour qu’on trouve un moyen de vivre ensemble », a clamé l’édile socialiste, rassembleur et ouvert.
« Ce n’est pas totalement satisfaisant, mais plutôt un premier jet », a expliqué Jean-Marc Belotti, signataire du document pour la Fédération Française des Motards en Colère de Paris-Petite Couronne (FFMC-PPC). « On attend que la Préfecture de police de Paris signe elle aussi ce document. »

Jean-Marc Belotti, de la FFMC Paris-Petite couronne, signe la charte. «  C’est un premier pas vers la reconnaissance de pratiques quotidiennes comme la circulation inter-files », se satisfait le motard.

Le « non » de la Pref’
C’est le hic de cette histoire : la Préf’, qui représente le maintien de l’ordre dans la capitale, et dépend du ministère de l’Intérieur, s’est prononcée contre le point essentiel contenu dans cette charte, qui a fait l’objet de plusieurs réunions avant rédaction définitive : la circulation des deux-roues à moteur (2RM) entre les files de voitures dans les embouteillages. Le texte prend ainsi d’infinies précautions pour détailler ce qu’est cette pratique, mais il la valide, et c’est la première fois en France qu’un document officiel reconnaît que les motards et les scootards ont le droit de s’immiscer entre les voitures pour gagner du temps dans les bouchons, à condition de ne pas rouler trop vite, évidemment.

« Nous sommes des précurseurs », se félicite Bertrand Delanoë, et il a raison. Pourtant, la mission est inachevée : tant que la circulation inter-files ne fera pas son entrée dans le seul règlement qui régit la circulation routière en France, à savoir le Code de la Route, cette pratique ne sera pas officiellement reconnue. Et visiblement, à la Préfecture de police de Paris comme au ministère de l’Intérieur, donc plus largement au gouvernement, on ne veut pas en entendre parler !
« Nous avançons à petits pas, et je ne serais pas surpris qu’un jour, la Préfecture signe la charte », s’est avancé, malicieux, Bertrand Delanoë... Avant ou après l’élection présidentielle ?

Remontée de file : l’avis des candidats
Dans le dossier spécial que Moto Magazine consacre au scrutin national (N°236, avril 2007, le 29 mars dans les kiosques), Ségolène Royal se prononce pour l’expérimentation de la circulation inter-files. Nicolas Sarkozy, lui, est résolument contre. Il préconise la création très improbable d’un couloir pour les 2RM sur les voies rapides urbaines. « C’est une position démagogique de plus de la part du candidat de l’UMP », répond le maire de Paris. Motos et scooters sont au cœur de la campagne présidentielle !

Denis Baupin était aux côtés de Bertand Delanoë lors de son discours. L’adjoint au maire chargé de la circulation, membre des Verts, a longtemps été rétif aux deux-roues à moteur, comme de nombreux élus de son parti. Mais, conscient que ce mode de transport est plébiscité par les Parisiens, il s’est ouvert à la concertation. Il lui reste qu’à accepter que les motos puissent circuler dans les couloirs de bus.

Stationnement sur les trottoirs
Les motards ont obtenu que soit mentionnée dans la charte l’autorisation de stationner sur les trottoirs. Évidemment, à condition de ne pas gêner les passants, les handicapés, les poussettes... Et la mairie stipule clairement que « le préfet de police a assuré le maire que les principes proposés par la charte orienteraient l’action de verbalisation de ses services, qui serait concentrée sur les stationnements gênants et dangereux ». Il faudra seulement se méfier de l’appréciation des termes « gênants » et « dangereux » qu’ont nos amis policiers... L’idéal aurait été d’obtenir la matérialisation d’emplacements sur les trottoirs larges, par du marquage au sol. Ce n’est pas le cas. « Nous avons du mal à faire avancer les pouvoirs publics, qui sont méfiants, concède Jean-Marc Belotti. Mais nous allons continuer à nous battre, et à travailler en concertation avec la mairie de Paris. »

Faire avancer les mentalités quant à l’acceptation des motos et scooters dans la ville n’est pas aisé. Il en a fallu, des réunions, pour aboutir à cette charte imparfaite. L’augmentation de 42 % du nombre de 2RM à Paris depuis 10 ans a également contribué à convaincre des élus qui voient se profiler les élections municipales de 2008. En chassant la voiture de Paris, Delanoë a largement contribué à faire croître le nombre de deux-roues à moteur. Il a prouvé ce lundi que ce mode de transport le gênait moins que l’automobile.

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Portez les couleurs de la FFMC qui est l’un des artisans de la signature de cette charte

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