Quartier bouclé, contrôles d’identité, menaces de verbalisation et de saisie des motos… Vendredi 12 juin au soir, les forces de l’ordre ont déboulé avenue des Cambuses, dans la zone d’activité nord de Limoges (87), afin d’interdire le rassemblement de stunters qui se déroule à cet endroit à chaque début de week-end.
Rassemblement depuis 20 ans…
Le rendez-vous est presque incontournable pour les passionnés de moto de la région. Depuis plus de 20 ans, des stunters ont pris l’habitude de se réunir tous les vendredis soir sur une portion de route inutilisée, avenue des Cambuses à Limoges, située dans la zone d’activité commerciale (ZAC).
Ils sont une vingtaine à assurer le show, parfois devant une foule de près de 500 spectateurs. C’est un spectacle bon enfant, il n’y a pas de prise de risque inutile. De ce rassemblement entre copains, une association est née en 2011 : Runners 87.
Association Runners 87
Elle est composée de jeunes, âgés de 15 à 17 ans, qui veulent faire valoir ces rassemblements. Pour cela, ils se sont rapprochés de la Fédération française des motards en colère de Haute-Vienne (FFMC 87), qui les aide dans leurs démarches d’officialisation.
La FFMC 87 ne les encadre pas vraiment, mais apporte son soutien pour les canaliser et les sécuriser. Une ambulance est même positionnée sur place, financée par des dons bénévoles récoltés lors des rassemblements.
Un face-à-face qui dérange
En dépit de ces démarches citoyennes destinées à rendre légale une pratique alternative de la moto, vendredi 12 juin, une ridicule démonstration de force de la part de la préfecture de Haute-Vienne a eu lieu : une dizaine de véhicules étaient réquisitionnés. Ce soir là, la zone a entièrement été bouclée par les forces de l’ordre. Les personnes voulant accéder au site ont dû présenter leur pièce d’identité, et la police s’est empressée de noter les coordonnées sur un registre. Le motif invoqué était que « ces rassemblements sont interdits ».
Revendications claires
Que demandent ces jeunes ? C’est simple : un endroit pour assouvir leur passion de la moto et du stunt dans la meilleure sécurité possible.
Depuis plusieurs années, la FFMC 87 a pris le dossier en main, enchaînant les rendez-vous avec les responsables locaux de la mairie et de la préfecture, mais en vain. « Les seules réunions qui ont lieu n’aboutissent à rien et repoussent toujours un peu plus l’échéance », constate, dépité, un militant de la FFMC 87.
Après le changement récent d’équipe municipale, et la promesse du nouveau maire, Émile-Roger Lombertie, de s’occuper réellement du dossier, un espoir était né, mais un an plus tard, le doute s’installe à nouveau.
Illégalité = insécurité
En attendant, malgré les menaces de la police, les jeunes de Runners 87, qui rêvent seulement de trouver un lieu d’expression à l’image du circuit Carole (93) ou de la piste d’accélération de Labarde (Bordeaux Bacalan), continueront à pratiquer de manière sauvage et sans aucune sécurité. Faudra-t-il attendre un accident grave avant que la municipalité ne prenne enfin une décision responsable ?
Pour terminer sur une note positive, le stunter, Florian « Bugs » Carminot a fait une petite démonstration, avec quelques amis, sur un parking prêté gracieusement par le propriétaire d’une concession moto. Preuve que la solidarité trouve toujours expression dans le milieu motard.
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