Benoît voulait quelqu’un de confiance pour se présenter auprès de Mike Kron, qui n’était pas chaud pour prêter sa moto. La Münch vaut dans les 80 000 euros… Je lui ai montré des photos de mon bouclard et ça allait mieux. Il a un beau petit atelier. C’est un homme connu dans le milieu de la moto.
Raconte-nous le tournage : c’était aussi marrant que le film semble le montrer ?
Depardieu, la première journée, il a cramé l’embrayage de la Münch… Ils lui ont fait recommencer une prise plusieurs fois. Or, sur la Mammut, la première est en haut et il l’a passée 200 fois en bas. L’embrayage n’a pas supporté. Ils m’ont tous regardé… J’ai fabriqué une nouvelle tige pour pousser l’embrayage. J’ai fait regarnir les disques d’origine. Huit jours plus tard, je revenais avec la moto réparée. C’est la première fois qu’on m’a applaudi pour une réparation ! Ils m’appelaient tous les jours… Je leur ai dit à la fin que ça n’irait pas plus vite parce qu’ils m’appelaient !
Le proprio a fait la tête ?
On ne lui a rien dit, on lui a expliqué après. Comme il avait sa moto de retour en bon état, ça allait. Il a convenu que l’embrayage était l’un des points faibles de ce modèle.
As-tu roulé sur la Mammut ?
J’étais la doublure de Depardieu quand il y en avait besoin. Une fois, ils me guidaient sur les petites routes de Charente, moi en moto et eux en montgolfière. J’allais plus vite et ils m’ont paumé ! J’étais perdu dans la campagne charentaise. Je suis rentré plein pot et je me suis fait flasher par un radar automatique ! Les flics disposent donc dans leurs archives d’une photo d’un pseudo-Depardieu chevauchant une Münch. Un cliché collector ! Ils ne doivent pas savoir à qui l’envoyer : la plaque était fausse pour les besoins du tournage.
Depardieu était heureux sur la Münch ?
Il a des motos lui aussi, on voit qu’il a l’habitude de rouler. Il se déplaçait sur un scooter du tournage à son hôtel. Il aime la bonne bouffe, aussi… On a tourné une scène du film dans mon garage. Il y avait 150 cagouilles (escargots), il les a tous mangés !
Vous étiez chargé de bichonner la moto… Une lourde tâche ?
Je m’en occupais, je la promenais, je faisais la doublure de Depardieu… Je la garais le soir dans mon bouclard. Ils avaient peur de tout, du vol, de la panne. Ici il n’y a pas de voleurs, surtout pour une vieille moto. Il faut vraiment être spécialiste pour savoir qu’elle vaut 80.000 euros. J’ai fait des bornes avec, comme si c’était la mienne. C’était un plaisir. C’est une grosse bécane assez lourde, l’équivalent d’une 1100 Yam’. Mais quand t’accélères, ça part bien.
Ce tournage reste-il un bon souvenir ?
Je n’y connais rien, c’était mon premier, mais les professionnels disaient que c’était cool. On était nombreux à ne pas être du métier, ils aimaient bien. Pendant deux mois, on a bien rigolé, on a bien mangé, c’est une bonne expérience.
La bande annonce du film :