Le grand ralentissement
Anne Hidalgo, la maire de Paris, a clairement accéléré le rythme dans sa marche vers une refonte du périphérique qui passera, de manière de plus en plus certaine, par une réduction de sa vitesse à 50 km/h. C’est du moins l’une des 40 préconisations du rapport de la MIE (Mission d’information et d’évaluation) dont les presque 300 pages ont été remises en main propre à Mme Hidalgo mardi 28 mai lors d’une grande conférence de presse. L’évènement se tenait opportunément de l’autre côté du périphérique, dans un cinéma des Lilas (93). Le choix d’un tel lieu ne doit rien au hasard et se veut, symboliquement du moins, une réponse aux critiques de parisianisme que doit régulièrement essuyer l’équipe municipale en place, notamment depuis les interdictions de circulation strictes qui interdisent aux véhicules jugés trop anciens de fouler le sol de la capitale.

La moto, grande absente
À l’issue des 6 mois de travail de cette MIE, à laquelle il faut reconnaître le mérite d’être composée d’intervenants de couleurs politiques distinctes, l’urgence d’un changement de paradigme a semblé évident. Les experts mobilisés par le dossier ont vécu comme un "choc terrible" les révélations des médecins sur les conséquences de la pollution générée par cet axe de 35 km qui constitue la route la plus fréquentée d’Europe. Ainsi 400 000 riverains qui bordent le périphérique seraient exposés à des niveaux élevés de pollution aux dioxyde d’azote (NOx) et aux particules fines. Rappelons ici que l’abrasion des routes, des pneus et des freins - pour partie responsable de ces pollutions - est évidemment moindre sur un véhicule qui ne possède que 2 roues et dont le poids se situe entre 150 et 250 kg par rapport à celle générée par une voiture. Toujours dans un souci d’insister sur l’urgence qu’il y a à agir, les intervenants ont également parlé des 80 dB aux abords du périphérique, un niveau sonore supérieur aux valeurs recommandées d’exposition au bruit nous dit-on.

Désamorçage
Enfin, la présidente de la MIE, Laurence Goldgrab, a insisté sur la nécessité de développer l’autopartage afin d’augmenter le taux d’occupation des voitures qui n’est aujourd’hui que de 1,2 personne par véhicule. La commission n’a malheureusement pas ici considéré le 2-roues comme une alternative crédible alors même qu’une moto est a minima occupée à 50% quand elle ne transporte que son conducteur et à 100% en cas de duo. À l’issue d’un exposé qui a également abordé la question de la relance du fluvial et du ferroviaire pour limiter l’encombrement de nos routes, le verdict est tombé : « il faut en finir avec le tout voiture ». Anne Hidalgo qui a évoqué sa joie d’avoir entendu les oiseaux chanter sur le périphérique, le jour de sa fermeture pour désamorcer une bombe de la 2e guerre mondiale à La Chapelle, a indiqué : « C’est une nouvelle ère qui s’ouvre, celle où tout le monde prend conscience qu’on ne peut plus vivre comme avant ».

Le périph’ de demain : promenade et végétalisation
Ainsi pour rentrer dans cette nouvelle ère, divers angles d’attaque sont envisagés à commencer par la réduction de la vitesse du périphérique de 70 à 50 km/h afin de le transformer en boulevard urbain. Citant à plusieurs reprises l’exemple de Séoul, Anne Hidalgo aimerait voir un périphérique dont l’une des voies, transformée en jardin suspendu, permettrait d’accueillir les promeneurs et les enfants. La question de réserver une voie - celle de gauche - aux véhicules « propres » et de secours, aux transports en commun et au covoiturage semble aussi avoir retenu l’attention des édiles. Végétaliser le plus possible la rocade avec des plantes captatrices de polluants sur les parois et le terre-plein central a aussi les faveurs des élus, tout comme son interdiction aux poids-lourds.

C’est pour demain (ou presque)
S’il ne s’agit pour l’heure que de pistes de réflexion avec une réalisation à l’horizon 2030-2040 pour ce vaste plan « apaisement du périphérique », il faut savoir qu’Anne Hidalgo n’est pas certaine, de son propre aveu, d’y aller « aussi mollo que cela ». Et après avoir parlé de 2024, comme d’une date clé pour ce vaste chantier, la maire a immédiatement précisé qu’elle ne comptait pas attendre la tenue des JO à Paris pour la mise en oeuvre du 50 km/h. Attendez vous donc à ralentir plus vite que vous ne pourriez le penser. Premiers éléments de réponse attendus dès le prochain conseil de Paris qui se tiendra le 11 juin.

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