Balades en France

Entre la côte et le parc, l’arrière-pays recèle aussi de petits villages pittoresques et chargés d’histoire. Le « zéro-six » est un département qui pourrait largement occuper cinq semaines de congés payés. Surtout quand on sait que quelques dizaines de kilomètres à moto peuvent occuper jusqu’à une demi-journée, et qu’une simple départementale en lacets parcourue un matin d’été devient une pépite au rayon des souvenirs de vacances... Mais cinq jours, c’est déjà bien pour longer le parc du Mercantour et séjourner dans quelques-unes des portes d’entrée du domaine protégé...

Hisse et haut
Après des heures de lignes droites, de nationales et de départementales, le relief s’est accentué progressivement et la vitesse moyenne a chuté : Grenoble, Gap, Barcelonnette... Attention, dernière aire avant la montagne ! Encore quelques kilomètres faciles sur la D 900 jusqu’à Jausiers, et la D 64 nous entraîne en altitude, direction le redoutable col de la Bonette, via l’une des plus hautes routes d’Europe : 2 802 mètres ! Une altitude où des poignées chauffantes sont les bienvenues de septembre à mai... Dès l’automne, ce passage est souvent enneigé et fermé, mais à la belle saison, la route est un régal pour les amateurs d’épingles. Celles-ci s’enchaînent et ne se ressemblent pas toujours, enchâssées dans un panorama montagneux évidemment superbe.

La « Suisse niçoise »
Après Saint-étienne-de-Tinée, à visiter pour son patrimoine religieux notamment, cap sur Auron par la D 2205. Autrefois un simple hameau dédié à la culture des céréales et considéré comme le grenier de Saint-étienne, le village, perché à 1 600 m d’altitude, est devenu ces dernières décennies le centre de l’un des plus grands domaines skiables du département (il totalise 135 km de pistes).
Située aux portes du parc national du Mercantour, la station d’Auron, créée en 1937, a su conserver un cadre de vie traditionnel, un style familial et du charme. Ici, pas d’usine à ski, mais des demeures en bois et un petit centre-ville qui n’a rien perdu de son âme.
Après une nuit réparatrice, nous nous laissons entraîner plus au sud par la même D 2205. Elle longe la Tinée et les gorges de la Valabre, puis traverse le parc du Mercantour pour rejoindre Saint-Sauveur-sur-Tinée. La D 89 prend le relais jusqu’à Saint-Martin-Vésubie. Ce pittoresque village, surnommé la « Suisse niçoise », est posé au pied des montagnes à près de 1 000 mètres d’altitude, au cœur d’une forêt de 3 600 hectares aux essences variées. Les torrents du Boréon et de la Madone-de-Fenestre s’y donnent rendez-vous pour former la Vésubie. Saint-Martin est une autre porte d’entrée du parc du Mercantour.

L’eau est partout présente dans le village, traversé en son centre par un joyeux ruisseau appelé gargouille et destiné autrefois à nettoyer et arroser la ville. Aujourd’hui encore, il coule dans toutes les ruelles chaque vendredi. Saint-Martin-Vésubie est une cité de charme, où se dressent de vieilles maisons en pierre aux balcons en bois, parfois repeints aux couleurs du sud, et de nombreuses chapelles (dont une minuscule du XVe siècle). Tout près, les sentiers du lac du Boréon permettent même aux plus malchanceux d’apercevoir des chamois et, parfois, au détour d’un mont du Mercantour, le littoral ourlé du bleu scintillant de la Méditerranée... La route se poursuit toujours en direction du sud, par la D 2565 puis la D 2566, vers Sospel, notre prochaine étape. La Vésubie décide de nous quitter pour continuer son bonhomme de torrent vers le Var. Les nostalgiques de la Spéciale mythique du rallye de Monte-Carlo reconnaîtront les épingles du col de Turini, morceau de bravoure pour le pilote de course sur quatre roues, et récréation pour le touriste décontracté sur deux roues. Pas trop décontracté quand même, parce que le lieu donne le tournis... Il faudra à un moment ou un autre prendre le temps de s’arrêter, gagner de la hauteur et contempler le ruban de bitume qui n’en finit pas de serpenter. Une sorte de rêve éveillé.

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Un parfum d’Italie
Sospel tranche avec les précédentes étapes. L’ambiance y est plus italienne (la frontière est toute proche), plus médiévale, plus colorée. La Bévéra est encore enjambée par le pont Vieux (XIIIe s.), qui servait alors de péage entre le Piémont et la Méditerranée sur la route du sel... Rénové, il abrite aujourd’hui l’office de tourisme. Ville romantique par excellence, Sospel se visite à pied : façades en trompe-l’œil, rues pavées, fontaines et lavoir, anciens remparts, la ville est chargée d’histoire et de charme. Un avant-goût d’Italie entre la vallée des Merveilles et le Mercantour... La mer n’est qu’à quelques kilomètres, mais finalement, l’appel de la montagne est plus fort. En évitant soigneusement l’agglomération niçoise et en cheminant par de petites routes tortueuses, notre circuit abandonne Sospel pour rejoindre L’Escarène par la D 2204, puis Contes, Châteauneuf-Villevieille et Levens par la D 19. Après des kilomètres de zigzags, la roulante N 202 ne fait pas de mal ! Au-delà de Touët-sur-Var, une petite route sur la droite annonce les étonnantes gorges du Cians.

Commence alors une ascension sur fond de schiste rouge. Canyon de l’Enfer, Colorado niçois, les surnoms ne manquent pas à ce site étrange et quelque peu inquiétant. La D 28 finit par déboucher sur Beuil, puis Valberg. Née dans les années 30, c’est une des plus grandes stations des Alpes-du-Sud, dédiée au ski alpin et de fond. Les terrasses ensoleillées sont légion dans ce lieu animé été comme hiver grâce aux nombreuses activités possibles... Plus haut, Péone, au bord du Tuebi, demeure incontournable : village de caractère au pied de rochers ruiniformes sculptés par l’érosion, il offre une architecture mêlant influences alpine et italienne. Et dire que ce coin de montagne n’est qu’à une heure de route du littoral ! Heureux les Maralpins qui peuvent, dans la même journée, skier et piquer une tête...

Avec la participation d’Aldo Fusco, de Bruno Ginestet et de Philippe Morand.

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