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Depuis 2015, Paris a mis en place un « plan prévention bruit » visant à réduire les nuisances sonores liées au trafic routier. Pour l’élue Aurélie Solans, l’enjeu est de taille : « Réduire le bruit est une question de santé publique et un des défis de la mobilité durable ». Et si la conseillère de Paris déléguée à l’environnement sait que la mise en place de la ZFE dans Paris a aussi eu des effets bénéfiques sur le niveau de bruit, en écartant les véhicules les plus anciens, elle ne s’en satisfait pas pour autant. « Les 2RM sont en retard sur la question du bruit comme ils le sont sur celle de la pollution » explique la conseillère de Paris déléguée à l’environnement aux médias « convoqués » ce jour pour assister à la première sortie sonomètre des ASP. En s’appuyant ainsi sur la très contestable étude d’ICCT - qui ne s’est jamais intéressée au bruit - Aurélie Solans fait un raccourci qui jette, une nouvelle fois, l’opprobre sur le 2-roues thermique.

Des seuils de bruit irréalistes en ville
En évoquant le travail de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Aurélie Solans insiste sur les effets nocifs sur la santé d’une exposition à des niveaux de bruit trop importants : atteinte au développement cognitif des enfants, maladie cardio-vasculaire, stress et insécurité, notamment chez les piétons qui traversent la rue. L’OMS recommande, pour le bruit en provenance du trafic routier, des seuils pour le jour et la nuit, respectivement de 53 et 45 dB. Des objectifs sans doute réalisables en rase campagne mais peu compatibles avec le foisonnement de la vie parisienne. À titre de comparaison, une conversation courante génère 55 dB, un lave-vaisselle 45. Nous en étions très loin ce matin de septembre place du Châtelet, en plein centre de Paris. « Vouloir une ville qui respecte les normes de l’OMS » ressemble à un vœu pieux.

Stigmatisation et approximation
Sans chercher à minimiser la nuisance réelle que provoquent les adeptes du duo poignée dans le coin / silencieux déchicané, la stigmatisation systématique des usagers de 2 et 3-roues motorisés a quelque chose d’agaçant pour ce qu’elle comporte de jugement à l’emporte-pièce et de méconnaissance du sujet. Ainsi la confusion entre le niveau de bruit imposé par les normes d’homologation (Euro 4 à l’heure actuelle) et la valeur indiquée sur la carte grise reste un classique. Rappelons ici que toutes les motos doivent se conformer au même niveau de bruit lors de leur homologation et que le nombre de dB indiqué sur la carte grise ne sert qu’à faciliter la tâche des autorités pour les contrôles à la volée, les conditions de l’homologation n’étant pas reproductibles sur le bord de la route. Pour avoir tous les détails sur cette question, nous vous invitons à lire cet excellent article de la FFMC.

Opération ciblée
Qu’importent ces nuances, Paris reste agacé par le 2-roues et ne ciblait, ce matin-là, que ses amateurs. Une occasion en or pour les ASP de tester leur nouveau sonomètre et de se former à son utilisation, après l’échec cuisant de la première séance de contrôle à laquelle la presse avait été conviée en mars dernier. Soucieux de faire feu de tout bois, les agents ont été jusqu’à arrêter des scooters électriques ! Ne vous moquez pas, il ne s’agissait pas de contrôleur le bruit à l’échappement mais de verbaliser (45 €) l’absence de gants.

Double peine
Plusieurs motards ont aussi fait les frais de leur engouement pour les échappements libres. Noël - Z800 - et Woilid - MT07 - ont ainsi été allégés chacun de 2 fois 90 €. La première amende pour modification du pot, la seconde pour niveau de bruit plus élevé que celui mentionné sur le certificat d’immatriculation. Notre jeune motard en Yamaha qui - ironie du sort ! - rentrait d’une épreuve pour devenir motard de la police, pestait d’autant plus - « ça me coûte une semaine de salaire » - qu’il subissait là son 2e contrôle de la semaine, confirmant l’accélération du rythme des contrôles dans la capitale.

Mettre fin à la tolérance
Par cette opération éminemment médiatique, Paris souhaite clairement faire passer un message et signifier aux amateurs de lignes « full barouf » qu’il est désormais fini de jouer. La ville a d’ailleurs candidaté pour être territoire pilote et expérimenter, avec Bruitparif, les « radars » antibruit Méduse. Il s’agirait « d’établir la contribution des 2 et 3-roues au bruit global dans Paris ». Aurélie Solans a également écrit à la ministre de la Transition écologique, Élisabeth Borne, pour demander une modification de l’arrêté de 1985 qui accorde une tolérance de 5 dB lors des contrôles. À bon entendeur !

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