Le Conseil général de l’Allier (CG 03) a développé un système de panneaux routiers « fusibles » destiné à réduire les conséquences d’un choc avec une automobile. Ingénieux, le Systeject ! Grâce à une charnière métallique entre la fondation et le poteau, le panneau d’indication se casse s’il est percuté par une voiture. « Cette incidence évite que le véhicule ne s’enroule autour du panneau, et limite donc les risques pour ses occupants », se félicite Jean-Paul Luminet, ingénieur au CG03, qui a conçu Systeject.
L’idée lumineuse, développée et mise en fabrication par la société Nadia Signalisation, a fait le tour de France des services techniques de voirie. Le gouvernement s’en est emparé, attribuant même cette réussite à ses propres services, alors que le département de l’Allier est dirigé par un élu communiste, ce qui ne manque pas de piquant ! Mais le pire, c’est que le Premier ministre a présenté Systeject comme un outil imparable de sécurité pour les motocyclistes…
Peu d’intérêt à moto
Pourtant, pour nous motards, les conséquences risquent de porter plus préjudice que réparation… « Nous n’aurons plus besoin d’installer des glissières de sécurité, dont la fonction initiale était d’éviter que les autos ne s’encastrent dans les obstacles fixes latéraux », poursuit Monsieur Luminet. Le CG 03 est heureux : le Systeject coûte 100 € l’unité, tandis que 60 mètres de glissière, c’est 2000 €… Économies !
Les motocyclistes, en revanche, risquent l’effet guillotine en cas de glissade. « Le panneau ne se brisera pas avec le seul poids du motard, avoue Jean-Paul Luminet. Mais la probabilité de heurter un panneau isolé sera plus faible que celle d’un choc contre les multiples supports de glissière. »
Panneaux de petite taille
Dans les années 90, la FFMC a obtenu que les supports des glissières de sécurité soient protégés par un « carénage » latéral, les fameuses lisses basses. Cette obligation concerne les virages dont le rayon est inférieur à 400 mètres. Le Systeject n’enchante guère les usagers casqués regroupés au sein de la FFMC. « S’il est indéniable que le remplacement de 20 mètres de glissières par un seul mat de panneau réduit le nombre d’obstacles latéraux, l’intérêt du système pour les motards reste très limité », commente l’antenne du Puy-de-Dôme de la FFMC.
« Le fusible est "calibré" pour sauter suite au choc d’une automobile, pas d’un corps humain. Ces panneaux sont implantés sur des sections rectilignes de chaussée ; or notre préoccupation principale reste l’éradication des obstacles dans les virages, là où les risques de chute sont plus élevés. Toutefois, nous sommes sensibles aux efforts entrepris par le CG 03 pour réduire la dangerosité des obstacles latéraux. Bien que tardive, cette prise de conscience est à saluer. Nous serions donc favorables à ce que soient généralisés les supports fusibles pour les panneaux de petite taille (îlots centraux, signalisation simple…). »
À bon entendeur, salut !