Essai

Boudin de 240 mm, jante avant de 21’ à pneu fin, longueur approchant les 2,50 m pour un poids dépassant les 320 kg… Les mensurations de la Breakout en imposent à quiconque s’en approche.

Sa ligne décalée, mélange surprenant de dragster type muscle bike à l’arrière et de chopper rétro plus classique à l’avant, s’inspire de sa grande soeur, la luxueuse et dispendieuse Breakout CVO sortie l’an dernier.

Pour la rendre plus accessible et rogner le tarif de près de 8.000 €, les accessoiristes de Milwaukee ont remisé quelques chromes : les jantes « turbine », le bac à huile, les silencieux et les commandes avancées sont désormais passés au noir. Exit, également, la peinture métallisée et la selle imitation peau de serpent, tout comme la magnifique prise d’air siglée Screaming Eagle. Le guidon est remplacé par un élément long et droit.

Sobriété

Les 1.802 cm3 du bicylindre en V Twin-Cam 110B sont ramenés aux 1.690 cm3 du 103B, moins coupleux (13,2 m.kg contre 15,3 m.kg). Ainsi « simplifiée », la Breakout n’en est pas moins agréable à détailler et ajoute une note de sobriété à la gamme.

Mais elle reste particulière à chevaucher. Peu élevée (660 mm), l’assise inclinée vers l’arrière impose aux moins de 1,75 m de se faire pousser bras et jambes pour accéder aux commandes. Le centre de gravité bas et la finesse du train avant aidant, l’ensemble reste « relativement » maniable à basse vitesse (pour la catégorie, s’entend).

Séances de gym

Lancé sur départementale, ce Softail musclé s’avère pourtant pénalisé – on s’y attendait un peu – par une garde au sol ridicule : un simple évitement en ligne droite suffit à faire frotter les commandes volontairement rabaissées. Dommage, car le châssis rigide se montre étonnamment précis à l’usage. Le train avant offre une excellente stabilité et le pneu arrière au profil ultra-large accepterait la cadence d’une conduite enroulée-rapide. Frustrant.

Équipée d’un ABS (non déconnectable), l’Américaine est aussi délicate à stopper. Le simple disque avant exige de la poigne. Et si l’arrière se montre heureusement très efficace, aller attraper la pédale demande quelques torsions de hanche. Une douleur qui s’ajoute à celle transmise par les suspensions, très fermes, qui retranscrivent fidèlement chaque déformation de la route dans le dos du conducteur. Fatigant pour les moins grands…

Usine à sensations

On se rattrape donc sur les sorties de courbes et les belles lignes droites où le fameux bicylindre double arbre calé à 45° au couple quasi instantané (3.000 tr/min) distille sa musique rauque. Le moteur 103B de la Breakout dite « de base » n’a finalement pas grand-chose à envier au 110B de sa grande sœur. Une usine à sensations qu’on ne se lasse jamais d’écouter et de solliciter, la mécanique reprenant sous les 2.000 tours dans un long souffle maîtrisé. Commandée par un sélecteur à une seule branche et un levier d’embrayage très dur à manier, la boîte de vitesses est toujours aussi lente mais reste précise.

Sur autoroute, calé sur le 6e rapport overdrive, l’équipage peut croiser à très bon rythme sans faiblir, et sans jamais craindre les montées ! C’est le pilote, fatigué par la prise au vent générée par la position de conduite, qui abdique et se met en quête d’une terrasse de café, histoire de se reposer et… d’exposer sa belle monture.

Verdict

Rendre un modèle un peu plus intéressant financièrement en éliminant le superflu est une bonne démarche de la part de Harley. Reste qu’à plus de 20.000 €, cette Breakout au légendaire bicylindre en V n’est toujours pas donnée. Réservée aux personnes de grande taille et limitée par sa trop faible garde au sol, même en usage balade, elle peut être une moto coup de cœur mais certainement pas un choix de raison.

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