Départementales sublimes

Dès potron-minet, en route vers les gorges du Pont-du-Diable, puis vers Machilly par la minuscule D 20. Après Annemasse, nous prenons de l’altitude pour rejoindre le Salève, où un panorama inoubliable à plus de 180 ° embrasse le lac Léman jusqu’au massif du Mont-Blanc. Déjeuner au soleil. Le groupe qui ne s’est constitué qu’hier soir se détend déjà, les plaisanteries fusent...

Le roadbook de Benoît nous emmène sur les hauteurs d’Annecy par quelques départementales sublimes pour atteindre le Crêt de Châtillon, au sommet de la montagne du Semnoz. C’est à cet endroit précis que nous sommes attaqués par des escadrilles de mouches ! Une agression qui écourte quelque peu la « halte-panorama » sur le lac et les alentours. Qu’importe, l’itinéraire nous en réservera bien d’autres. Avant de reprendre la route de Morzine, descente via Leschaux et Saint-Jorioz par une route aussi minuscule que jolie.
À Faverges, direction Thônes puis St-Jean-de-Sixt avant de franchir le magnifique col de la Colombière. Après Le Reposoir, la petite route de droite offre, en fin de journée, une descente magique vers Cluses. La lumière, la route, les odeurs... La moto quoi ! Je n’insiste pas sur la qualité des libations qui clôturèrent la journée... Et le réveil pénible qui s’ensuivit.

Prises d’angle

Quoi qu’il en soit, le départ vers la Suisse s’effectue à l’heure. La D 22 nous mène à Morgins, la première ville helvète. Les plus gloutons se précipitent sur les chocolats et les plus curieux vers le carillon argenté de l’église de la Paix. Petite mise en jambes question prise d’angle jusque Monthey. Une poignée de motards anglais très incisifs se la jouent course de côte en essayant quelques manœuvres d’intimidation. La tentation est grande pour certains de répliquer à la provocation.

Les choses sérieuses commencent vraiment après Villars-sur-Ollon, où la petite route serpente vers le col de la Croix avant d’atteindre la célèbre station des Diablerets. Accélérer, freiner, rentrer une vitesse ou deux, poser la machine sur l’angle pour accélérer de nouveau jusqu’à la prochaine épingle. Le ballet bien rodé est désormais en place. Les machines roulent pile au rythme qui donne du plaisir et qui laisse à voir...
Tout va bien. Au col du Pillon, nous virons à gauche pour emprunter l’étroite route goudronnée qui mène au lac Retaud. Nous sommes à 1 685 m, dans une cuvette dont les rebords offrent un panorama impressionnant sur les sommets alentours. C’est là, sur la petite terrasse en bois d’un restaurant, que nous dégustons nos premiers röstis et autres croûtes au fromage.
Puis c’est la longue descente vers Gstaad. Hormis quelques travaux, la portion est agréable, plutôt « roulante-rapide », mais toujours sertie dans un décor somptueux.

Chacun son sport

La station huppée prisée par la jet-set est essentiellement composée d’hôtels de luxe et de chalets chicos. Elle abrite l’une des résidences de notre rocker national, qui, rappelons-le, caresse l’espoir de devenir suisse ! On rejoint la vallée pour emprunter la route 11 qui mène à Spiez, au bord de la Thuner See (lac de Thoune). Malédiction, nous nous retrouvons un court instant sur l’autoroute, qu’il est difficile d’éviter à cet endroit. Nous en sortons bien vite pour admirer le château qui domine le lac. Cet édifice, dont l’histoire mouvementée remonte au XIIIe siècle, est depuis 1929 propriété de l’état et abrite un musée historique.

Pendant une vingtaine de kilomètres, nous longeons l’étendue d’eau avant d’arriver à Interlaken, célèbre lieu de villégiature coincé entre la Bienzer See et la Thuner See. Au sud, on aperçoit la Jungfrau (glacier qui culmine à 4 158 m), dont le massif est classé au patrimoine mondial de l’Unesco. On a déjà vu plus pénible comme environnement !
Les plus braves décident de prendre la route pour Grindelwald, tandis que les autres s’avachissent courageusement sur la terrasse d’un hôtel d’Iselwald.

Nichée dans une vallée verdoyante et entourée d’imposants sommets tels l’Eiger et le Wetterhorn, Grindelwald est l’une des destinations touristiques les plus courues de Suisse. De là partent quelque 300 km de chemins de randonnée. Celui qui mène au refuge Berghotel Faulhorn est l’un des plus beaux itinéraires de l’Oberland bernois.

De retour sur la terrasse qui surplombe le lac de Brienzer, les membres de l’expédition, forts de leur échappée culturelle, se gaussent des alanguis somnolant devant leur jus de houblon. Le dernier dîner que je partage avec le groupe sera agrémenté d’un débat de haute volée sur les mérites respectifs de la gastronomie suisse romande et alémanique. Je vous invite à découvrir vous-même les conclusions du colloque en allant user vos pneus sur le goudron helvétique.

Au matin, mes camarades partent vers d’autres décors et les lacs d’Italie du nord. Quant à moi, je savoure chaque kilomètre du retour pour retarder au maximum le moment où je laisserai les Alpes derrière moi.
Allez, un petit café au bord du lac Léman pour profiter une dernière fois du spectacle en technicolor... et, à Annemasse, embarquement sur l’autoroute. Après Bourg-en-Bresse, les montagnes ont disparu, mais la GS est heureuse, elle a plein d’insectes sur son radiateur d’huile...

Publicité

Commentaire (1)

Infos en plus