Motomag.com l’expliquait le 4 avril : le ministre de l’Intérieur a donné comme consigne aux préfets d’augmenter le nombre de contrôles routiers, et notamment de cibler les motards. Cela se traduit sur le terrain…

Le matin du 7 avril, rendez-vous était donné Porte de Vincennes dans le 12e arrondissement de Paris, pour une opération de « contrôles pédagogiques » menée par la préfecture de police de Paris. Au niveau de la grande place, en surplomb du périphérique parisien, une bonne vingtaine de motards de la police sont là.

Ont également fait le déplacement : Emmanuel Barbe, le délégué interministériel à la Sécurité routière et Pascal Dunikowski, chargé de mission deux-roues motorisé, son conseiller. L’accueil est tout sourire et chacun argue de sa propre pratique du deux-roues pour couper court à toute suspicion de motophobie. M. Barbe roule en scooter 650 Burgman, M. Dunikowski en moto Honda DN-01. Le premier nous indique immédiatement : « c’est justement parce que j’aime les motards que je les préfère vivants ».

Question sur le contrôle technique
Cette opération visant à s’assurer de la conformité des deux-roues, notamment sur la question du bruit à l’échappement, nous ne pouvions louper l’occasion d’interroger Emmanuel Barbe sur le projet de contrôle technique, à 10 jours des manifestations de la FFMC.

Alors que la mobilisation promet d’être massive, l’homme reste sur ses positions : « Si nous n’avions que des motards responsables comme le sont ceux de la FFMC, nous n’aurions pas besoin de contrôle technique. Malheureusement des opérations comme celles d’aujourd’hui nous prouvent que les motards peuvent rouler avec des pneus lisses, un feu stop défectueux, sans clignotants ou sans rétroviseurs.

Ils se mettent alors en danger. Pourtant ils sont souvent de bonne foi et nous indiquent avoir acheté la moto en l’état sans savoir qu’elle ne respectait pas la réglementation. C’est pour cela que nous pensons qu’un contrôle technique à la revente d’une moto d’occasion sera bénéfique en termes de sécurité ».

Un point de vue démenti par le rapport MAIDS qui indique que l’état du véhicule n’est responsable que de 0,3 % de l’accidentalité des usagers de 2RM. Un chiffre que conteste M. Barbe : « Ces statistiques ne prennent pas en compte l’ensemble des accidents. Si l’on considère également les sinistres sans décès, le taux d’accident dû à une défaillance mécanique monte à 5 %. Nous allons donc cibler l’intégralité du parc deux-roues. Le véhicule devra être analysé par un tiers neutre avant d’être vendu en seconde main ».

Pascal Dunikowski poursuit, inversant au passage l’ordre des événements : « Le Premier ministre a annoncé son souhait d’imposer le contrôle technique. Nous n’allons pas nous opposer à sa volonté ». En réalité, c’est Emmanuel Barbe qui a conseillé à Manuel Valls d’instaurer le contrôle technique…

Gilet jaune
Cette matinée de « contrôle pédagogique » se concentrait également sur la présence du fameux gilet jaune que chaque utilisateur de deux-roues doit désormais avoir avec lui (sous la selle, dans le top-case ou le sac à dos). Son absence est sanctionnée par une amende de 135 € (minorée à 90 €).

Ce matin les forces de police ne verbalisaient pas cette infraction, plutôt fréquente : « Nous constatons que l’information n’est pas encore bien passée, explique un fonctionnaire. Pour l’instant nous préférons distribuer des gilets aux contrevenants afin de les sensibiliser ». Franck, arrêté sur son X11, avec gilet jaune sous la selle mais plaque d’immatriculation trop inclinée, indique : « Je comprends bien que le gilet jaune puisse être utile en cas de pépin. Toutefois si je suis accidenté, je ne suis pas certain de pouvoir me relever pour l’enfiler ».

Des policiers du côté de la FFMC…
Au cours de cette matinée du 7 avril, nous avons également pu mesurer, peut être plus que de coutume, à quel point les motards de la police sont aussi des motards passionnés. Sans aller jusqu’à contester frontalement les volontés politiques en matière de contrôle technique ou de restrictions de circulation à Paris, certains nous ont fait part de leurs doutes en la matière. Jusqu’à nous confier qu’ils se joindront probablement au cortège du 17 avril, sous réserve qu’ils ne soient pas mobilisés ce jour-là.

Bilan : 83 contrôles et 25 PV
Cette matinée pédagogique avec ses 83 contrôles de 2 et 3-roues, s’est soldée par un certain nombre de contraventions : 5 pour échappement non homologué, 5 pour bruit excessif, 6 pour des plaques aux dimensions ou à la typographie non conformes, 9 pour feu stop ou clignotant défectueux. Chacun jugera de l’importance de ces défaillances…

La sous-direction régionale de la circulation et de la sécurité routières indique : « Nous avons globalement toujours le même pourcentage de clients lors d’opérations de contrôles de ce type. C’est une attitude qui se rapproche de celle des automobilistes quand le port de la ceinture est devenu obligatoire. Les usagers ne sont pas des délinquants mais revendiquent leur droit à la liberté individuelle ».

Le bruit, nuisance ou élément de sécurité routière ?
Ce que confirment les commentaires postés sur notre page Facebook au sujet du bruit à l’échappement. Certains lecteurs pensent qu’un échappement sonore les préservera d’un accident en leur permettant d’être entendus des automobilistes, d’autres indiquent : « Je fais attention à ne pas faire trop de bruit parce que je n’existe pas à travers la gêne que je génère », ou encore : « Si nous roulons à fond la caisse en faisant un max de bruit pensez-vous que notre petit jeu va durer encore longtemps ? »

Un débat qui risque grossir encore avec l’arrivée du contrôle technique. À moins que la mobilisation du 17 avril avec la FFMC ne vienne mettre un terme au projet de contrôle technique lui-même. Pour cela, il faudra être nombreux.

Mobilisez-vous contre le contrôle technique en rejoignant l’une des 50 manifestations organisées par la FFMC les 16 & 17 avril prochains !

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