Paradoxe des concentr’ hivernales, le redoux est redouté et s’il ne fait pas assez froid, les acharnés renoncent. En effet, quel intérêt de camper par une température décente et de pouvoir rouler sans chaîne jusqu’à l’arrivée ? C’est ce qui s’est produit cette année à l’Elefantentreffen, à Thurmannsbang, à l’est de Munich, l’année la plus « chaude » en plus de dix ans.

Bonne humeur
Heureusement, si la jolie poudreuse a cédé la place à la boue peu après le début des festivités, cela n’a pas entamé le moral et la bonne humeur des participants. Environ 3.500 campeurs et plus de 1.000 visiteurs journaliers préférant le confort d’un hôtel des environs étaient réunis pour ce 57e rallye des Eléphants, qui était aussi le 25e organisé sur ce site par l’association BVDM. 

Pour tous les goûts
L’été, c’est une piste de stock-car, l’hiver des amateurs de moto un peu particuliers occupent les lieux, à grands renforts de bottes de paille et d’astuces de haute technologie : chaînes ou cordes autour des pneus, skis montés sur le sabot moteur ou les pare-cylindres, bidons découpés en guise de déflecteurs, side-cars de tous poils, trikes à l’homologation douteuse, mais aussi remorques à base de baignoire ou de tonneau coupé, Vespa et Mobylette (aux étonnantes capacités de franchissement quand même les enduros sont embourbées), de la BM dernier cri à l’Oural, de la Harley à l’Hayabusa, il y en a pour tous les goûts !

Sur les pentes engadouillées, les tentes sont montées de guingois, des foyers de fortune servent de chauffage et de cuisine, et entre deux gerbes de boue d’une moto tentant de grimper là où on renonce à pied, on traverse soudain une gerbe incongrue de plumes blanches, celle d’une poule préparée pour le dîner. Un peu plus civilisées sont les cahutes proposant hot-dogs, soupes consistantes, burgers d’éléphant, de délicieuses et réconfortantes pintes de vin chaud, sans oublier la bière, la bière, la bière qui coule à flot.

À la lueur des torches
Mais ce qui fait vraiment le charme de l’endroit, car oui, il y a vraiment une atmosphère particulière et intéressante, ce ne sont ni les véhicules ni la gastronomie, ni les montagnes saupoudrées dans le lointain, mais bien les participants. Les cuirs recouverts de badges, les chapeaux exotiques, les déguisements de viking ou de bisons, les démarches peu assurées (faut dire, le terrain traitre n’aide pas à la dignité), les regards complices… mais aussi les regards graves, lorsque le soir, à la lueur des torches, les noms des copains motards disparus dans l’année sont lus sur un fond de requiem, parmi lesquels celui d’un certain Jean-Claude Olivier.

FEMA
Cette édition du rallye est également exceptionnelle car elle a accueilli l’assemblée générale de la FEMA, la Fédération Européenne des Associations Motardes (dont la FFMC est membre fondateur). L’occasion de souhaiter dans une dizaine de langues la bienvenue aux participants, eux même très internationaux, mais aussi d’aborder avec eux comme avec quelques politiciens locaux les défis de la défense de la moto au niveau européen : contrôle technique, permis de conduire, homologation des véhicules, normes d’infrastructures, mais aussi et surtout le besoin pour les motards de se fédérer pour se défendre ensemble, pour avoir longtemps encore la possibilité de rouler libres… quitte à ce que soit avec une interprétation aussi extrême et assez déjantée que l’Elefantentreffen !

Sur la route du retour, vision incongrue que ces bitzas et autres vespas sur l’autoroute allemande. Elles ont parfois du mal à avancer et plusieurs sont visiblement allées au tas. Faut dire, maintenant, il neige enfin…

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