Prise en main : royale.
Au moment de monter en selle, personne ne se pose trop de question, et il n’est que la Suzuki DRZ pour inviter à une certaine circonspection compte tenu de sa hauteur.
Mais sa selle est si étroite et son poids si contenu (145 kg avec le plein) que même Mathilde, notre conductrice débutante (lire « Aspects Pratiques ») et moi-même (1,65 m) nous accommodons facilement de la gazelle, même de la pointe du pied. Seuls les arrêts en bord de route avec trous et dévers demandent un peu d’attention, tout comme la montée du passager, déstabilisante. En manœuvrant sur le parking ou en montant sur le trottoir devant le resto, on a peu de chance de laisser choir l’un des engins. Tout juste peut-on reprocher un léger embonpoint à la CB 500 qui dépasse les 210 kg.
Une fois en selle, on s’aperçoit du rembourrage « noyaux de pêche » de la DRZ et de l’impossibilité d’emmener un passager sur la Derbi (un strapontin peut remplacer la coque arrière), détails qui ne grèvent en rien l’aisance de ces motos à basse vitesse. Pour se faufiler en ville, le diamètre de braquage important de la Derbi n’aide pas, mais dans l’ensemble toutes les motos libèrent l’esprit à allure lente : des reines pour la ville. Vous pourrez vous engager dans les ruelles d’un village corse sans l’angoisse du demi-tour forcé au pied d’un escalier…
Moteur : adapté à la situation
Sur les machines de 100 ch, il faut sérieusement doser les gaz au sortir d’un virage ou quand la chaussée devient délicate. Avec ces moyennes cylindrées, même si la prudence reste de mise, on peut ouvrir avec plus de sérénité.
Encore une fois, le twin de la Honda et le monocylindre de la Suzuki mettent en confiance car ils ne poussent qu’au fur et à mesure, progressivement. On peut tracer de belles trajectoires mais il n’y a pas de surprise côté mécanique. Seuls reproches, le moteur Honda manque un peu de souplesse à bas régime et la boîte de vitesses à l’étagement rapproché de la Suzuki peut agacer à la longue : à 80 km/h on roule déjà en 6e…
La Kawasaki, elle se montre plus rageuse passée 5 000 tours et ce que le motard averti gagne en plaisir le motard novice doit l’investir en prudence. Soixante-quatorze chevaux, ça cause quand même et ça propulse à des vitesses qu’il faut maîtriser. Et sur une route de montagne, il y a de quoi tenir la dragée haute à des bien plus grosses.
La Derbi mérite aussi le détour avec son mono qui propulse à grands coups de piston. Il cogne tout en bas mais à mi-régime on se prendrait bien à faire glisser l’arrière sur un coup de gaz façon dirt-track. Que du bonheur avec un peu d’expérience, ou quelques chaleurs d’autant que notre machine d’essai, déréglée, envoyait des à-coups que notre jeune essayeuse n’a guère appréciés.
Comportement : rassurante.
« Quand j’ai découvert la fluette DRZ j’ai cru qu’elle s’envolerait une fois lancée sur la route. » Voilà ce que nous confie Mathilde, après coup ! Certes, la Suzuki est haute sur pattes et ce n’est pas un modèle de rigueur dans l’absolu. Mais aux vitesses réglementaires personne ne s’est fait peur et son grand guidon présente l’avantage de corriger instinctivement les écarts de trajectoire.
La Honda est la plus rassurante pour les novices grâce à son confort général, son homogénéité mais aussi par le fait qu’il ne faille pas composer avec de mauvais rétros ou un tableau de bord difficile à décrypter. La sérénité y est plus grande malgré une moindre réactivité à haute vitesse et un freinage assuré par un seul disque à l’avant.
Les plus joueurs lui préféreront, dans un style assez proche, la Kawasaki. Plus vive, mieux servie par un double disque, elle se montre plus ludique dès que le terrain tournicote. Ceux qui ont été conquis par le mono préféreront encore la Derbi, plus légère et dotée d’un freinage sauvage, qui demande un peu de doigté. Autre point délicat sur l’espagnole, sa monte pneumatique qui avoue ses limites sur le mouillé.
Quels que soient les aspirations et le niveau d’expérience de chacun, il faut surtout retenir que ces machines légères à la position de conduite plutôt droite offrent une capacité d’improvisation et une possibilité de rattraper ses erreurs bien plus importantes qu’avec une grosse cylindrée, aussi équilibrée soit-elle, ou qu’avec une sportive imposant une position « limande ».
Verdict
Ce serait enfoncer des portes ouvertes que de replacer ces machines dans leur usage. Chacune y serait la meilleure. Notons simplement que la plus rassurante pour les débutants reste la Honda CB 500 et que la DRZ, grâce à son mono souple et linéaire, ne fait pas peur. Ce supermotard, mené bon train, ravira quand même les sportifs au même titre que la Derbi. Les deux engins pouvant chacun à leur manière apporter une certaine sauvagerie. Ce sont aussi les plus exclusives : duo et longs trajets ne sont pas de leur domaine.
La Kawasaki ER-6n est à la croisée des chemins. Facile, mais plus démonstrative que la Honda, sportive, mais bien plus polyvalente que les deux monocylindres, elle pourra séduire toutes les catégories. Et c’est d’ailleurs ce qu’elle fait si l’on en juge par son succès commercial. La sérénité passe aussi par celle du portefeuille (voir encadrés Révisions et Prix des pièces). Avec ces moyennes cylindrées, le prix d’achat modéré comme le moindre remplacement des consommables (pneus, plaquettes…) donnent les moyens de faire plus de kilomètres. Alors roulons !
Enfin, si ces modèles vous laissent sur votre faim, il vous reste à consulter nos comparatifs dans chaque genre ou vous reporter en fin de dossier. Simple, comme ces motos !
Avec la participation de Mathilde Bardot, Catherine Druelle et Henry Contant.