Ce roadster reprend le quatre-cylindres de la sportive 600 TT et l’esthétique de sa grande sœur Speed Triple à trois cylindres. Lors de la sortie de la TT 600, il y a deux ans, nous avions été déçus par les performances à bas et moyen régime de ce bloc à quatre cylindres. Pour la Speed Four, Triumph a corrigé le tir. Ce moteur a été remanié et dispose de nouveaux arbres à cames, de pistons plus légers ainsi qu’une nouvelle cartographie d’allumage.
Le quatre-cylindres s’avère immédiatement plus plein à mi-régime. Dès 4 000 tr/min, il est possible d’effectuer un dépassement sur le quatrième ou le cinquième rapport. Certes, le gros de la cavalerie débarque aux alentours des 6 000 tr/min. Là, la sonorité du moteur change et le Four lâche un miaulement sauvage par les deux conduits d’admission d’air. À partir de 10 500 tr/min, le bouilleur se déchaîne et l’on retrouve très fidèlement l’âme de la TT 600. Les amateurs de sensations seront comblés par le caractère de pistarde qui s’exprime toujours à hauts régimes. Les accélérations deviennent brutales et propulsent à des vitesses largement prohibées. Dans ces conditions, la boîte de vitesses jusque-là parfaite devient dure à manipuler, d’autant que le levier d’embrayage dispose d’une course très longue. Les rapports, fermement verrouillés, demandent un effort important sur le sélecteur.
Avec une position de conduite identique à celle de la TT, basculée sur les demi-guidons, la Speed Four se conduit exactement comme la sportive. Si cette position augmente la précision de guidage, elle rend aussi l’engin moins ludique. Un guidon plat est disponible en option et devrait rendre la machine plus conviviale. Deuxième point noir, les repose-pied sont haut placés et fatiguent les jambes au bout d’une heure.
Les suspensions surprennent agréablement. Réglées souples, elles assurent à la fois une trajectoire précise et un bon confort, même sur les portions du bitume truffés de trous. Il faut toutefois se méfier des courbes qui se referment, car sous l’action franche du frein avant, la machine se raidit et se redresse. Il faut alors relâcher un peu la pression et la Speed obéit et s’incline. Le frein avant est par ailleurs d’une puissance largement suffisante. Le frein arrière, lui, fait plus office de ralentisseur.