Inutile de dire que la décision d’abaisser la vitesse de 90 à 80 km/h sur le réseau secondaire - annoncée par le Premier ministre Édouard Philippe à l’issue du CISR (Comité interministériel de la sécurité routière) du 9 janvier - ne passe pas pour les manifestants présents sur l’esplanade du château de Vincennes, ce samedi 3 février.
Radar géant
Comme dans de nombreuses villes en France, les motards se sont mobilisés en force pour dénoncer cette mesure qu’ils jugent « ridicule ».
Sur l’esplanade du château de Vincennes, le parking est bien rempli malgré une pluie incessante qui accompagnera les motards toute la journée. Ils sont près de 4000 à avoir fait le déplacement, épaulés par 200 automobilistes. La Fédération française des motards en colère de Paris petite couronne (FFMC PPC), organisatrice de cette manifestation a bien fait les choses en fabriquant un radar automatique de près de 3 mètres de haut avec de gros autocollants « 80 km/h : stop au racket ».
L’union fait la force
Derrière les motards, emmenés par la FFMC PPC ainsi que les autres antennes FFMC d’Ile-de-France (77, 78, 91, 95), sont également présentes la Fédération des Bikers de France (FBF), 40 Millions d’Automobilistes, la Fédération Française des Automobilistes Citoyens, l’Udelcim et Valve.
Pour une autre sécurité routière
Si tous les manifestants étaient venus pour dénoncer le passage en force des 80 km/h sur les routes, les revendications vont beaucoup plus loin. « Bien sûr, la raison du rassemblement est de dénoncer la baisse à 80 km/h sur les routes - explique Jean-Marc Belotti, coordinateur de la FFMC PPC. C’est une mesure ridicule, mais ce que nous dénonçons aujourd’hui c’est la gestion de la sécurité routière dans son ensemble. Nous pensions qu’avec un nouveau gouvernement composé de gens jeunes, issus de la société civile, la manière d’aborder les questions de sécurité routière évoluerait. Eh bien non, on s’aperçoit que ce sont toujours les mêmes recettes : répression, répression, toujours plus de répression. Rien n’est fait pour l’éducation à la sécurité routière, dès la plus tendre enfance et tout au long de la vie, alors que chaque année, plus de 600 jeunes, entre 18 et 25 ans, meurent sur les routes. Rien n’est fait non plus en matière d’infrastructures routières dangereuses, qui sont pourtant à l’origine de plus de 800 morts par an. Quand est-ce qu’un gouvernement va mettre en place une véritable sécurité routière pour les usagers de la route et pas contre eux ? »
Mobilisation historique
Aux côtés des motards en colère, l’association 40 millions d’automobilistes était également présente. « Ils sont forts ces motards quand même, souligne avec un grand sourire Pierre Chasseray, délégué général de 40 millions d’automobilistes. C’est un vrai bonheur d’être à leurs côtés aujourd’hui, c’est historique, et c’est la première fois que nous faisons un truc aussi fort ensemble. Le message est clair, les Français ne veulent pas de cette baisse de vitesse. Elle n’a pas d’intérêt en termes de sécurité routière ».
Cortège sous surveillance
Vers 15h, le cortège se met en mouvement, direction la capitale. À souligner - et c’est une première depuis les manifestations de motards organisées au début des années 80 - des minibus de CRS sont présents en nombre. Ils vont encadrer de près la manifestation du jour avec sept minibus en tête de la manifestation et six qui ferment le cortège.
La longueur de la manifestation est impressionnante, plusieurs arrêts sont nécessaires sur le périphérique pour permettre le regroupement des manifestants. Arrivés à la sortie, porte de Châtillon, les motards tentent une action avant de quitter le périphérique en tendant une chaine, avec des pneus, pour entraver la circulation. L’action est avortée par l’intervention rapide et en masse des CRS.
Le radar, gardez le
Le cortège se remet en route jusqu’au pont Iéna, juste au pied de la tour Eiffel.
Jean-Marc Belotti prend la parole une dernière fois pour annoncer la dispersion de la manifestation, mais aussi l’abandon sur place du radar « maison ». « C’est leur radar, on leur laisse ! ».
Avant de partir, le service d’ordre de la FFMC prend le temps d’enduire de graisse le radar pour qu’il ne puisse pas être déplacé. Deux voitures de police seront nécessaires pour le protéger une fois la circulation rétablie avant l’intervention des services de la DDE dans la soirée pour l’enlever.
Cette manifestation était le signe d’un « ras-le-bol général, et cela ne va pas s’arrêter là ! », promet Jean-Marc.