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Mexique : la moto au service de la démocratie
jeudi 26 janvier 2006
Vous pouvez retrouver un complément de cet article dans Moto Magazine n°224, février 2006, en kiosque... dès aujourd’hui, jeudi 26 janvier !
- Le sous-commandant Marcos sur son XT 125 K. Un choix de véhicule atypique pour effectuer une campagne électorale. Pour l’anécdote, la moto est immatriculée EZLN... évidemment !
On était habitué à le voir coiffé d’une cagoule, le voilà maintenant avec un casque ! Le sous-commandant Marcos a quitté la forêt du Chiapas à moto. Il y était retranché depuis quelques années. Il a entamé, le 1er janvier 2006, une tournée à travers le Mexique. Le but est, selon lui, de créer « un front politique alternatif national », un mouvement civil et politique. Cette tournée, il l’a appelée « l’Autre Campagne » pour se démarquer des partis traditionnels. Elle devrait durer six mois, jusqu’en juillet où auront lieu les élections au Mexique.
Marcos a donc choisi la moto pour effectuer le tour des 32 États qui composent son pays. Un moyen de transport qui lui permet d’atteindre les endroits les plus inaccessibles. Il peut ainsi se rapprocher des populations les plus éloignées et démunies, trop souvent négligées par les pouvoirs en place. Le choix de ce véhicule a aussi sans doute pour but de créer un fort contraste entre l’Autre Campagne et les autres formations politique. Ces dernières, de leur côté, organisent des campagnes beaucoup plus conventionnelles.
C’est la trêve décrétée entre l’EZLN (Armée zapatiste de libération nationale) et le gouvernement mexicain actuel qui permet au sous-commandant de se déplacer, avec le risque moindre de se faire abattre par ses opposants. Ce risque était une des raisons pour lesquelles il n’était pas sorti du maquis depuis des mois.
Chef charismatique et promoteur d’un nouveau style d’action politique (« commander en obéissant »), le sous-commandant Marcos se révèle être un « révolutionnaire pacifiste ». Il a désormais choisi de manier les mots plutôt que les armes. Ceci afin de continuer à se battre pour ceux qu’il défend depuis le début de son action, les Amérindiens et les pauvres.
C’est le second « Marcos tour » depuis douze ans que dure la rébellion zapatiste de l’EZLN. Le premier s’était déroulé en 2001 et avait été soutenu par nombre de personnalités internationales. José Saramago (prix Nobel), Oliver Stone (cinéaste), José Bové (syndicaliste), Robert Redford (acteur), Sami Naïr (député européen), Mme Danielle Mitterrand et d’autres encore faisaient partie des appuis sur lesquels il avait pu compter à l’époque.
Cependant, son 125 XT pourrait bien servir à Marcos pour se dérober à un accueil musclé. Il a été reçu samedi 9 janvier dernier, lors de sa troisième étape, à Palenque (Chiapas), par des éleveurs armés de fusils et de « calibres 38 ». Cet accueil avait été organisé par Raul, un Indien Chol, chef d’exploitation dans une ferme (Libération du 9/01/06).
Il a beau effectuer son périple à moto, Marcos ne rassemble pas forcément tous les suffrages, même chez ceux qu’il prétend défendre !
G.A.
Voir en ligne : Plus de détails sur « l’Autre Campagne »