En images

Arnaud est un motard passionné. En 1987, il subit un grave accident de la route. Percuté par une voiture en rentrant du travail, il subit une amputation de la jambe gauche. Pas question pourtant de laisser filer son rêve mécanique. « Je suis remonté sur une moto deux ans plus tard, ce qui à l’époque paraissait improbable. Pour être honnête, je ne pensais qu’à cela, mais ma famille, notamment ma mère, était terrifiée à l’idée de me voir de nouveau derrière un guidon. »

Après avoir retrouvé les sensations de la route sur de nombreux side-cars pendant plus de 20 ans, le pilote estropié, accompagné par son ami Benjamin Saglio (lui aussi amputé de la jambe gauche), décide de reprendre la compétition sur deux roues. Néanmoins, un obstacle administratif se dresse sur leur chemin.

L’obtention d’une licence compétition
« Il y a dix ans, c’était le parcours du combattant pour obtenir une licence en compétition. Mais avec l’arrivée de Jacques Bolle (président de la FFM NDLR), cela a évolué. La FFM a accepté de nous fournir les papiers sous certaines conditions : pouvoir faire un départ arrêté, se relever soi-même et sa machine sans assistance en cas de chute, et recommencer la course petit à petit ». Armés de leur licence non restrictive en 2012, les deux hommes ont pu concourir pour la première fois avec des personnes valides en 2013 lors des 23h60 du Mans, une épreuve d’endurance sur petites cylindrées. « En nous voyant arriver, les pilotes ont été à la fois interloqués, admiratifs, voire protectionnistes avec nous. Ils faisaient attention en nous doublant. Mais très vite, on est devenu des pilotes à part entière et plus personne ne se faisait de cadeaux sur la piste. »


Un bricolage maison
Si aujourd’hui certains pilotes handicapés rivalisent avec les valides, c’est notamment grâce aux technologies utilisées sur les motos. « Nous avons aménagé une commande de passage de vitesse électronique directement au commodo du guidon. Quant à ma jambe, elle était harnachée à la moto ce qui m’empêchait de me mouvoir correctement. Un problème qui a été résolu par mon ami Jean-Hubert qui a créé, pour nous, une prothèse couplée à une rotule avec laquelle le déhanchement est possible. Une petite invention qui m’a permis de poser le genou dès le dixième tour d’essai ! »

Le MRH45
Avec leur arrivée en compétition, Arnaud et Benjamin ont fondé le Moto Racing Handicap 45 (MRH45). Un team associatif dont tous les pilotes titulaires sont handicapés. Les deux compères ont décidé de lancer leur team dans l’endurance et cela a payé ! Dernier des 23h60 du Mans en 2013, ils se sont classés 5e cette année. « Maintenant, on aimerait s’attaquer à de plus grosses courses comme les 12 h de Magny-cours, mais l’on commence à se faire vieux et nous n’avons pas forcément le niveau pour cette catégorie. C’est pour ça que le MRH45 aspire maintenant à amener de jeunes talents dans ces compétitions. D’année en année, nous avons acquis les infrastructures nécessaires pour les accueillir, nous pouvons fournir motos et prothèses (entre 5000 et 10 000 € l’unité NDLR) aux jeunes. Maintenant, le souci n’est pas de les convaincre de remonter sur une moto, mais de persuader la maman qui est souvent très réticente à l’idée de voir son gamin sur un deux roues. Mais je reste optimiste quant à l’avenir du sport moto pour les personnes en situation de handicap ».

Qui sait, voir un pilote handicapé s’élever en haut niveau dans un avenir proche n’est peut-être pas si illusoire après tout.

Publicité

Commentaire (0)