Première étape pour les manifestants, l’Hôtel de Ville, sous les fenêtres duquel ils se sont massés. En effet, la FFMC déplore que « depuis 2001, la Mairie de Paris [fasse] de vaines promesses ». Pour les motards en colère, « l’heure des bilans approche ». Les motards « se lassent de ne voir que des mots ; ils se lassent des doubles langages et des propos démagos ».

Les manifestants se sont vus stoppés juste avant la préfecture de police par les CRS. Qu’à cela ne tienne, ces derniers ont assisté à l’incinération de - faux - PV.

Ce sont tout d’abord les promesses non tenues de Denis Baupin, adjoint Vert chargé des transports, qui chiffonnent la FFMC. Il assurait que le PDP (Plan de déplacement parisien) prendrait en compte les deux-roues motorisés (2RM). Le projet ne les mentionne même pas.
Les opérations Motards d’un jour, censées sensibiliser à la création d’infrastructures urbaines adaptées aux 2RM, sont ensuite décriées. La FFMC les considère comme de simples opérations de communication, qui ne sont pas suivies des mesures d’aménagements adéquats. La Mairie « crée des infrastructures comme le Boulevard Magenta, sur lequel pas un seul emplacement de stationnement n’est prévu, dont les voies rétrécies ne permettent plus de rouler en sécurité ».
La Charte du deux-roues motorisé en ville, entamée en 2004 et sur laquelle la Mairie souhaitait travailler, n’est toujours pas signée. Le texte est pourtant arrêté depuis plus d’un an.
Enfin, la FFMC regrette que la Mairie de Paris, qui « nie toute implication dans la répression des deux-roues motorisés, refuse toutes les solutions qui sont proposées, celles-ci étant pourtant simples, peu onéreuses et pragmatiques ». La « fédé » propose par exemple de procéder comme à Barcelone, où des places sont matérialisées à l’aide de peinture sur les larges trottoirs qui le permettent.

100.000 places manquent...

Le cortège s’est ensuite dirigé vers la préfecture de police, la principale instance à l’origine de l’accroissement de la verbalisation. Les motards se sont retrouvés bloqués à l’entrée de l’Ile-de-la-Cité par un cordon de CRS. C’est devant cette barrière de policiers, non loin de la préfecture, que les motards en colère ont brûlé trois poubelles remplies de faux PV déposés par les manifestants.

Une photo prise il y a un an environ. Les enlèvements commençaient à se généraliser, ils deviennent monnaie courante. Ne se faisant pas toujours avec le plus grand soin, les propriétaires sont de plus en plus nombreux à constater des dégâts sur leur deux-roues.

Pour la FFMC, la verbalisation excessive des 2RM « est d’autant plus honteuse qu’elle se fait sans aucun discernement ». Et elle déplore que de plus en plus de véhicules mis en fourrière soient endommagés lors de l’enlèvement.

... et la tolérance n’existe plus

Encore une fois, le manque de cohérence entre les règles établies par le Code de la route et la réalité du terrain agace. Le Code interdit le stationnement sur les trottoirs, certes. Mais la verbalisation se fait sans aucun discernement. « Tous les deux-roues sont systématiquement verbalisés, même s’ils ne sont pas gênants : ça encourage les mauvais comportements », souligne Fabrice Vidal, coordinateur de la FFMC-PPC. Un état de fait d’autant plus déplorable que la préfecture avait officialisé une tolérance en 1994. Mais un certain Nicolas Sarkozy a fait de la « tolérance zéro » l’un de ses chevaux de bataille favoris. Il n’est donc pas étonnant que les fonctionnaires qui se trouvent sous l’autorité du ministre de l’Intérieur l’appliquent à la lettre.

Pourtant, la tolérance « aurait d’une part un effet pédagogique indéniable et est d’autre part indispensable compte tenu du manque criant de places », soutient Fabrice Vidal. La tolérance passerait par le simple discernement entre les véhicules gênants et ceux dont les propriétaires sont conscients de ce qu’est l’espace public.

À Paris, il manque tout bonnement plus de 100.000 places pour garer les deux-roues motorisés en toute légalité. Et tous les propriétaires de ceux-ci ne sont pas des sagouins égoïstes qui ne pensent jamais à leurs prochains. Rappelons qu’un motard, dès qu’il est descendu de sa machine, devient un piéton comme un autre. Donc tout aussi susceptible d’être gêné par un « collègue » mal garé...

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